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«Les mots-clés des prochaines trois années sont le travail et la discipline»
Publié dans Le Temps le 28 - 01 - 2015

Entretien conduit par HafedhGHRIBI et Salma BOURAOUI
A la veille de son départ du palais de la Kasbah, l'ancien chef-du-gouvernement, Mehdi Jomaâ, nous y a reçus afin de répondre à nos questions. Des questions qui ont tourné autour des plus grands dossiers qui ont marqué l'année de l'équipe de Jomaâ à la tête du pays et des moments de crises les plus aiguës que cette équipe a eu à gérer. Mehdi Jomaâ est aussi revenu sur ses projets d'avenir et sa prochaine destination.
Le Temps : Après une année passée à diriger les travaux du gouvernement, vous vous apprêtez aujourd'hui à quitter le palais de la Kasbah. Dans quel état vous avez trouvé les situations économique, sociale et financière et dans quel état sont-elles à l'heure actuelle surtout que l'on parle aujourd'hui d'un recul en termes d'indice de croissance ?
Medi Jomâa : A notre arrivée au pouvoir, nous avons demandé un audit de la situation, chose qui a été faite en collaboration avec différents partis et organismes, cet audit a été publié dans les journaux et communiqué au grand public. Les dysfonctionnements les plus importants ont été relevés au niveau des équilibres économiques majeurs et surtout, au niveau des finances publiques qui ont beaucoup souffert des compensations et des augmentations salariales. En fait, la situation peut facilement être expliquée : les revenus s'estiment à vingt milliards de dinars et les dépenses s'élèvent à plus de trente milliards de dinars. Le déséquilibre est très important ce qui a provoqué un déficit de 6,8%. Si on avait les choses telles qu'elles l'étaient, ce déficit aurait atteint 9,2% en fin de l'année 2014. Mais, après les différents efforts, on a clôturé l'année 2014 avec un déficit de 4,6%. On a annoncé, dès le début de notre expérience, que cela était notre priorité absolue puisqu'on ne peut changer et améliorer la situation sans une réforme du déficit. Bien évidemment, cela n'est pas ressenti par les citoyens dans leur quotidien et dans l'immédiat, mais, sans cette amélioration au niveau du déficit, il y aurait eu des dégâts intenables dans le court et le long-terme. Nous avons tout fait pour aboutir à cela, c'est vrai que nous l'avons pas stoppé, puisque nous n'avons pas disposé d'assez de temps, mais, au moins, le déficit s'est réduit pour une économie meilleure dans l'avenir. En ce qui concerne l'économie, nous nous sommes promis d'effectuer quelques réformes et nous avons commencé par celles qui concernent les fiscalités, les banques et les caisses de compensation. Nous avons beaucoup avancé sur ces trois volets. Aujourd'hui, nous quittons la Kasbah en laissant un budget de compensation très réduit par rapport à ce qu'il était. En réformant le budget de compensation, nous avons essayé de ne pas y inclure les plus démunis. D'ailleurs, dans toutes les réformes qu'on a entreprises, nous avons toujours suivi une méthodologie de gradation selon les taux de consommation. Pour que l'on soit clair, les réformes qu'on a effectuées ne donnent pas de résultats immédiats ; les réformes fiscales entreront en vigueur cette année – on n'a pas augmenté les coûts fiscaux pour les citoyens mais nous avons effectué quelques changements en ce qui concerne l'éligibilité –, la lutte contre la contrebande a bien été lancée mais elle continuera lors des prochaines années, et bien d'autres problèmes ayant des liens, de loin ou de près, avec l'économie commencent à être résolus. L'inflation a aussi été l'une de nos priorités puisque, malgré le fait que les prix ont connu une augmentation, l'inflation a baissé avec un taux de 5,2%, alors qu'elle était à 5,8%. Même si on a été sollicité pour une année, on s'est inscrit dans le long-terme. On a travaillé avec la logique qui dit que, même si on ne peut pas régler le problème sur le champ, on gagne un an en lançant sa solution sur le champ. Les réformes de l'économie sont des cycles longs, c'est pour cela que j'ai toujours insisté sur le fait que la réanimation de l'économie de notre pays aura besoin d'au moins trois ans. Ce qu'il faut que l'on comprenne une fois pour toute, c'est que la réanimation économique ne peut pas provenir d'une décision, la réanimation économique demande de l'investissement, et l'investissement est très difficile à amener quand le