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Jerba continue à vivre au temps du vandalisme et de la rapine !
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 03 - 2012


Par Kamel TMARZIZET
Par sa configuration, Jerba avait la renommée d'une île-jardin animée par un peuple réputé pour son accueil légendaire.
Par son passé très lointain, Jerba, l'île qui baigne dans la légende des Lotophages, a, jusqu'à l'avènement du nouveau phénomène social, le tourisme, symbolisé la quiétude et la tranquillité.
Sur ces données, il a été défini au lendemain de l'indépendance d'ambitieux projets, ouvrant alors l'île de silence à la modernité ! Inhérente au développement de ce secteur tertiaire très fragile, cette modernité a très vite été remise en cause, en raison surtout des graves erreurs commises par les dirigeants et leurs acolytes d'avoir voulu gommer la culture et l'histoire, les traditions et les sites naturels merveilleux...
Encouragées par les cerbères du régime despote du président déchu et approuvées par les élus et par les princes corrompus qui ont placé l'aménagement de l'île sous les signes de l'improvisation, les activités fébriles et stressantes ont engendré de nouveaux phénomènes ayant à leur tour ouvert l'île à l'usure et à la rapine..
Quiconque a suivi, depuis des décennies, l'évolution et le changement sur l'île, a pu constater avec beaucoup de stupéfaction et même de colère la dégradation constante du patrimoine culturel et naturel commun qui pourtant recèle un potentiel artistique et touristique indispensable à notre tourisme.
Des dizaines de milliers de palmiers, d'oliviers sont attaqués et rasés par des constructeurs de l'éphémère qui, avec leur cortège de dilapidation des ressources naturelles non renouvelables, ont provoqué un désastre écologique sans précédent ! A la place de tous ces arbres fruitiers sauvagement arrachés, ont été érigées des constructions sans âme, d'un style affligeant qui épouse avec vulgarité la douceur de notre campagne. L'architecture est si laide qu'elle jure avec le paysage biblique et insulaire.
Aussi, tout individu épris de liberté et doué de bon sens ne peut-il assister silencieux devant toutes les affres et les aberrations qui ont frappé Jerba dans son cœur ; l'île est dénaturée au plus profond d'elle-même et métamorphosée par des individus dénués de l'élémentaire bon sens ! Par cécité, la plupart de ces nouveaux venus sur l'île n'ont guère été inspirés par la vision de la nature comme un monde préservé de destructions, de souillures et de pollutions. D'autant que l'Ile des rêves, sans cesse menacée par des périls redoutables immédiats, est pour les groupes d'intérêts catégoriels une boutique de récupération de devises.
Animés par le vil goût du lucre, et par manque de clairvoyance et de vigilance diligente, les sbires du parti-Etat du régime déchu ont livré, sans vergogne, les richesses de l'île aux appétits insatiables des touristocrates et des promoteurs. Pis encore, ces fallacieux corrompus ont stimulé les aspirations qui ont donné de l'assise tout autant à une spéculation inédite qu'à une singulière et fâcheuse conception quant au respect des biens sociaux et privés.
A la surprise de tout le monde, certains promoteurs ne sont pas venus pour encenser Jerba, ceux-ci veulent plutôt léguer à la postérité une île lacérée avec un soin remarquable! D'où le drame de l'île; un drame qui a pour causes aussi les actes abusifs de certains habitants associés à la spoliation et au grand gaspillage des biens sociaux et privés. Inhérent à la mainmise de certains individus qui ont d'ailleurs fait le lit de toutes les enchères sur l'île. Ainsi l'île est abandonnée, comme une nature ordinaire, aux monstres sans visage ! D'où viennent les abus, les spéculations et aussi et surtout la permanence des risques particulièrement aigus dans les zones géographiques où l'on est d'ores et déjà en présence de dommages d'une grande ampleur. Ces préjudices irréversibles résultent des violentes agressions portées à la superstructure de l'île qui porte ostensiblement les stigmates des lourds travaux d'infrastructure. Travaux qui ont gangrené moult sites de rêves naturels et merveilleux.
Parmi les sites les plus abîmés, citons entre autres la fameuse colline d'Aâdloun qui, s'étendant du nord au sud, du village de Khenensa à la région de Sédwikech, domine la célèbre faille préhistorique de Guellala.
