En ces temps troubles pour l'avenir du pays et face à la montée de l'intolérance, la commémoration du centenaire de Farhat Hached se veut un message de paix. La marche d'aujourd'hui est chargée de messages, pour la concorde nationale et contre la violence, comme celle subie par l'UGTT et son siège par les énergumènes des Ligues de Protection de la Révolution Comme tout crime politique, l'assassinat de Farhat Hached ne sera jamais élucidé comme il se doit malgré les bribes d'indices, rassemblées entre autres par son fils Noureddine , lequel était un jeune écolier, à l'époque où fut abattu son père par balles à bout portant, un 5 décembre 1952, par ceux qui l'avaient récupéré, pour soi-disant le secourir après avoir été atteint une première fois, et blessé par des inconnus qui passèrent la main à ces sauveteurs qui étaient intervenus pour l'achever et l'abandonner inanimé à même la chaussée. Sa veuve, Om El Khir Hached avait tenu absolument à connaître le commanditaire de cet assassinat, survenu en pleine période de répression coloniale, qui était à son paroxysme avec la nomination d'un résident général venu pour mater tous ceux qui osaient s'ériger contre le colonialisme. Elle avait écrit, en 2003 à Jacques Chirac, afin de demander la réouverture des archives françaises pour connaître la vérité sur cet horrible assassinat. Son fils avait réitéré la même demande, à Sarkozy en 2010. Ce ne fut qu'en 2013, quand François Hollande en visite en Tunisie, remit à Noureddine Hached, des archives déclassées, en demandant des excuses au nom de la France à Om El KHir, la veuve du martyr. Il ressortait selon ces archives que ce crime était commandité par les autorités coloniales de l'époque, via l'organisation terroriste de l'époque : « La main rouge », une organisation plutôt fantoche, utilisée en tant que couverture à la violence perpétrée à l'époque par la police coloniale. Pourtant un sinistre ancien membre de cette organisation Antoine Méléro, avait déclaré dans un documentaire diffusé sur Al Jazira, concernant le meurtre de Farhat Hached : « Moi je trouve cela légitime et si c'était à refaire, je le referai » Une plainte a été déposée à Paris par la famille du défunt contre cet énergumène de Méléro, pour crime de guerre. Cependant l'issue de cette plainte reste à ce jour inconnue, tout autant que les circonstances précises dans lesquelles le syndicaliste martyr a été abattu de sang froid, à une période où il devint, non seulement un leader syndicaliste, mais un fervent militant contre le colonialisme en se joignant aux autres leaders , dont notamment , Habib Bourguiba , Salah Ben Youssef, Mahmoud Materi ,Ahmed Mestiri, Ali Belhouane, et tous ceux qui militaient au sein du parti du Néo Destour. Causes profondes et causes immédiates A l'époque le leader syndicaliste Farhat Hached, militait sur tous les fronts, son action ne se limitant pas à défendre les travailleurs dont les droits étaient bafoués, combat qu'il avait commencé depuis qu'il était affilié à la CGT, de Tunis, alors qu'il était jeune employé d'une société de transport. Ayant constaté que la CGT , filiale de la centrale syndicale française, négligeait les droits des travailleurs autochtones, Farhat a démissionné et eut l'idée en 1946, de créer avec Habib Achour un syndicat purement tunisien, près création de deux syndicats régionaux, du sud et du nord en 1945. C'est ainsi que fut créée le 20 janvier 1946, l'UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens), un syndicat purement tunisien, se basant sur les textes de la CISL, qui le permettaient. L'UGTT et le Néo-Destour Dès lors, Farhat Hached a décidé, dans l'intérêt des travailleurs tunisiens de mener un même combat que le reste des leaders du mouvement national pour la libération du pays du joug du colonialisme. Ce fut grâce à Hached que l'UGTT s'était distinguée en tant qu'organisation militante, à côté du Neo Destour, qui l'a adoptée, contrairement à ce qui s'était passé avec les précédentes organisations syndicales. En effet la CGTT créée en décembre 1924 par M'hamed Ali El Hammi, pourtant précurseur du syndicalisme, n'avait pas trouvé grand échos auprès de l'organisation du Destour , dont les membres étaient des