C'était le dernier dimanche avant la rentée. Un dimanche où tout un chacun cherchait à profiter au maximum de ce dernier jour des vacances d'été. Un dimanche qu'ils ne seront pas prêts d'oublier aussi vite. On est le 31 août 2014, c'est la fin des grandes vacances. La plupart des festivaliers font leurs adieux à la plage et aux longues siestes. Le lendemain, lundi signifie pour eux le retour de la double séance. Chacun presse le pas et se prépare autant qu'il peut à la rentrée. Quand soudain, en fin d'après-midi, toute la Tunisie sombre dans l'obscurité. Un blackout total balance les 11 millions d'habitant dans le noir absolu. Après l'hébètement, place aux canulars qui rajoutent à cette ambiance lugubre digne d'un film de suspens versant dans l'humour noir. Haute tension Sur les réseaux sociaux, les troubadours des temps modernes s'en donnaient à cœur joie. On se plait à lancer des anecdotes, à s'informer et à tisser des épopées où le ton est d'un pessimisme désespérant. Pour arranger les choses, la Tunisie est dépourvue d'électricité, graduellement, ville par ville. La nuit ne tarde pas à pointer son nez. Panique à bord. Le silence qui entoure cette coupure générale d'électricité alimente toutes les rumeurs et crée une ambiance lourdement tendue. Coup d'Etat ? Invasion des terroristes embusqués dans les montagnes en l'attente d'un ordre ? Grève des agents de la STEG ? Les explications et les arguments lancés sur les réseaux sociaux commençaient à donner le tournis. Ce qui est sûr c'est que les deux mots d'ordre de ces deux heures et demie d'obscurité étaient : une panique totale et un zeste d'humour à la tunisienne. En ce dernier jour d'août 2014, la Tunisie a connu son second blackout général. Le premier, rappelons-nous a eu lieu en 2002 et a duré plus de quatre heures. Mal lunés, les fanatiques du football on été privés de suivre la finale de la coupe du monde. Pour cette fois-ci, l'effet boule de neige des coupures d'électricité centrale par centrale survient dans un contexte tout à fait autre. Au cœur de la campagne électorale, une certaine ambiance tendue règne. Les appréhensions et les menaces qui pèsent sur la Tunisie font chavirer les citoyens dans des moments de plus en plus électrisants. Les médias et les politiques ne cessent de parler de menaces terroristes qui devraient survenir d'ici le 11 septembre dans le but de faire capoter les élections. Quand la veille de la rentrée, à J-1 du mois tant appréhendé, une coupure généralisée de courant survient, les Tunisiens sombrent dans l'obscurité et dans la panique. Fort heureusement, la panne n'a duré que deux heures et demie, plus dans plusieurs régions. Cependant, ces deux heures et demie ont paru s'éterniser... Et la lumière fut ! Quelques temps après, le PDG de la STEG, M. Rachid Dali a fait des déclarations officielles pour expliquer aux Tunisiens la vraie source de la panne générale. Certains ont été rassurés. D'autres, nullement pas, parlant d'une énième supercherie «qu'on veut encore faire gober au peuple». De son côté, en l'absence d'une conférence de presse et d'une information plus détaillée sur le phénomène, Le Temps a contacté le Président Directeur Général de la STEG et le bureau Presse. Selon les premières explications, une coupure dans un câble de haute tension (225 kilos volts) dans la région du Sahel (Sousse) a provoqué ce blackout. La coupure du câble aurait provoqué un court circuit au niveau des isolants électriques ce qui aurait engendré automatiquement un arrêt instantané de la centrale de production d'électricité de Sousse. «Techniquement parlant, nous expliqua le responsable de presse de la STEG, quand cela se produit, toutes les autres centrales cessent automatiquement de fonctionner.». Il a, par la suite, démenti l'information qui disait que cela était dû à un pic d'utilisation de l'électricité, rappelant qu'on était dimanche, où toutes les entreprises, banques et institutions étaient fermées. La panne avait duré plus de deux heures. Après que le problème technique eût été détecté, la STEG a appelé tous ses techniciens et ingénieurs même ceux qui étaient en congé à rappliquer. Il leur aura fallu 15 minutes pour en connaître la cause. La première région à avoir pu bénéficier du retour de l'électricité ce fut la centrale de Kasserine puis tout le Nord-Ouest. A 20h, la lumière était de retour pour 85% du pays. A 21h20, le taux de réparation a avoisiné les 100%, toujours selon la STEG. Quoique certaines régions du Cap Bon aient dû patienter jusqu'à 22h pour sortir de l'obscurité. On aurait même entendu des you-yous et des klaxons quand la lumière revint de nouveau. Collaboration de l'Algérie De son côté le PDG de la STEG, M. Rachid Dali nous a déclaré que l'Algérie a collaboré dans la facilitation du rétablissement de l'électricité avec une contribution de 150 mégas watt. C'est ce qui explique le retour de la lumière en premier lieu dans la région de Kasserine. De leur côté, nos voisins les Libyens étaient désireux de nous dépanner pour activer le rétablissement de la lumière sauf qu'un léger problème était survenu empêchant l'alimentation. «Nous avons fait en sorte que le courant soit rétabli dans les zones névralgiques du pays grâce à des groupes de secours» nous informa M. Rachid Dali avant d'ajouter qu'une enquête a été ordonnée par le Chef du gouvernement». Un rapport préliminaire serait remis aux mains de Mehdi Jomaa aujourd'hui. Un second rapport plus détaillé de tout le système d'électricité tunisien lui sera remis dans une semaine. Un comité d'experts indépendants va se prnoncer sur toutes les causes de cette panne générale et formulera des recommandations. Le PDG de la STEG achève sa déclaration avec une légère note humoristique «Nous nous excusons auprès des citoyens. Les familles tunisiennes ont pu au moins avoir un dîner aux chandelles.»