pays traverse une période transitoire. Notre réussite au niveau électoral et le passage à la stabilité politique va attirer les investissements. Sans ces conditions, peu importe les efforts que l'on peut effectuer, l'économie ne peut connaître d'amélioration. A ce sujet, je veux passer un message à tout le monde : il nous faut une trêve sociale et politique pour que l'on puisse débloquer un terrain favorable à l'attraction des investisseurs étrangers qui pourront apporter un effet positif à notre économie. A l'Assemblée Nationale Constituante, on nous demandé pourquoi nous n'avons pas fixé le taux de croissance à 6%, j'ai expliqué qu'il n'était pas possible de faire cela parce que nous ne disposons pas des conditions propices pour attirer les investissements. Aujourd'hui, nous considérons que nous avons fourni les efforts nécessaires en préservant toujours une transparence permettant à tout le monde de vérifier les travaux effectués. On a même mis en place un dialogue économique qui nous permis d'effectuer quelques améliorations en stoppant quelques phénomènes mettant ainsi fin à la crise qui allait prendre le pays. Les résultats de notre travail se constatent même au niveau international puisque la Tunisie a été nommée pays de l'année par The Economist, d'autres agences de notation ont aussi affirmé que la Tunisie a connu des améliorations lors de l'année précédente. Tout cela, c'est grâce à nos efforts, mais il faut que cela continue sur les trois années à venir. Dans la prochaine étape, il faut que la stabilité revienne et que les efforts continuent pour que l'économie soit sauvée. On a essayé, pendant quatre ans, des recettes toutes faites qui consistent à donner et à répondre affirmatif à toutes les réclamations, on a vu où cela nous a conduit. A présent, il faut mettre en place une bonne analyse des problèmes et trouver des solutions qui assurent la continuité afin que, dans deux ou trois ans, l'économie nationale se redresse.
Vous allez certainement rencontrer Habib Essid avant la passation, qu'allez-vous lui conseiller ?
- Nos rencontres ne tournent pas réellement autour des conseils. J'essaie plutôt de le mettre au courant de la situation et de tous les détails. Je lui communiquerai aussi nos pensées et nos suggestions en ce qui concerne les grands dossiers, mais, c'est à lui de décider de la prochaine phase.
Quel genre de suggestions lui proposerez-vous ?
- On évoque tous les domaines et précisément de l'économie et les réformes qu'on y a effectuées. Il faut que le prochain gouvernement continue dans la réforme fiscale, la réforme de la compensation – qui concernera uniquement les citoyens disposant de moyens de vie aisés –, la réforme du système informatique de l'Administration tunisienne et de sa loi. Cette dernière nécessite encore quelques mois pour être effectuée. En mettant en place un bon système informatique au profit de l'Administration et en améliorant la loi administrative, on pourra permettre la facilitation des procédures administratives parce qu'aujourd'hui, toutes les données sont disponibles chez l'Administration. Parce que, actuellement, quand un citoyen a besoin de constituer un dossier, il est obligé de procurer des documents existants déjà au sein de l'Administration, cela nous fait un travail en double et notre réforme va nous permettre d'éviter cela. Cela nous fera gagner en temps, en productivité, et donc, en argent. L'amélioration du rendement administratif en ce qui concerne les investissements publics a été notre plus grande priorité parce que nous avons remarqué que le problème de ces derniers n'était pas le financement mais la complexité des démarches administratives et bureaucratiques.
Et quelles suggestions présenterez-vous au prochain chef-du-gouvernement en ce qui concerne le volet social ?
- Le social est intimement lié à l'économique. Nous avons fourni beaucoup d'efforts pour mettre en place de nouvelles fiches pour les familles démunies, le SMIG a été augmenté de 11%, on a eu une grande collaboration avec l'UGTT et l'UTICA, on a développé de nouvelles traditions de communication facilitant ainsi les grands débats. Malgré ce qui s'est passé dernièrement avec les grèves de transport, et qui, selon moi, est le fruit d'une grande pression à cause de l'approche de la passation des pouvoirs et des tensions qui vont avec, nous avons traité avec sagacité et nous sommes arrivés à trouver une issue à cette crise.
