La dernière finale de la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF entre le Ghana et le Côte d'Ivoire remonte à 1992. À l'époque, il avait fallu 120 minutes de jeu et 24 tirs au but pour séparer les deux équipes. Abedi Pelé menait alors les Black Stars en tant que capitaine, et avait dû s'incliner. Le 8 février 2015, deux de ses fils auront l'occasion de redorer le blason familial à l'occasion de la finale de la CAN 2015 face aux Eléphants. Buteurs en demi-finale contre la Guinée Equatoriale (3:0), André et Jordan Ayew trouveront face à eux deux autres frères tout aussi déterminés à entrer dans l'histoire, Kolo et Yaya Touré. FIFA.com braque ses projecteurs sur deux fratries incontournables du football africain. Les frères Ayew Lorsqu'on les interroge sur la fameuse finale de 1992, les Ayew se refusent à toute comparaison. "Nous sommes heureux d'être là et je suis sûr que nos supporters sont contents eux aussi. Si nous voulons gagner, ce n'est pas parce que nous avons été battus en 1992, mais parce que nous n'avons plus gagné la Coupe d'Afrique depuis 1982", précise Jordan, auteur de l'ouverture du score contre le pays hôte peu avant la mi-temps, sur penalty. Les deux Ghanéens sont connus pour leur abattage et leur générosité en équipe nationale. Leurs récentes sorties n'ont fait que conforter leur réputation. "Quand je suis en sélection, l'équipe passe avant tout. En club, il faut aussi prendre en compte certains aspects personnels, mais lorsqu'on a la chance de représenter son pays, il faut donner la priorité au collectif", poursuit Jordan. Promu capitaine en demi-finale en l'absence d'Asamoah Gyan, André s'attend à un match très indécis, mais affiche sa détermination : "Les deux équipes ont des arguments. Nous aurons une journée de moins que la Côte d'Ivoire pour récupérer. Nous aurions préféré avoir un peu plus de temps pour nous préparer, mais une finale est une finale. Nous serons prêts. Nous allons tout faire pour ramener le trophée à la maison. Il n'y a pas de mot pour exprimer notre détermination. Les gens se demandent si nous sommes prêts à régner sur l'Afrique après toutes ces années. Si nous ne l'étions pas, nous n'aurions pas battu la Guinée Equatoriale en demi-finale." Les frères Touré Yaya s'est imposé comme l'un des meilleurs au monde à son poste. En dépit de son expérience, le quadruple Joueur africain de l'année a eu besoin de quelques matches pour trouver ses marques dans ce tournoi. Aujourd'hui, le milieu de terrain de Manchester City semble avoir atteint le sommet de sa forme. À en juger par son but et sa performance inspirée contre la RD Congo en demi-finale (3:1), sa sixième participation à la Coupe d'Afrique pourrait être la bonne... Depuis le départ de Didier Drogba, il a aussi pris une autre dimension auprès de ses partenaires. "Je suis très fier d'être capitaine. Je dois donner l'exemple. Nous sommes là car nous voulons gagner le tournoi et montrer aux gens que nous sommes un grand pays de football. Une nouvelle génération arrive et mon rôle consiste à encadrer les jeunes. J'espère mener ma mission à bien en finale." De son côté, le sélectionneur Hervé Renard rejette en bloc toute critique à l'égard de son capitaine. "J'entends dire beaucoup de choses sur Yaya Touré en Afrique, mais c'est un grand joueur. Il nous l'a prouvé en demi-finale. Il peut changer le cours du match sur une action." Les deux frères ont déjà goûté à la défaite en finale de l'épreuve continentale et, bien évidemment, aucun ne tient à renouveler l'expérience. À 33 ans, Kolo a d'ores et déjà fait savoir qu'il comptait prendre sa retraite internationale à l'issue de la compétition. "Ce serait formidable d'arrêter sur une victoire. Nous attendons depuis trop longtemps. Cette fois, nous allons mettre toutes les chances de notre côté pour ramener le trophée à Abidjan", prévient le défenseur de Liverpool. Quelle que soit l'issue de la finale à l'Estadio de Bata, les Ayew et les Touré ne seront pas les premiers frères à remporter la plus prestigieuse des compétitions africaines. Cet honneur revient aux Vassalo, Italo et Luciano, qui comptent parmi les plus grands joueurs éthiopiens de tous les temps. Le second a porté le brassard de capitaine, tandis que le premier a signé un but décisif en finale de l'édition 1962. Depuis, d'autres fratries leur ont succédé au palmarès : François Omam-Biyik et André Kana-Biyik, vainqueurs avec le Cameroun en 1988, ou encore Felix et Christopher Katongo, lauréats