Le syndicalisme en Tunisie a été mu par la lutte contre le colonialisme, et ses leaders ont combattu côté à côte avec les leaders politiques. La conjoncture de l'époque a fait que le syndicat fût la courroie e transmission du parti du Destour ou du Néo Destour au sein desquelles il y avait les figures de proue qui militaient contre les abus de l'autorité coloniale, dont ceux exercés à l'encontre des travailleurs. D'ailleurs, dans les années 1920, M'hamed Ali El Hammi, le précurseur du syndicalisme en Tunisie, et après lui, Belgacem Gnaoui en 1936 ont été déçus par le fait que leur mouvement n'a pas pu aboutir sans l'appui du Destour , seul parti militant à l'époque, ou du moins le seul parti majoritaire(le parti communiste tunisien n'avait beaucoup d'audience à l époque) En 1920, certains militants trouvaient même que le programme de coopératives des travailleurs était à tendance communiste, et ce fut l'une des raisons pour lesquelles il n'a pas reçu l'approbation du parti. Avec Farhat Hached le créateur de l'UGTT en 1946 la conjoncture politique a bien évolué, et à cette époque de l'après guerre, où la Tunsie a été un vrai champ de bataille des alliés, les militants étaient déterminés plus que jamais à se serrer les coudes, de quelque bord qu'ils fussent à quelque mouvement qu'ils pussent appartenir. Farhat a commencé par des revendications purement syndicales concernant la situation des travailleurs tunisiens, qui étaient exploités et sous payés. Il a été soutenu par les militants du parti, dont les leaders Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef. Farhat Hached fut assassiné par « la main rouge » un mouvement colonial terroriste qui était résolu à éliminer toutes les figures du mouvement contre le colonialisme. De leader syndicaliste, il devint un héros national et un martyr. A l'avènement de l'indépendance, l'UGTT a continué à être la courroie de transmission du parti unique du Destour. Ce fut la raison pour laquelle il continua à être le seul interlocuteur valable, pour la défense des droits des travailleurs, et il faut dire qu'à l'époque, le leader syndical , Habib Achour qui fut également un militant, avait rempli son rôle comme il se devait et avait même pris le risque d'affronter le pouvoir à une période où celui-ci avait atteint le paroxysme de la dictature. Aujourd'hui, avec la nouvelle ère de liberté que nous entamons, il est temps de penser à passer un coup de plumeau sur les institutions de l'Etat et pourquoi pas, renouveler toutes celles qui ne répondent plus à la conjoncture du moment. L'UGTT a un rôle assez important. Mais il est utile que les responsables de cette organisation, fassent leur rétrospective afin de reconnaître leur tort et pourquoi pas céder leur place à d'autres qui sont prêts à prendre la relève afin lui donner un souffle nouveau. Par ailleurs, il importe dans cette ère nouvelle de liberté et de démocratie, que soit créées d'autres syndicats de travailleurs qui apporteront un plus dans l'intérêt de ce secteur. Le pluri syndicalisme est tout autant que le pluripartisme, une garantie d'une démocratie nouvelle, où il y a une sépartion entre les partis et l'Etat, et où aucun syndicat ne doit être la courroie de transmission d'un quelconque parti. Toutes les forces vives de la nation travailleront dans la concorde et la sérénité pour l'intérêt général.