Quel-est, selon vous, le dossier le plus urgent pour la prochaine équipe gouvernementale ?
- Nous avons avancé sur le dossier sécuritaire et il faut que les efforts continuent dans ce sens parce que la priorité qui s'est imposée d'elle-même. Une priorité qui ne figurait pas dans la lettre qu'on m'a remise quand j'ai été désigné officiellement chef-du-gouvernement. Grâce aux avancements que nous avons pu effectuer, nous avons pu dépasser tant de crises. La confiance de l'opinion publique vis-à-vis des deux ministères sécuritaires a été rétablie. On a essayé d'apporter des nouveautés au niveau de l'information, de la lutte contre le terrorisme, on a mis en place un organe de renseignements au sein du ministère de la Défense Nationale etc. Plus de dix projets vont être entrepris en 2015 au sein desdits ministères, si, bien sûr, la nouvelle équipe gouvernementale estime qu'il est utile de le faire.
Est-ce que vous pensez que la priorité absolue doit être accordée au dossier économique ?
- Oui parce que ce dernier est intiment lié au volet social. On a pris beaucoup d'avance au niveau du dossier politique avec l'achèvement de la Constitution, du processus électoral etc. On a réussi le volet politique et maintenant il faut s'occuper du dossier économique.
Donc votre mission résidait essentiellement en cela ?
- Oui. Notre mission fondamentale était de mettre en place les élections et de les réussir. Nous avons fait beaucoup d'efforts pour neutraliser l'Administration tunisienne, et, heureusement, jusqu'à présent, je n'ai eu aucune critique ni accusation d'une quelconque implication de ladite Administration dans le processus électoral. Malgré les différentes menaces terroristes, nous avons pu réussir ces élections. A leur achèvement, l'ambiance politique du pays était plutôt calme et cela n'était pas du tout évident, si ce n'était l'évidence que tous les partis politiques acceptaient les résultats des législatives avec plus de 1300 listes candidates. C'est notre plus grande réussite. Tous les partis et les organismes, nationaux et internationaux, témoignent de cette grande réussite pour la Tunisie. Donc oui, nous avons assuré notre mission principale tout en essayant d'apporter d'autres améliorations à différents volets, on espère que le prochain gouvernement continuera sur la même voie.
Vous avez été critiqué dernièrement à cause de vos derniers voyages, certains vous ont même accusé de vouloir profiter de votre poste jusqu'à la dernière seconde, que répondez-vous à cela ?
- On avait des engagements avec plusieurs Etats et organismes internationaux, comme la rencontre de Davos où les plus grands décideurs du monde se rencontrent. L'année dernière, on n'avait pas pu y participer, cette année, on ne pouvait le rater. J'ai reçu une invitation personnelle en tant que Mehdi Jomaâ et en tant que chef-du-gouvernement, mais j'avais tout-de-même tenu à préciser que si jamais, entre temps, il y avait un nouveau chef-du-gouvernement, l'invitation irait à ce dernier. Finalement, et après en avoir parlé avec le président de la République, je m'y étais rendu et j'avais représenté mon pays. En ce qui concerne ma visite à New-York, cela concernait essentiellement la Banque Mondiale.
Au cours de cette année, vous êtes passé par différentes étapes délicates, quelles ont été les parties et les personnes qui vous ont soutenu?
- En premier lieu, c'était mon équipe. D'ailleurs, l'un des indices de la persévérance – pour ne pas dire réussite parce que ce n'est pas à moi d'évaluer ma propre équipe – d'une formation, c'est son union. On était unis et toujours présents pour nous remonter mutuellement le moral. L'opinion publique, qui se traduisait par les différents sondages d'opinion, était aussi une source d'énergie pour nous. De même pour les médias et la société civile qui ont toujours répondu présents lors des étapes difficiles que nous avons traversées comme, notamment, les grandes frappes terroristes. Par moment, et c'est complètement humain, je me sentais un peu seul mais je ne me suis jamais senti déçu, j'avais toujours confiance en mon équipe et je restais persuadé qu'on allait atteindre les objectifs qu'on s'est fixés.
