Le Temps-Agences - Recevant Condoleezza Rice et Robert Gates, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie pourrait dénoncer le Traité des forces nucléaires (TFN) de 1987 sur les missiles de portée intermédiaire s'il n'est pas étendu à d'autres pays. Il a aussi invité la secrétaire d'Etat et le secrétaire américain à la Défense à ne pas précipiter la mise en ouvre de leur projet de bouclier antimissile en Europe orientale. La Russie a déjà annoncé son intention de suspendre l'application d'un autre accord remontant à la Guerre froide, le traité des Forces conventionnelles en Europe (FCE), en raison de désaccords avec l'Otan. Poutine, qui a rencontré Rice et Gates dans sa résidence, non loin de Moscou, a déclaré que d'autres pays devraient se joindre au TFN. "Si nous ne réussissons pas à atteindre cet objectif (...) il sera difficile pour nous de rester dans le cadre du traité, dans une situation où d'autres pays développent de tels systèmes d'armement, et parmi eux des pays de notre proche voisinage". Le TFN interdit à la Russie et aux Etats-Unis de déployer des missiles à moyenne portée. La Russie fait valoir que cela l'empêche de se protéger efficacement sur ses frontières orientale et méridionale contre des pays dont l'arsenal s'étend, notamment l'Iran, l'Inde et le Pakistan. Simon Saradjian, un analyste moscovite indépendant, note que la menace de retrait du traité va aussi mettre Moscou en position de force dans ses discussions stratégiques avec les Etats-Unis. "A court terme, il s'agit d'une monnaie d'échange dans les négociations plus larges sur le contrôle des armements, notamment sur la question d'étendre le traité Start et sur l'avenir du traité FCE", estime-t-il. "A moyen terme, la Russie aimerait disposer d'outils plus adéquats dans son arsenal de dissuasion de ses voisins qui, à la différence de la Russie, ont les mains libres pour acquérir des missiles conventionnels à moyenne portée". Le traité Start sur les armes nucléaires stratégiques expire en 2009. Washington a fait part de son intention de ne pas le renouveler et Moscou s'interroge sur ce qui le remplacera.