Aujourd'hui, c'est le dernier esquissé de l'an 2014. Une année tumultueuse à tous les niveaux. L'année économique n'a pas été sereine même plus difficile que prévu. Les Tunisiens se défont d'un épisode mi-figue, mi-raisin et formulent l'espoir de voir l'année 2015 leur apportant un minimum de quiétude éco-politico-sociale. La fin de la phase transitoire et le franc succès des élections présidentielle et législatives offrent à la Tunisie et par la même l'économie nationale un « second » souffle. Tout reste lié à la capacité du prochain gouvernement de Nidaa Tounes de savoir gérer et composer avec le bourbier économique? Même si l'on ne cesse d'affirmer qu'il n'y a pas de baguette magique, les défis économiques sont nombreux. A commencer par le déficit frappant des équilibres globaux, la chute libre du pouvoir d'achat, l'élargissement du déficit commercial et du déficit budgétaire, le ralentissement des exportations et la baisse des entrées touristiques outre la dépréciation du dinar et la morosité de la production industrielle. Un tableau sombre et alarmant qui interpelle les futurs décideurs à agir de concert pour sortir l'économie nationale du gouffre, reprendre le rythme de la croissance, réduire le taux de chômage et contrecarrer les fortes disparités régionales. Retour sur le bilan de l'année 2014. Une croissance timide voire faible de 2.5% Plusieurs facteurs endogènes et exogènes ont contribué à la baisse remarquable de la croissance durant les quatre dernières années. Hormis la crise européenne et le rapetissement de la demande étrangère notamment celle européenne ont concouru à la baisse des exportations et à l'élargissement du déficit commercial. Sur le plan national, la lenteur de la transition démocratique en Tunisie outre les tensions politiques et surtout les assassinats politiques et la maldonne terroriste ont plumé l'économie nationale. Des variables pour la plupart A-économiques ont contribué à la baisse des investissements étrangers, à la faillite de nombreuses entreprises industrielles, à la détérioration du climat des affaires et à l'inertie du secteur touristique. D'où le manque de visibilité et de confiance envers l'économie nationale. Par ailleurs, le ralentissement de la consommation et le faible taux de productivité ont contribué à l'alourdissement de la note. A souligner que l'économie nationale a enregistré au cours des quatre dernières années, un taux de croissance annuel moyen de 1,7% contre une moyenne de 4,4% au cours de la période (2000-2010). La Tunisie a passé au cours d'une moyenne de croissance vacillant entre 4 et5% avant la Révolution à une fourchette de 2 à 3% post Révolution. Ainsi, le gouvernement Jomâa table sur une croissance de 2.5% cette année contre 2,8% prévus initialement. Il va sans dire que la hausse de 3,1% de la consommation locale a tiré le niveau de la croissance vers le haut et demeure incontestablement la dynamo de la croissance économique depuis 2010. Doublement du déficit commercial en 4 ans Le déficit alarmant de la balance commerciale est un autre indicateur de référence faisant montre de la fragilité de l'économie nationale. Le déficit commercial est passé de 5533,6 MDT en 2010 à 12566,3 MDT au terme des 11 mois 2014. Un ralentissement remarquable du rythme des exportations tunisiennes outre la dépréciation de la valeur du dinar tunisien n'ont fait qu'élargir le déficit et rabaisser le taux de couverture des importations par les exportations pour atteindre le seuil fatidique de 67,3% au mois de novembre 2014 contre un taux de couverture de 73,6% enregistré en 2010. Par secteur d'activité, l'élargissement du déficit commercial est dû principalement à la baisse des exportations dans le secteur de l'agriculture et des industries agroalimentaires, mais aussi dans les secteurs non manufacturières dont notamment les secteurs l'énergie, du phosphate et des mines. Il faut dire que la recrudescence des mouvements de protestation et de débrayages dans le bassin minier outre la baisse de l'activité d'extraction pétrolière n'ont fait qu'aggraver la baisse de régime des exportations tunisiennes, pilier de l'économie nationale sans pour autant occulter les contrecoups de la crise