Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, a procédé, mardi après midi 16 décembre, à l'inauguration du pôle sécuritaire et du pôle judiciaire pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, dans la zone de l'aéroport international de TunisCarthage, en présence de nombreux ministres et de membres du corps diplomatique accrédité à Tunis. Le chef du gouvernement a indiqué que cette réalisation entre dans le cadre de l'approche globale que la Tunisie a adoptée en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, notant que l'idée de créer ces deux pôles remonte à avril dernier mais le gouvernement a tenu à la concrétiser avant la fin de cette année, car il s'est avéré nécessaire de renforcer le plan à court terme de lutte contre le terrorisme, reposant sur les actions sur le terrain face aux menaces terroristes, par un plan et une stratégie à long terme visant une lutte de longue haleine contre le terrorisme, vu qu'il s'agit d'un phénomène qui dure dans le temps, signalant qu'il a été procédé à cet effet à la mise en place d'une agence de renseignement au sein des organes militaires, puis sur avis des spécialistes et au vu de l'expérience d'autres pays, nous avons pensé à créer ce pôle sécuritaire pour la lutte contre le terrorisme. Il a émis l'espoir que ce travail sera poursuivi par le nouveau gouvernement et qu'il sera couronné par la mise en place d'une Agence nationale de la sécurité nationale. Le pôle sécuritaire de lutte contre le terrorisme a été créé dans le cadre de la coopération avec d'autres partenaires et d'autres pays. Collecte et analyse des données S'agissant des missions du pôle sécuritaire pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, le ministre de l'intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a indiqué, aux journalistes, qu'il s'agit d'une structure complètement indépendante du pôle judiciaire et qu'il n'existe aucun lien entre les deux pôles mais que des raisons sécuritaires ont déterminé leur regroupement dans un même bâtiment. Il a aussi signalé qu'il n'existe aucun chevauchement entre les missions du pôle sécuritaire et de celles du ministère de l'intérieur, soulignant que la mission du pôle sécuritaire pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé est de collecter les données et les informations sur le terrorisme à partir des différentes sources, comme l'Internet, la presse, outre les données et les informations fournies par le ministère de l'intérieur, puis de les traiter et de les analyser de manière à connaitre les bonnes informations propres à être prises en considération et celles qui ne le méritent pas afin de savoir les véritables menaces et celles qui ne le sont pas, puis à la lumière de ce traitement et de cette analyse, le pôle émet les recommandations sur ce qui doit être entrepris. Le ministre de l'intérieur a signalé que le pôle sécuritaire pour la lutte contre le terrorisme regroupe des fonctionnaires et des agents de plusieurs ministères et établissements gouvernementaux dont notamment le ministère de l'intérieur, le ministère de la défense nationale, le ministère de la justice, le ministère des finances, la douane, les services pénitentiaires et de réhabilitation. Il a noté que le pôle sécuritaire n'a pas ainsi des missions d'enquêtes et de recherches ou d'actions sur le terrain. En réponse aux questions des journalistes, le ministre de l'intérieur a indiqué que nous avons une grande quantité d'informations et de données provenant de sources étrangères et intérieures qui ont besoin d'être traitées et analysées afin d'en tirer le meilleur parti dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Il a insisté sur la neutralité du pôle sécuritaire pour la lutte contre le terrorisme niant qu'il soit inféodé à des personnes en particulier et disant qu'il s'agit là de propos dénués de tout fondement, puisque le pôle regroupe des fonctionnaires et des agents publics de divers ministères et de divers organismes étatiques. Mission du pôle judiciaire De son côté, le ministre de la justice et des droits de l'homme , Hafedh Ben Salah, a démenti que le pôle judiciaire soit un tribunal exceptionnel, notant qu'il dépend du tribunal de première instance de Tunis auquel la loi relative à la lutte contre le terrorisme de 2003 a conféré la compétence exclusive d'examiner les affaires relatives aux crimes terroristes, et ce en attendant l'adoption de la nouvelle loi sur la lutte contre le terrorisme par la nouvelle assemblée représentative du peuple, car c'est cette nouvelle loi qui a stipulé la création du pôle judiciaire pour la lutte contre le terrorisme. Le pôle judiciaire contient actuellement les bureaux du procureur de la république, et ceux des juges d'instruction, en attendant d'y installer, dans une étape ultérieure, des salles d'audience. Le ministre a noté que les mêmes juges d'instruction chargés d'instruire les dossiers relatifs aux crimes terroristes au tribunal de première instance de Tunis ont été affectés au pôle judiciaire qui offre de meilleures conditions de travail.