Au mépris de toutes les normes urbaines, une véritable rage de construction s'est déchaînée, au cours des quatre dernières années, en Tunisie, s'emparant autant des particuliers que des promoteurs immobiliers, qui se sont lancés, les uns et les autres, à phagocyter, pratiquement, chaque mètre de terrain en leur possession, verticalement et horizontalement , afin de l'utiliser à bâtir des locaux et des logements, pour la vente ou la location. Balayant tout sur son chemin, cette voracité foncière généralisée n'a pas épargné les zones vertes et les jardins publics et privés, notamment dans les villes et les nouvelles cités, contribuant ainsi à la dégradation du cadre de vie urbain. L'inconscience a poussé certains, comme on le sait, à occuper sauvagement les zones vertes publiques et à y élever des constructions anarchiques. Les considérations esthétiques et environnementales sont complètement oubliées, autant que le sens de la verdure et de son importance dans l'amélioration de la qualité de la vie, au détriment des recommandations des Nations Unies prônant la réservation d'au moins 15 mètres carrés de verdure en milieu urbain pour chaque habitant. Au même moment, la situation environnementale en Tunisie a connu une détérioration sans précédent, à cause de la mauvaise gestion des déchets ménagers et industriels et la fermeture des décharges aménagées dans ce but, ce qui a entrainé l'entassement de ces déchets dans les rues et les places publiques, y compris dans des zones touristiques restées jusqu'alors un modèle de propreté comme l'île de Djerba. Pourtant comme l'a noté un urbaniste, cette insouciance à l'égard des dimensions esthétiques et environnementales est nouvelle chez les Tunisiens qui avaient pris l'habitude d'orner leurs maisons particulières de beaux jardins, comme on peut, encore, le constater dans les villas et les maisons particulières un peu partout en Tunisie. Les considérations matérielles ont dominé et tué ces bonnes habitudes, Les gens s'intéressent moins aux jardins et aux zones vertes, notamment dans les nouvelles cités résidentielles. Dans la cité résidentielles aux berges du Lac de Tunis dite Lac II ou Al bouhayra II, qui est considérée comme l'une des cités résidentielles les plus huppées en Tunisie, il est très rare de trouver des jardins et des zones vertes, Il en est de même dans la cité Ennasr, à El Menzah, à Tunis. A cet égard, un citoyen a fait remarquer que les cités des Berges du Lac de Tunis manquent, à vrai dire, de beaucoup d'autres choses comme les écoles et les établissements éducatifs parce que tous les terrains à bâtir sont utilisés pour la construction de maisons particulières de haut standing ou de locaux et établissements commerciaux, qui rapportent de l'argent : bureaux, restaurants, cafés, hôtels, cliniques. Ces nouvelles cités manquent aussi d'autres composantes ayant toujours été des éléments constitutifs de l'habitat humain et des cités humaines, depuis les époques les plus reculées de l'histoire humaine et qui confèrent à l'habitat humain une dimension spirituelle transcendant le temps. Les milieux officiels également Un commentateur a noté que la négligence des zones vertes s'est étendue aussi aux milieux officiels qui n'accordent plus l'importance requise à l'arbre et à la fête de l'arbre célébrée en Tunisie depuis l'indépendance sous la présidence du chef de l'Etat, le premier dimanche du mois de novembre de chaque année. Cette année 2014, le mois de novembre a coïncidé avec le déroulement de la campagne électorale pour les élections présidentielles mais aucun candidat n'a pris la peine de consacrer une place dans son programme à cet évènement. Cependant, ce mois de novembre 2014 a connu l'organisation à Tunis d'un colloque international sur les changements climatiques et leur impact sur la Tunisie en général et l'agriculture tunisienne en particulier. Les communications présentées, à cette occasion, par les experts tunisiens et internationaux étaient inquiétant es. Ces experts ont prévu qu'à plus ou moins longues échéances, le climat de la Tunisie allait subir des changements, devenant marqué par des périodes prolongées de sécheresse, entrecoupées par des années d'inondations catastrophiques, outre les dangers inhérents à l'élévation du niveau de la mer et l'inondation de grandes zones des îles et golfes , notamment le golfe de Gabès et les îles Kerkennah. Ils ont insisté sur la nécessité de prendre au plus vite les dispositions en vue de parer à ces changements, et ce en densifiant le couvert forestier et végétal du pays et en rationalisant l'utilisation des réserves foncières en milieu urbain et rural, à la fois. Mais, comme l'a noté le même commentateur, le côté irrationnel dans tout ceci, est que toute cette voracité foncière et immobilière a été accompagnée par une hausse excessive des loyers et des prix de vente des nouveaux logements.