Vous avez cité l'équipe, l'opinion publique, la société civile et même les médias, et les partis politiques dans tout cela ? Ils ne vous ont manifesté aucune forme de soutien?
- Cela ne fait pas encore partie de nos traditions. Mais vous savez, le paysage politique est en plein progrès, je suis sûr qu'arrivera le jour où ce genre de geste deviendra naturel chez nous.
Qu'en était-il de l'Assemblée Nationale Constituante et de la présidence de la République ? Maintenant que vous partez, vous n'êtes plus conditionné par l'obligation de réserve...
- En ce qui me concerne moi, je n'ai aucune réserve, j'ai toujours été honnête, mais, en ce qui concerne les deux institutions que vous venez de citer, l'obligation de réserve est inévitable.
Oui mais l'obligation de réserve prend fin à votre départ de la Kasbah, et c'est le cas aujourd'hui, de plus vous n'allez pas révéler de secret mais vous allez parler de fait...
- Je sais que je m'adresse à des journalistes en quête de révélations. Mais l'obligation de réserve prime. Vous savez, j'ai souvent été sujet à des campagnes de critiques de la part des médias, et je trouve que c'est la chose la plus naturelle au monde. J'ai décidé, dès le début de cette aventure, d'être positif dans mes relations avec les médias. Quand ces derniers me critiquent sur des faits objectivement basés, je prends les remarques en note, parce que les médias sont la force du contrepoids. Par contre, quand ces critiques sont basées sur des fables, cela ne m'éteint point. Les médias ont joué un rôle positif dans mon passage à la Kasbah, ils étaient un peu la boussole de quelques-unes de mes décisions et manœuvres. Quand j'ai constaté l'évolution du secteur médiatique et son soutien à la cause de la lutte contre le terrorisme, je ne peux qu'être du côté des médias. Je choisis moi-même les émissions et les articles qui contiennent des analyses bien bâties, même si je ne partage pas toujours les mêmes visions avec, pour y voir plus clair.
Revenons aux institutions.
- En ce qui concerne l'Assemblée Nationale Constituante, nous allons être positifs...
Nous ne voulons être ni positifs ni négatifs, nous voulons juste avoir quelques révélations...
- Ce gouvernement a persévéré, nous avons choisi de mener beaucoup de réformes de lois. Certaines de ces lois n'ont pas pu être passées à l'ANC, d'autres sont restées en suspens à cause des élections législatives. Comme vous le savez, à la fin de sa mission, l'ANC était devenue de moins en moins active, cela nous a poussés à redoubler nos efforts en ce qui concernait les élections parce que nous avions peur que le pays reste sans institutions.
Comment était votre relation avec l'ANC ?
- On entretenait de bonnes relations.
C'est une réponse diplomatique, nous savons que cette relation a connu quelques crises...
- En effet, nous avons connu un problème avec l'ANC qui était... disons provoqué, un faux problème. On nous a fait extrait de la neutralité vers la logique des conflits. Rien de nouveau n'avait survenu, et pourtant, l'histoire avait tourné vers une affaire nationaliste avec la fameuse histoire d'Israël. Nous sommes certes des ministres, mais avant tout, nous sommes tunisiens, et comme tous les tunisiens, nous avons été élevés sur les principes de l'affaire palestinienne, une affaire pour laquelle nous avons une affection particulière. Bref, cette histoire nous a fait perdre un temps précieux qu'on aurait aimé dépensé sur des dossiers beaucoup plus importants.
Cet incident ne vous a pas fait regretter d'avoir accepté le poste ?
-A aucun moment je n'ai eu de remord concernant ma prise de responsabilité. J'étais face à un problème et il fallait que je l'affronte. J'avais une seule priorité : maintenir l'équipe. Les personnes qui étaient visées par cet incident étaient dans un état de colère et je devais tout faire pour consolider l'union.
Est-ce que ces personnes ont pensé à présenter leur démission ?
