Après la Révolution, personne n'a pu prévenir la venue de cette vague importante d'inflation qui consiste en l'augmentation générale des prix touchant tous les secteurs. Les Tunisiens étaient optimistes car ils allaient édifier une nouvelle Tunisie et participer au processus de la construction de la deuxième République croyant qu'ils allaient enfin respirer . Sauf qu'à la place des grands voleurs chassés de la Tunisie en Janvier 2014 , des petits voleurs et profiteurs se sont installés un peu partout dans le pays dans le but de duper le citoyen. Au marché central de Tunis, les vendeurs sont debout devant leurs marchandises intouchées et les gens, peu nombreux, se baladent dans les couloirs en regardant du coin de l'œil les prix affichés: Ces derniers varient de un à trois dinars cinq cents millmes le kilo pour les légumes : Les pommes de terre se vendent à 1d 200 le kilo, les tomates à 1d 400, les oignons à 1d 600, les poivrons à 1d 950, la laitue à 1d, les citrons à 1d 200, les petits pois à 2d 600 et le concombres à 3d 500 le kilo. Au marché central, les fruits sont plus chers : les pommes se vendent entre 1d 400 et 1d 750 le kilo, Les oranges à 1d, la grenade à 1d 600, les bananes à 2d 300 et les dattes à 7d 500. Absence de contrôle des prix Mme Baya, 65 ans, dénonce d'emblée l'absence de contrôle car les vendeurs non seulement affichent les prix qui leur conviennent sans obéir à aucune règle, mais en plus vendent une marchandise mal présentée et presque pourrie à des prix élevés. " Le marché central est le plus cher des marchés et personne ne sait pourquoi. Ailleurs, les légumes se vendent à moitié prix " a-t-elle résumé. Mère de deux jeunes hommes qui ne travaillent pas et femme au foyer, elle avoue ne plus pouvoir suivre le rythme croissant de la cherté de la vie. Devant le loyer et les dépenses essentielles du quotidien, Un petit salaire qui s'aligne au SMIG s'achève au bout de deux semaines. a-t-elle ajouté. Mme Baya continue en disant que les conditions étaient bien meilleures et qu'elle vivait mieux avec le même salaire, avant la Révolution quand tout était moins cher. Elle clôt son intervention en criant qu'à l'ère de Ben Ali , elle faisait partie de la classe moyenne et que rien ne lui manquait . Après la Révolution, aujourd'hui, elle appartient à la classe des pauvres. Plus rien n'est comme avant Mr Kamel Manai, 63 ans, commence son intervention ainsi : "Depuis que Ben Ali a quitté la Tunisie, tout a été bouleversé et plus rien n'est comme avant ". Il établit une comparaison entre la valeur de l'argent avant et après la révolution en indiquant que sa femme et lui arrivaient aisément à acheter toutes sortes de fruits et de légumes pour toute la semaine à seulement 10 dinars et que de nos jours il lui faudrait plus de 30 dinars pour acheter exactement la même chose. Il a insisté vers la fin , sur le fait que, malgrè tout, les anciennes générations sont sauvées et que ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui bataillent pour survivre avec le niveau de vie très élevé et les salaires très modestes . Mr Salah Trabelsi, père de deux enfants en bas âge, un couffin vide à la main, déclare au Temps qu'il a une pension qui lui permet d'acheter à peine du pain et du lait. Les légumes sont très chers pour lui; ne parlons pas des fruits. En voyant les citoyens se plaindre du niveau de vie et exprimer leur frustration face à ces prix exorbitants, nombre de vendeurs ont manifesté leur mécontentement par une agressivité telle qu'on croirait que quelqu'un les a attaqués. Ils veulent, cependant, vendre comme ils veulent en doublant voire triplant leur marge de bénéfice; et tirer profit du pauvre citoyen sans que celui-ci ne dise un mot. En un mot, le citoyen tunisien reste toujours fidèle à sa position de victime de mensonges et d'arnaques. Quand il menait une vie décente et qu'il pouvait s'acheter des fruits et des légumes, on lui a ôté sa liberté d'expression et le jour où on le lui a redonnée sur un plateau et qu'il pouvait tout dire à tout moment, le tunisien a perdu son pouvoir d'achat. Décidément, il semble qu'il y a toujours un prix à payer.