Lorsque Hedi Nouira fut désigné par Habib Bourguiba en tant que premier ministre, le pays venait de sortir d'une crise économique dûe à la malheureuse expérience du collectivisme, qui était tentée par Ahmed Ben Salah, mais dont la mise en application était mal conçue. Economiste chevronné, qui fut le premier Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie à l'aube de l'indépendance, avait encouragé les investissements étrangers avec la loi 1972, afin de favoriser le décollage économique qui donna un nouveau souffle et permit d'améliorer la situation sociale d'une manière générale. Mohamed Ennaceur avait débuté sa carrière aux affaires sociales en 1973, en tant que commissaire général de l'office des travailleurs à l'étranger. Il est connu pour son intégrité son intelligence et l'efficacité de sa stratégie tendant à œuvrer sans cesse pour résorber le chômage et contribuer à l'amélioration du marché de l'emploi. Ce fut pour cette raison que Hédi Nouira lui proposa le portefeuille de ministre des Affaires sociales en 1974. A l'époque Habib Achour avait réintégré l'UGTT, après avoir été limogé une première fois en 1965, suite à des tensions sociales et au fameux incident du « Ferry boat », un bateau qui était en sa possession et suite auquel on l'accusait de défaut d'assurance. C'était la raison apparente pour laquelle il a été jugé et emprisonné. Il réintégra donc l'UGTT, en 1970 après avoir été grâcié par Bourguiba. Mohamed Ennaceur ,avait manifesté sa bonne volonté d'améliorer le pouvoir d'achat , en procédant à la révision des salaires en fonction du coût de la vie et de l'évolution de la situation économique, et Hédi était favorable à ces réformes. Il avait également procédé à des réformes de la législation sociale, avec la promulgation de nouvelles lois tendant à améliorer les relations du travail et encourager la concertation entre les partenaires sociaux. Il encouragea à la signature des conventions collectives, dans les différents secteurs du travail. Ces conventions collectives avaient pour effet de mieux protéger les relations du travail et promouvoir la situation économique d'une manière générale. D'ailleurs les conventions étaient presque son dada, ayant, alors ministre, soutenu une thèse sur les conventions collectives dans le Maghreb et notamment en Libye ; thèse dirigée par Gérard Lyon Caen, professeur de droit social à la faculté de Droit de la Sorbonne Paris I, et qu'il obtint avec la mention très honorable. Mohamed Ennaceur quitte le poste de ministre des Affaires sociales, en 1977 peu avant les évènement du 26 janvier 1978, déclenchés suite à la demande de révision des salaires, présentée par Habib Achour et qui fut refusée par Hedi Nouira. Il réintégra le même poste en 1979 jusqu'en 1985. Entre temps Mohamed Ennaceur s'inscrivit au barreau pour exercer la profession d'avocat et s'éloigner pour un moment de la politique surtout à l'avènement de Ben Ali. En 1985, il fut président de l'Association tunisienne de droit social et président fondateur de la Revue Tunisienne de droit social. Il dirigea de 1991 à 1996 la mission permanente de la Tunisie auprès de l'Office des Nations Unies à Genève. Il occupa également le poste de vice président de la Société internationale du droit du travail et de la sécurité sociale, et président fondateur de l'Audit social de Tunisie. A côté de ses élans de défense des droits humains, Mohamed a également son mot à dire dans l'art, étant féru de musique symphonique. C'est la raison pour laquelle, il est le président fondateur de la Musique Symphonique d'El Jem, son pays natal. Un touche à tout, aux qualités humaines et aux dons multiples, dont la carrière a été couronnée hier, par son élection à la présidence de la première Assemblée du peuple, à l'aube de la deuxième République.