au salaire minimum Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy a annoncé, vendredi 26 décembre, une hausse prochaine de 0,5 % du salaire minimum mensuel, à 649 euros. Les pensions mensuelles de retraite des fonctionnaires augmenteront, elles aussi, de 0,25 %. Cette annonce survient alors que l'année 2015 sera marquée par des élections législatives, prévues en novembre, pour lesquelles le Parti populaire de M. Rajoy, au pouvoir depuis fin 2011, arrive en deuxième position selon plusieurs sondages. Aussi minime soit-il, ce « coup de pouce » constitue un petit signe dans une économie espagnole en phase de reprise, mais qui a, pour une bonne partie, retrouvé des couleurs, et de la compétitivité, grâce à la « modération » salariale, liée à la réforme du marché du travail. Les salaires ont ainsi fondu de 12 % entre 2010 et 2012, selon la Fondation d'études d'économie appliquée. Les revenus moyens par foyer ont baissé de 9,5 % entre 2008 et 2012. Madrid avait mis l'accent sur les ajustements dans le secteur privé, dès 2009. Les syndicats ont accepté des accords de modération salariale considérable, tandis que le gouvernement a lancé, en février 2012, une grande réforme du marché du travail : baisse du coût des licenciements des travailleurs en contrat à durée indéterminée (CDI), flexibilisation des contrats, facilitation du recours en temps partiel. « La réforme du marché du travail a facilité la baisse des salaires et des coûts de licenciement, l'augmentation de la flexibilité et de la mobilité professionnelle, indique Javier Diaz-Gimenez, professeur d'économie à l'IESE Business School. Mais ce qui a le plus pesé, c'est la peur du chômage. Les Espagnols ont accepté une baisse des revenus, sans faire grève, parce qu'ils voyaient croître les licenciements. » Appauvrissement de la population active Si l'économie espagnole a retrouvé le chemin de la croissance - le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,5 % au troisième trimestre, pour le cinquième trimestre consécutif - les Espagnols eux-mêmes n'ont cependant guère profité de cette reprise. Ils doivent composer avec un chômage très élevé (23,67 %) et un pouvoir d'achat - pour ceux qui travaillent - qui a reculé. La proportion de salariés espagnols vivant du salaire minimum a augmenté avec la crise économique. En 2013, 34 % des 16,68 millions de salariés ont touché une paie de 645 euros maximum par mois (soit 9 030 euros par an, le salaire étant versé sur 14 mois), selon les chiffres de l'Agence nationale des impôts. En 2007, ils n'étaient « que » 30 %. Pour 3,6 millions de salariés, le salaire mensuel n'a pas dépassé 322,50 euros l'an dernier. Les femmes, les jeunes et les étrangers sont particulièrement touchés par ce phénomène d'appauvrissement. L'an dernier, 2,92 millions de femmes étaient payées au salaire minimum ou moins, contre 2,84 millions d'hommes, selon l'agence fiscale espagnole. 75 % des jeunes âgés de 18 à 25 ans touchent le salaire minimum ou moins. La proportion est de 59 % parmi les salariés étrangers. Une étude sur les salaires de l'Organisation internationale du travail (OIT), publiée début décembre, a montré que les inégalités ont également augmenté dans la moitié des pays dans le monde, et tout particulièrement aux Etats-Unis et en Espagne. Selon l'OIT, les classes moyennes les plus affectées durant les années de crise sont notamment en Espagne (et en Irlande). Le retour des créations d'emplois Le 20 juin, après quatre ans de politiques d'austérité, le gouvernement avait déjà annoncé une baisse de 12,5 % en moyenne de l'impôt sur le revenu durant les deux prochaines années. La mesure, qui concerne vingt millions de contribuables, a été officiellement présentée comme une façon de permettre aux Espagnols de profiter enfin de la reprise économique. Vendredi, M. Rajoy a assuré d'un « décollage définitif » de l'économie espagnole en 2015 et promis que le taux de chômage baissera l'an prochain. L'économie espagnole s'est remise à créer des emplois pour la première fois depuis 2007 (550 000 aux deuxième et troisième trimestres), après en avoir détruit 3,5 millions d'emplois entre 2007 et 2013. La Banque d'Espagne prévoit une croissance de 2 % en 2015, après une hausse du PIB de 1,4 % cette année.