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L'étroite corrélation entre l'économie, le social, le politique et le sécuritaire
Publié dans Le Temps le 24 - 09 - 2014

Le slogan fédérateur que s'est choisi le Parti Ennahdha pour sa campagne électorale est: (nous traduisons) « Vers une économie émergente et un pays sécurisé ». Mais la formule comprend un très grand nombre d'axes tant économiques que politiques et institutionnels, sociaux (surtout) qu'éducationnels et culturels.
Le préambule au programme part d'un certain nombre de constats, qui sous tendent une vision civilisationnelle et idéologique. C'est que ce préambule dresse trois observations, considérant que depuis plus d'un siècle et demi, on détecte une prise de conscience, dans les milieux populaires et même au sein de l'élite culturelle, politique et administrative une vision à trois niveaux. La première tient à la prise de conscience du déficit civilisationnel par rapport à ce qu'ont réalisé d'autres pays ayant choisi les libertés et rejeté le pouvoir dictatorial. Le deuxième à la nécessité de combler cette fracture en gagnant la bataille des sciences nouvelles, des technologies, l'évolution de l'administration et les institutions politiques ce qui est de nature à accroître les moyens de production et à éradiquer l'ogre de l'absolutisme. La troisième consiste en la profonde conviction des valeurs de l'Islam au diapason des mutations de l'époque dans le fil droit d'un projet réformiste.
Ainsi, Ennahdha, affirme-t-elle dans ce préambule, qu'il y a urgence et nécessité absolues à réactiver les valeurs humaines émanant de l'Islam, en symbiose avec le legs culturel et civilisationnel de la Tunisie, dans son identité arabo-musulmane, mais aussi dans la valorisation de la justice sociale, du socle familial, la lutte contre la corruption, l'exaltation des vertus du travail et le renforcement du sentiment national. C'est à partir de ces constats qu'Ennahdha se considère comme étant (toujours d'après son préambule), « le prolongement de la réforme politique, sociale et culturelle ». Et pour corroborer tout cela une mise en relief des acquis du pays avant la Révolution et ce qu'il a réalisé après ; la prise de conscience des difficultés et des défis endogènes et exogènes ; les bouleversements que connaît notre environnement régional et aussi international, bouleversements qui ont tout l'air de devoir perdurer ; la réalité du lien étroit entre les domaines économiques, sociaux, politiques et sécuritaires sur lequel repose le projet de progrès du pays. Six axes fondamentaux dont Ennahdha apporte sa vision et son programme.
Politique : un Etat fort, une société libre et un citoyen digne
Dans ce volet, le programme d'Ennahdha prône en premier lieu, la coupure définitive avec la dictature, la corruption et la violation des droits de l'Homme, pour l'édification d'une démocratie basée sur la citoyenneté, l'égalité et la prééminence de la loi. La force de l'Etat, dans la vision d'Ennahdha, émane de la volonté du peuple. De fait, il est nécessaire aussi de toujours se référer à l'inviolabilité de la constitution qui garantit l'édification de toutes les institutions démocratiques, la liberté d'expression, le rôle de la société civile, à travers le dialogue et la recherche du consensus. Dans cet esprit, il faut bannir toutes les formes de discorde qui enveniment les relations et favorisent le terrorisme.
Sécurité : Renforcer nos unités armées et forces de sécurité
Face aux périls et les bouleversements que vit la région et face aux défis que relèvent nos forces de sécurité, Ennahdha se propose de redoubler d'efforts pour combattre le crime, le trafic et le terrorisme et le démantèlement de ses cellules. Parallèlement, il s'agit, toujours dans le programme d'Ennahdha de s'attaquer aux facteurs qui favorisent ces dérives comme la pauvreté et l'absence de foi. Dans cet esprit il s'agira de renforcer l'armée et les forces de sécurité et de les laisser à l'écart des tiraillements politiques.
