Le Dialogue National sera très bientôt relancé notamment à propos du financement des partis et des candidats engagés dans les élections législatives et présidentielle. D'autre part, l'ISIE vient de rendre publiques les conditions d'obtention de fonds publics pour la campagne électorale. Il y a donc de l'argent dans l'air, et déjà l'on se pose quantité de questions sur le degré de propreté de cet argent qui circule de manière occulte ou visible entre des mains plus ou moins « sales ». Tout cela se passe sur fond de protestations contre la dégradation de la situation écologique dans plus d'un site tunisien. Jerba la douce ?? A Jerba, par exemple, la grogne se poursuit depuis des mois maintenant à cause des immondices qui s'amoncellent dans plusieurs artères et cités de l'île. La situation a même dégénéré au point où le bureau régional de l'UTICA a appelé jeudi dernier à une grève générale ; l'Union régionale du Travail l'a soutenu dans ce mouvement de protestation qui devrait normalement pousser les autorités compétentes, que ce soit à l'échelle locale ou au niveau national, à réagir positivement afin de sauver ce joyau touristique et patrimonial que constitue notre île des rêves ! A ce propos, nous venons de lire sur un site électronique la lettre ouverte qu'une expatriée française vivant à Jerba a récemment adressée à tous les grands et petits responsables que la « propreté » de l'île concerne, depuis Moncef Marzouki jusqu'au maire de Jerba. Cette femme étrangère qui ne se considère pourtant pas comme telle, lance un cri de détresse et met ses multiples destinataires devant leurs responsabilités morales et institutionnelles afin qu'ils prennent les mesures urgentes et nécessaires en vue de sauvegarder l'environnement urbain et naturel à Jerba. Scrupules citoyens Jeudi dernier aussi, mais à Sousse, les habitants d'un grand quartier périphérique de la Perle du Sahel ont organisé une manifestation relativement violente pour exiger un minimum de propreté autour de leur cité défigurée par toutes sortes de détritus ; la police a dû intervenir et recourir aux bombes lacrymogènes pour disperser la foule bouillonnante. Quelques kilomètres plus loin, dans le gouvernorat de Monastir, et plus exactement dans les délégations de Sayada, Lamta, Kesibet Mediouni et Khénis, les habitants ont décidé d'organiser un sit-in écologique pour protester contre la pollution du littoral régional, lequel fléau a causé la catastrophe environnementale de la semaine dernière à Oued Souk (des milliers de poissons morts rejetés sur les plages par les vagues). A Sfax, la situation n'est pas très différente des autres villes tunisiennes plus ou moins étouffées par leurs déchets et les odeurs pestilentielles que les ordures dégagent en cette fin caniculaire de l'été. C'est ce qui a donné aux citoyens l'idée d'organiser eux-mêmes, et sans attendre une initiative municipale dans ce sens, une large campagne de propreté englobant toutes les zones de la deuxième grande ville tunisienne et en particulier son centre-ville ! Le spectre mafieux Le souci écologique des Tunisiens n'est pas à démontrer, même si devant l'incurie des autorités, nos compatriotes se trouvent parfois désarmés en matière de sauvegarde de l'environnement ; cependant, le problème de la propreté urbaine a été soulevé plus d'une fois depuis la révolution et les mouvements protestataires s'inscrivant dans la préservation du milieu se sont multiplié ces trois dernières années ! S'il en est ainsi de la question écologique, qu'en est-il de la « propreté » en politique et de la réaction des Tunisiens face au fléau de la corruption ? Nous pensons que, de ce point de vue, il nous reste bien du chemin à faire ! En cette période préélectorale, il nous parvient des nouvelles confirmées et des rumeurs à vérifier sur l'argent sale qui circule en sommes faramineuses dans notre pays, que ce soit à travers les individus ou les associations ou à travers de vastes réseaux mafieux intérieurs, régionaux et internationaux. Ce qui fait craindre à beaucoup d'observateurs que les prochaines élections ne soient « souillées » par des pratiques vénales très répandues dans les pays où les institutions de contrôle sont débordées ou franchement incompétentes ! Pas très « nets » Un récent rapport émanant de la Banque Mondiale et s'appuyant sur les conclusions d'une monographie sérieuse intitulée « la révolution inachevée », révèle que la Tunisie a atteint des records en matière de corruption, ces trois dernières années. On y déplore également les tractations frauduleuses et illicites avec la Libye et l'Algérie, trafics de tous genres qui rapporte à ses barons plus de deux milliards de dinars sans que l'Etat tunisien en tire le moindre bénéfice. A propos des élections, on parle de financement suspect des candidats, de corruption de fonctionnaires et de journalistes, d'achat des voix etc. Les preuves accablantes manquent, mais la suspicion règne autour de certaines personnalités et de certains partis politiques qui, financièrement, ne seraient pas très « nets » ! On dit aussi que la campagne contre Essebsi, celle surtout que mènent ses anciens « amis », n'est pas « gratuite » ; que certaines chaînes de radio, de télévision, que certaines maisons de presse « roulent » pour telle ou telle formation politique engagée dans les élections ! Il est aussi question d'associations « intouchables » bien que le doute persiste sur leur vocation soi-disant caritative ! Bref, PROPRETE est le maître-mot, ces derniers jours ; mais le mot SALETE n'est pas en reste ! Le duel est donc engagé entre ces deux termes clés de l'actuelle période préélectorale : à qui reviendra le dernier mot ? Attendons de voir, même si nous avons notre petite idée sur l'issue de ce combat crucial!