zeïtouniens conservateurs pour la plupart, et qui avaient taxé cette organisation travailliste de communiste. Ce fut également le cas pour Belgacem Gnaoui qui essaya en avril 1937 à faire renaître la CGTT. Mais les nationalistes et les membres du Néo-Destour , cette fois-ci, contribuèrent à la faire éclater, pour des raisons de rivalités contre les communistes, le parti communiste tunisien ayant été créé à la même période. Le refus Quant à l'UGTT, elle s'était imposée, en tant qu'organisation syndicale militant de concert avec le Destour. Farhat Hached refusait cette idée que l'UGTT fut uniquement la courroie de transmission du parti. Il considérait qu'elle était une organisation à part entière, qui militait pour les droits des autochtones et l'intérêt national. Ahmed Ben Salah, qui se joindra ultérieurement à cette même organisation et fera parler de lui , tant sur le plan syndical que politique, a déclaré, à l'occasion du soixantième anniversaire de l'assassinat de Farhat Hached , que ce dernier avait également constitué à la même époque une association de défense des droits nationaux. Ce qui confirme qu'il fut sans conteste, un des leaders politiques au même titre que les autres leaders, tels que Bourguiba ou Salah Ben Youssef. Il était influent, tant sur le plan national qu'international. Farhat Hached , prenant de l'ampleur . « En 1952 il représentait à la fois tous les courants du nationalisme » écrivait Simone Lacouture dans son ouvrage :les Syndicats en Afrique du Nord, en affirmant : « qu'il irritait enfin les "prépondérants» français par sa popularité et son "intouchabilité». Le Résident Général, Jean de Hauteclocque, dans ses Mémoires « Cette époque, écrit-il, Farhat Hached, (...), était certainement le plus redoutable de nos adversaires du moment (...). Il était considéré par les Français comme un homme dangereux « ou encore : " Le leader syndicaliste prenait de plus en plus d'influence, s'agitait de plus en plus, devenait de plus en plus audacieux, confiant sans doute dans les nouvelles qu'il recevait sans doute de NewYork...». Aux grands hommes l'humanité reconnaissante Mardi 30 avril 2013, à la veille de la Fête de Travail et en présence des représentants des principaux syndicats de salariés français, Bertrand Delanoë a inauguré la place Farhat Hached à l'intersection de l'avenue de France et du boulevard du Général Jean Simon (13e), moins de deux mois après l'hommage rendu à Bourguiba dont le buste est érigé dans l'esplanade du 7ème arrondissement portant son nom. Je t'aime O peuple ! Ce slogan scandé désormais par tous les militants syndicalistes de la Révolution du printemps arabe était la devise du grand martyr Fahat Hached qui était décidé à militer et à se sacrifier pour le peuple. Farhat Hached a été persécuté même mort, et certains avaient voulu souiller sa mort, à titre de mise en garde adressée à Chokri Belaïd , Mohamed Brahmi et tous les militants qui, sur ses pas, avaient pris la relève. La famille de Farhat Hached a refusé de participer , en 2012 à la commémoration officielle, suite aux violences perpétrées par les LPR devant le mausolée du martyr à Bab Bénat. Les mêmes LPR avaient semé également des troubles devant le local de l'UGTT place M'hamed Ali, en s'attaquant à des membres de la centrale syndicale alors qu'ils commémoraient l'anniversaire de son assassinat, et en perpétrant des actes de violence grave dont furent victimes plusieurs personnes parmi l'assistance. L'éclat de rire On ne saura jamais les vrais commanditaires, de l'assassinat de Farhat Hached comme c'est le cas pour tout crime politique. Ce dont on peut être certain c'est que ces derniers ne peuvent en aucun cas être parmi les défenseurs authentiques des droits et des libertés. La veuve de Farhat Hached avait raconté que son époux lui avait dit quelques jours avant son assassinat, avoir rêvé qu'il était escorté par de soldats et se dirigeait vers la mer en riant très fort. Un rêve prémonitoire car sa dépouille avait été mise sur une corvette de la marine française, pour la remettre à sa famille. Rêve prémonitoire aussi, la, mer étant le symbole de la liberté. C'est ce qui expliquait ses éclats de rire. Un rire de joie et d'amour pour le peuple.