Economie et social: La réactivation du pacte social
Pour Ennahdha l'émergence d'une économie performante et la stabilité sociale dépendent d'un climat favorable des affaires et des bonnes conditions pour la production et la revalorisation du travail. Ainsi, faut-il relancer les grands projets avec les parties concernées, la réactivation du pacte social et l'instauration du dialogue. Ainsi, dans le programme, les réformes s'articulent autour de la réforme de l'administration, l'amélioration de l'investissement et le parachèvement de la réforme fiscale. La bonne gestion des dépenses publiques constituent elles aussi un axe central tout en recherchant des remèdes au déficit des caisses sociales et tout en dirigeant la compensation (caisse de compensation) vers ceux qui en ont effectivement droit. Il y a aussi (toujours dans le programme) urgence à améliorer l'enseignement et l'ouverture de l'école et de l'université sur leur environnement et l'exécution du plan de formation professionnelle établi en 2013.
Arts et culture: stimuler la création artistique
Ennahdha se propose de stimuler la création artistique, (musique, théâtre, cinéma, arts plastiques et tous les autres arts) et ceci en stimulant les institutions artistiques, une meilleure attention au profit des gens de culture, les artistes, les écrivains (avec la revalorisation du livre) tout en veillant à ce qu'ils puissent créer leurs œuvres dans les meilleures conditions durant leur carrière professionnelle ainsi qu'à la retraite, qui doit être décente. La culture c'est aussi le patrimoine et c'est dans cet esprit qu'une attention particulière sera accordée aux régions ce qui est susceptible de faire un pôle culturel sur le plan régional.
Justice transitionnelle: Que réparation soit faite
Ennahdha se propose dans son programme de faire en sorte que l'Instance Vérité et dignité assume son rôle historique, en toute indépendance et en toute transparence pour réparer les injustices du passé, le renforcement de l'unité nationale et annihiler toutes velléités de retour de la dictature. Aussi, faut-il combattre la corruption qui est devenue une « culture » durant de longues décennies et redoubler d'efforts pour rapatrier les fonds détournés à l'étranger par le régime déchu.
Relations extérieures: La diplomatie économique
Ennahdha considère que la Révolution a ouvert de nouveaux horizons pour la diplomatie tunisienne, ce qui est susceptible de servir nos intérêts économiques, culturels et politiques tout en assurant de nouvelles opportunités au peuple. Ennahdha affirme de ce fait, qu'elle œuvrera à renforcer les relations maghrébines, à réactiver l'UMA, tout en raffermissant le partenariat avec les pays arabes, africains et asiatiques.
Mais, par ailleurs, il s'agira de préserver nos relations avec nos partenaires traditionnels tout en donnant la priorité au volet du partenariat économique.
Ali Laârayedh, secrétaire général et ex-chef du gouvernement
«Liberté, pluralisme, démocratie, dans un Etat fort»
Le programme que vous avez entre les mains et le fruit de concertations avec des experts spécialisés. Mais au préalable, nous avons été partout, à travers le pays, pour écouter les doléances des citoyens. La Tunisie est le seul pays à avoir réussi son printemps. Le seul pays à avoir réalisé une croissance de 3%, alors que la croissance globale en Europe, exceptée l'Allemagne, a reculé pour atteindre parfois le seuil de 0,...%. Le taux d'endettement est de 46% alors qu'il est de 90% en Egypte, par exemple.
Les réalisations durant ces trois dernières années constituent donc une source de fierté et une plate-forme pour d'autres acquis. Nous nous assignons pour mission pour l'avenir immédiat le rééquilibrage économique et social. Ce sont là les grands volets de notre programme. Mais nous avons aussi notre plan politique. A savoir un Etat fort, la liberté, le pluralisme, la relation pragmatique avec les autres partis : en bref, un Etat démocratique qui soit aussi un Etat de droit parce que la démocratie et la liberté sont les socles d'un Etat de droit. Nous nous attèlerons aussi au renforcement des institutions sécuritaires, tout en sécurisant nos frontières, tout en instituant une justice de proximité, indépendante et, dans cet esprit, nous renforcerons l'Instance Vérité et Dignité pour réparer les injustices du passé et sceller la réconciliation nationale. Et bien sûr, nous combattrons le terrorisme et le trafic illicite, où qu'il se trouve ».