- Non, parce que quand je les avais convoquées, tout au début, j'avais imposé une condition : si l'on décidait de dire oui et d'intégrer l'équipe, dés lors, on n'avait plus le droit de démissionner. On était présents pour servir le pays, et on était donc prêts à encaisser des coups d'un peu partout. C'était une opération commandos, on n'avait pas le droit d'abandonner le navire. J'ai tout fait pour éviter la lutte contre l'ANC, et l'union de l'équipe était la solution clé de cette crise.
Est-ce qu'il y a eu des politiciens qui vous ont aidé lors de cette crise ? Est-ce que Rached Ghannouchi a été utile lors de cette crise ?
- Je ne me rappelle plus vraiment de qui a voté pour nous ou de qui a voté contre. Je ne me rappelle non plus des communiqués et les positions des différents partis politiques. L'important c'est qu'on avait dépassé ce problème même s'il nous avait fait perdre un temps énorme.
Quel était l'impact de cet incident sur le pays ?
- Il y a eu beaucoup d'annulations de réservations qui ont été estimées à plus de 200 mille annulations. Heureusement, on a réussi à dépasser cet incident sur le plan diplomatique et les choses ont repris leur cours normal.
Si on revenait à la présidence de la République ?.
- On a essayé de collaborer positivement avec la présidence de la République. Il y a eu quelques incidents de ce côté aussi, notamment avec ce qui s'est passé au Mont Chaanbi. L'acte terroriste de l'époque m'a tellement touché que j'ai voulu soutenir l'Armée sur terrain... A chaque fois qu'on était face à un problème, on essayait de le traiter selon nos prérogatives telles que dictées par le texte, même quand on était sous tension extrême, on avançait avec méthodologie et aucune de nos décisions n'a été prise sur un coup de tête. Le ministre de la Défense Nationale a fait un bon travail, il savait qu'il disposait de compétences au sein de son ministère, il n'a fait que croire en eux et les mettre en avant.
Vous avez été accusé par l'ex-président d'une tentative de coup d'Etat
-L'obligation de réserve ne me donne pas la possibilité de donner plus de détails sur ce sujet.
Mais vous êtes partant, et on a entendu parler de Tribunal militaire dans cette affaire.
- Disons qu'on a essayé de résoudre ce problème avec raison. Même je suis partant, l'obligation de réserve sera le lot des institutions de l'Etat qui vont perdurer.
Si jamais vous êtes appelé à présider la Kasbah de nouveau et que Marzouki est président de la République, le feriez-vous ?
- Je n'ai aucun problème avec personne. Si jamais je suis sollicité de nouveau, je collaborerais avec n'importe quelle personnalité, tant que c'est le peuple qui l'a désignée.
L'expérience pourrait être renouvelée donc pour vous ?
- Pour le moment, non.
Et si jamais le pays avait besoin de vous ?
- La Tunisie a besoin de tous ses enfants. Aujourd'hui, après avoir répondu à l'appel de ma patrie, il faut que je sois disponible à mon devoir en tant que père de famille. Cette famille a besoin de moi aujourd'hui, et j'ai déjà fixé mes priorités.
Aujourd'hui que vous quittez le palais de la Kasbah, est-ce que vous lui dites adieu ou au revoir ?
- Adieu !
On ne vous verra donc pas à la tête d'un parti d'ici quelque temps ?
- Certainement pas.
Quelle est votre prochaine destination ?
- Je suis invité à tenir des conférences aux universités d'Harvard et d'Oxford. Sinon, je n'ai rien voulu planifier avant mon départ pour qu'il n'y ait pas de conflit d'intérêt.
Après avoir été chef-du-gouvernement, pensez-vous que vous pourrez de nouveau travailler sous les commandes d'autres supérieurs ?
- Bien évidemment, j'accepterais même de travailler en tant qu'ingénieur. J'ai tourné la page de chef-du-gouvernement et du pouvoir, maintenant, je retourne à mon travail.
Est-ce qu'on pourrait vous voir dans le domaine du consulting ?
- C'est possible, tout est envisageable.
Vous resterez en Tunisie ?
- Non, je pars. J'irais peut-être à Paris, mais, pour le moment, rien n'est encore décidé.


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