européenne. Le déséquilibre de la balance agricole et énergétique est d'ailleurs énorme. Aujourd'hui, la correction du déficit commercial est une urgence nationale. Détérioration du pouvoir d'achat Le panier de la ménagère prime sur toute autre considération pour reléguer au dernier rang le politique et tout ce qui s'ensuit. L'année 2014 a été également marquée par la flambée des prix à la consommation familiale, notamment des prix des produits alimentaires, de la facture de l'électricité, du gaz, et de la SONEDE outre la frénésie des coûts des loyers. Ça flambe de partout en Tunisie et devant le gel des négociations sociales, le consommateur tunisien crie aux haros. Il va sans dire que la consommation contribue à hauteur de 89% dans la croissance économique du pays. Même si le niveau de l'inflation a légèrement régressé cette année en comparaison avec l'année 2013, il reste quand même très élevé avoisinant les 5,2% au terme des 11 premiers mois de l'année 2014. Baisse des flux des IDE et des investissements déclarés dans les zones de développement régional L'instabilité politique, la menace terroriste et l'absence de visibilité ont marqué la période de transition. D'où la baisse des investissements étrangers et des intentions des investissements industriels en Tunisie sans parler des entreprises qui ont plié bagage juste après la Révolution. L'on parlait déjà de plus de 200 entreprises qui ont fait faillite. Malgré les efforts diplomatiques et les efforts déployés pour promouvoir le site Tunisie, les flux des investissements directs étrangers ont baissé de 12,9% par rapport au huit premiers mois de l'année 2013 et de 31% par rapport à 2010. Le recul des investissements a d'ailleurs touché tous les secteurs à l'exception du secteur des services qui a enregistré une évolution positive de 21,8% (8 mois 2013/2014) contre une chute de 37,2% dans le secteur industriel. Les intentions des investissements industriels ont également nettement chuté au cours de l'année en cours, soit une baisse de 6,1% au terme du mois de novembre 2014. 488 projets sont déclarés dans l'industrie dont les investissements sont supérieurs à 1 MD. Il va sans dire les onze premiers mois 2014 ont été caractérisés par une baisse au niveau de l'investissement déclaré dans les zones de développement régional de 29.5% avec 1283.6 MD contre 1820.4 MD au cours de la même période 2013. Sidi Bouzid est la région la plus affectée avec une baisse de plus de 88% des investissements déclarés en valeur et de 62,4% des emplois créés. 2014 en chiffres Croissance : 2 ,5% Investissements : accroissement 2,3% du rythme des investissements, soit un taux d'investissement de 19,2% du PIB Déficit budgétaire : 5,8% du PIB Déficit courant : 8,7% du PIB Inflation : 5,7% 2015 en chiffres Croissance : 3% Investissements : accroissement de 8,3% Déficit commercial : 6,6% du PIB Déficit courant :7,5% du PIB Inflation : 5,3% La BCT prédit de bonnes perspectives sur le plan économique Le Conseil d'administration de la BCT note avec satisfaction la détente de la situation politique suite à l'achèvement du processus de transition démocratique couronné de succès, ce qui comporte, en soi, des messages rassurants pour les opérateurs et les investisseurs à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, et augure de perspectives positives sur le plan économique. A cet égard, il insiste sur la nécessité, pour tous, de s'investir pleinement pour exploiter au mieux ce climat favorable afin de stimuler l'activité économique et d'accélérer le rythme des réformes nécessaires à jeter les bases de la croissance économique et de la stabilité financière requises. Lors de l'examen des derniers indicateurs sectoriels disponibles, le Conseil a relevé une hausse de l'indice général de la production industrielle au cours des neuf premiers mois de l'année 2014, le fléchissement des indicateurs d'activité dans le secteur des services au terme du mois de novembre 2014, notamment le tourisme et le transport aérien, une certaine amélioration du rythme des dépôts bancaires, une stabilité du dinar face à l'euro, et une dépréciation de 11,5% vis-à-vis du dollar outre l'évolution positive des avoirs en devises.