Abdelfattah Mourou: «Ennahdha n'est pas là pour imposer sa vision de l'Islam.
Sa vision est celle de nous tous»
Abdelfattah Mourou, lyrique comme à son habitude a martelé : « Ennahdha n'est pas là pour imposer sa vision de l'Islam. Car sa vision est celle de nous tous. Aujourd'hui, ajoute-t-il, nous avons besoin de « savants » « oulamas » qui prônent la quintessence de l'Islam. Chaque minaret doit, en effet, dégager un appel à la tolérance.
Il rappelle le rôle historique de la Zeitouna, dans l'épanouissement de la pensée. Il rappelle aussi que ce sont bien des Tunisiens qui ont créé la Jamâat Al Karaouyne au Maroc et Al Azhar.
Rached Ghannouchi
«Il n'existe pas actuellement de pays arabe plus unique la Tunisie»
«Ceux qui prônent les divisions sociétales en opposition à notre projet consensuel, montrent leur incapacité à proposer un projet unificateur et viable pour le pays»
«On a tendance à oublier qu'il n'existe pas actuellement de pays arabe plus uni que la Tunisie et surtout ceux du « Printemps arabe » dont on ne peut pas oublier que l'étincelle a jailli en Tunisie précisément. Nous, au sein d'Ennahdha, prônons toujours l'unité, la cohésion nationale et surtout le consensus. En comparaison avec l'année dernière, le pays était dans une logique à deux vitesses. Mais, nous avons réussi (et je parle ici de tous les Tunisiennes et Tunisiens) à nous rassembler autour d'une constitution avant-gardiste.
22 partis, ainsi que les organisations nationales ont apporté leur contribution à la naissance de cette constitution ayant généré 94% d'adhésions. Je ne m'explique donc pas ces tentatives de divisions de la société tunisienne. Ceux qui prônent aujourd'hui ces divisions montrent, de facto, leur incapacité à présenter un projet unificateur et viable pour la Tunisie. Ils oublient qu'après la Révolution il n'y a plus de tutelle sur le peuple. Et pourtant, nous nous sommes opposés à la promulgation de l'article d'exclusion (le 167) dans la Constitution. Nous avons dirigé le pays, non pas avec les 51% des urnes, mais avec d'autres partenaires dans le cadre d'une coalition démocratique. Dans ce contexte, je repose la question : pourquoi ces tentatives de divisions au nom d'un conflit idéologique suranné. Même dans les démocraties occidentales, la dualité gauche/droite a dépassé les rhétoriques idéologiques : elles se basent essentiellement sur les programmes et pas sur l'exclusion. Au nom de cette dualité ceux qui attisent les feux de la division à notre vision consensuelle de l'avenir de la Tunisie.
Aujourd'hui, nous sommes face à un danger réel : le terrorisme. Mais, l'Islam est opposé au terrorisme. Et tout en saluant l'action des chefs de gouvernement d'Ennahdha qui ont dirigé le pays (MM. Jebali et Laârayedh), je dois rappeler que c'est bien le gouvernement dirigé par M. Ali Laârayedh qui a présenté à l'ANC le projet de loi anti-terroriste. Ceux qui croient que modernité et islam démocratique sont antinomiques, se trompent. Parce que l'Islam c'est aussi la modernité. Et pour procéder à une mise en cohérence, je voudrais conclure qu'Ennahdha était opposée au régime (déchu) et non pas à l'Etat. Parce que nous demeurons attachés aux réquisits et à la pérennité de l'Etat ».


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