Alors que le lancement officiel du dialogue sociétal sur la réforme de l'éducation vient d'être lancé, un rapport de l'année 2014 publié par le ministère de l'Education fait apparaître les défaillances du système éducatif et recense le taux d'absentéisme aberrant des enseignants. Les pertes en termes de rendement et d'argent sont calamiteuses pour l'avenir d'un secteur, jadis, noble et sur lequel repose, pourtant, le progrès de la Tunisie. La valeur du travail en Tunisie n'est plus de vertu et ce, depuis des décennies. Il ne s'agit-là pas d'une révélation mais d'une réalité poignante. D'ailleurs, la dernière étude en la matière a révélé des chiffres plus qu'alarmants : Nous ne travaillerions que 8 minutes par jour. L'Association tunisienne de lutte contre la corruption a, notamment, parlé d'un taux d'absentéisme avoisinant les 60% dans le secteur public qui abrite à ce jour 700 mille fonctionnaires. Quand les enseignants végètent Mais revenons au secteur de l'éducation. Là encore, le fléau de l'absentéisme a connu son paroxysme ces trois dernières années. En effet, selon le rapport du ministère de tutelle, 2,2 millions de journées de travail sont perdues tous les ans suite aux absences excessives du corps enseignant de l'éducation nationale relevant de tous les niveaux. Rien que sur le plan financier, les pertes se chiffrent en millions de dinars chaque année. Jusque-là, on parle de 57 millions de dinars annuels ce qui équivaut à 2.1% de la masse salariale totale du secteur primaire étatique et 1.6% pour l'enseignement secondaire. De son côté le ministère de l'Education nationale parle d'un d'absentéisme de 4.9% dans l'enseignement primaire de manière générale. Un taux qui dépasse 516 mille journées de travail perdues. En termes d'argent, les pertes sont de l'ordre de 23 millions de dinars. Les cycles de base et secondaire enregistre un taux d'absentéisme de 681 mille journées de travail. Quant aux pertes elles sont de 33,6 millions de dinars. Educateur absent, violence au tournant D'autres anomalies sont relevées dans ledit rapport. Les professionnels, les parents aussi bien que les enseignants sonnent le tocsin sur la propagation du phénomène de la violence dans le milieu éducatif. Les cibles sont essentiellement les apprenants mais également le corps enseignant. Un comportement en décadence qui a touché à tout : l'élève, l'éducateur, l'école et la valeur-même de l'enseignement et du savoir. Une violence qui revêt toutes les formes d'un comportement agressif : verbal et physique. Durant l'année 2013/2014, 8 mille cas de violence ont été recensés à l'échelle nationale. Ces fléaux qui se sont immiscés sournoisement dans le milieu éducatif durant les deux dernières décennies ont déconsidéré la valeur intrinsèque de l'enseignement, le statut de l'éducateur et le respect d'autrui. Ils ont, par ailleurs favorisé le champ à des dépassements de plus en plus dangereux sur l'éducation qui a perdu ses lettres de noblesse aussi bien que sur la santé physique et psychique des enfants. Il suffit d'évoquer le cas des viols dont étaient victimes, récemment, deux enfants de 8 ans. L'absence de leur maîtresse et le laxisme de l'administration de l'école les a indirectement marqués à vie. Nous noterons, par ailleurs, le cas de pédophilie et d'harcèlement sexuels dénoncés, dernièrement, par plusieurs parents d'élèves d'une école sise dans la zone rurale contre le directeur d'école. L'affaire est encore en justice. Le taux d'élèves ayant quitté les bancs de l'école durant l'année 2013/2014 s'est encore élevé par rapport à l'année scolaire d'avant, soit de 1%. Pourvu que le dialogue sociétal autour de la réforme du milieu éducatif apporte ses fruits et rende à ce métier noble sa notoriété d'antan.