Voulant le beurre et l'argent du beurre, un entrepreneur chargé de rénover la route reliant Ajim à El-May-Midoun, a fait de cette colline une carrière, afin d'extraire sable et pierres pour la réalisation de tous ses projets. C'est d'autant plus grave que c'est au vu et au su des autorités que cet individu audacieux, soudoyeur et profiteur continue, à sa guise et sans vergogne, de s'enrichir de la rapine en exploitant frénétiquement la colline, dont une grande partie de la beauté, de la sérénité du paysage préhistorique et du manteau végétal a déjà disparu comme neige au soleil ! Et c'est bien dommage pour notre population insulaire qui, amenée à boire le calice jusqu'à la lie, est en ire d'observer que son île constitue pour quelques privilégiés une arche de Noé, alors que tout autour, c'est le déluge !
Tout cela ne présage rien de beau pour une île phagocytée, une île orpheline qui souffre de la main destructrice des mafieux. D'autant qu'à Jerba, où tout se fait sans réel souci éthique et esthétique et très souvent au détriment de la nature, il n'est pas inutile de souligner les méfaits pernicieux de ce laxisme et en particulier l'exercice des activités illicites de ces fossoyeurs laissant partout à travers l'île leurs stigmates et des trous béants !
Au regret de tout le monde, à Jerba les importantes décisions sont prises en catimini, faisant des problèmes écologiques un sujet tabou, une réalité masquée, sans pour autant se soucier de l'issue fatale.
Ainsi, par leurs actions, nos touristocrates ont réussi à faire de Jerba un véritable supermarché où les marchands peuvent, sans entrave et à leur aise, tout consommer. Par excès de dynamisme, promoteurs et marchands qui se voient de fait renforcés dans leur sentiment d'impunité, ont franchi sans scrupules le seuil au-delà duquel naît le désastre, celui qui tue le mythe de l'Ile des rêves, celui qui risque aujourd'hui ou plus tard demain, de dépouiller totalement l'île de sa beauté naturelle, tranquille et unique !
Certes, dans la vie il faut avoir la tête dans la théorie et les pieds dans la pratique, mais la situation réclame de meilleures solutions, des solutions adéquates. Cela est tellement vrai pour l'île de Jerba que l'on doit nécessairement revenir à la solution prônée pour soulager l'île, pour notre génération et léguer aux générations futures une île avec un environnement propre et une nature saine préservés. C'était l'idée de feu Hammadi Essid qui fut l'ambassadeur de Tunisie auprès de l'Unesco.
Constatant, lors de ses fréquents passages, les aménagements inesthétiques et les éléments dévastateurs allant à l'encontre de la préservation intégrale de l'île et de son patrimoine et de son écologie, Si Hammadi Essid avait entrepris les démarches nécessaires, afin de présenter à l'Unesco la candidature de l'île de Jerba, en vue de l'inscrire sur la liste du Patrimoine mondial. Au grand malheur de l'île et de sa population, la bonne et heureuse initiative de l'institution internationale fut, en raison de multiples convoitises, invalidée, repoussée par on ne sait quelles forces obscures ayant opposé leur veto ! Il s'agit bien là d'une grave et absurde décision prise sous la pression de groupe d'intérêts catégoriels.
C'est aux ministres de tutelle et aux hommes de bonne volonté que je m'adresse pour appuyer notre proposition en vue d'inscrire l'île sur la liste du Patrimoine mondial. J'exprime tous mes remerciements anticipés et je salue, à l'aube des espoirs qui s'offrent à nous après la révolution, le dévouement avec lequel les hommes épris de démocratie se consacrent à la défense des droits des citoyens et à la préservation du patrimoine commun et des richesses de l'île. Que leur action brise les agissements pernicieux de la horde des promoteurs et le silence des autres, qu'elle éveille la conscience des autorités locales et que l'Etat de la République enfin apporte son appui à Jerba et aux hommes favorisant son épanouissement.
Aux hommes de bonne volonté, rien n'est impossible et tout problème a toujours sa solution. Et la véritable solution réside dans une politique pragmatique, une politique cohérente de nature à créer sur l'île des moyens efficaces pour un développement durable en harmonie avec l'esprit de la population qui se nourrit de son environnement, de sa tranquillité, de la beauté de ses sites naturels et de ses richesses historiques.
Il n'est pas trop tard, du moins faut-il l'espérer !


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