de l'épreuve en 2012 avec la Zambie. Géants africains en de bonnes mains ! Le dernier sacre des Ghanéens remonte à 1982. À l'époque, ils avaient battu la Libye aux tirs au but. Les coéquipiers d'André Ayew ont validé leur billet pour le dernier match du tournoi en s'imposant 3:0 devant la Guinée Equatoriale. Le seul triomphe ivoirien date de 1992, mais le net succès 3:1 sur la RD Congo dans le dernier carré est de nature à susciter l'optimisme. Toutefois, cette incapacité à traduire une indéniable domination en titres n'est pas le seul point commun entre les deux formations. Le Ghana et la Côte d'Ivoire ont réalisé des parcours décevants en Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014 et enregistré l'arrivée de nouveaux sélectionneurs avant la phase finale de la Coupe d'Afrique. La Fédération ivoirienne a jeté son dévolu sur le Français Hervé Renard, qui avait mené la Zambie au titre continental en 2012 en battant... la Côte d'Ivoire en finale. Les dirigeants ghanéens ont quant à eux maintenu James Kwesi Appiah pendant quelques mois après l'épreuve suprême. Au terme d'une brève période d'intérim, ils ont finalement confié les rênes de la sélection à Avram Grant, l'ancien entraîneur de Chelsea. Le technicien israélien, qui n'avait encore jamais travaillé en Afrique, n'a eu que six semaines pour préparer le tournoi. Grant a eu le mérite de prendre des décisions courageuses. Il a ainsi relégué le défenseur John Boye sur le banc et fait une place à des joueurs méconnus comme Kwesi Appiah, actuellement prêté à Cambridge United en quatrième division anglaise, par Crystal Palace. Entré en jeu pour le dernier match de groupe du Ghana face à l'Afrique du Sud, le jeune attaquant a livré une performance brillante contre la Guinée en quart de finale. Son sélectionneur lui a donc maintenu sa confiance lors du tour suivant. À leur arrivée en Guinée Equatoriale, les Black Stars ne comptaient pas parmi les favoris. Leur défaite d'entrée face au Sénégal n'a évidemment pas contribué à redorer leur blason. "Nous avons perdu le premier match et nous avons gagné le deuxième à la dernière minute. Il nous fallait prendre les trois points lors de la dernière journée et c'est ce que nous avons fait, après avoir été menés au score. Nous jouons de mieux en mieux et nous marquons beaucoup de buts. Mes joueurs ont su se relever dans l'adversité pour montrer aux Ghanéens qu'ils pouvaient compter sur eux", estimait Avram Grant après la victoire face au pays hôte. L'ex-manager des Blues a construit son équipe autour des capitaines Asamoah Gyan et André Ayew, mais aussi de vieux habitués des joutes internationales comme Christian Atsu et Harrison Afful. "Notre place en finale est d'autant plus savoureuse que personne ne nous donnait la moindre chance. À chaque fois que l'on parlait d'une autre équipe, c'était pour dire qu'elle était meilleure que la nôtre. Pourtant, nous sommes bel et bien en finale et maintenant, nous comptons bien ramener le trophée à la maison", annonce l'Israélien. La révolution de Renard Pour remporter son premier grand titre international, Grant devra venir à bout d'un redoutable stratège en la personne d'Hervé Renard. Le Français avait pourtant assuré avant le coup d'envoi qu'il ne faudrait pas trop compter sur son équipe, en pleine transition selon lui. Confronté au départ de Didier Drogba, le sélectionneur ivoirien s'est vu contraint de renouveler son groupe et de rappeler qu'il faut souvent du temps pour créer des automatismes. Les nouveaux venus n'ont pourtant pas tardé à s'adapter. La Côte d'Ivoire n'a cessé de progresser au fil des matches, au point d'éliminer le favori algérien en quart de finale avant de passer trois buts à la RD Congo dans le dernier carré. Renard a su trouver le bon équilibre entre l'expérience incarnée par les frères Touré, Gervinho ou Wilfried Bony et des débutants en Coupe d'Afrique comme Sylvain Gbohouo ou Eric Bertrand Bailly. Soucieux de ne pas faire de vagues dans un premier temps, il adopte aujourd'hui un discours plus musclé. "Je ne nous vois pas favoris en finale, mais seul un deuxième titre pourra me satisfaire. J'espère que nous allons imposer notre jeu. Nous avons la solidité et la rigueur nécessaires pour ça. Les Eléphants ont déjà perdu deux finales, en 2008 et 2012. Il nous faut absolument rectifier le tir. Cette équipe est différente de ses devancières. Il y a dans nos rangs des joueurs qui étaient méconnus avant le tournoi. Ils ont travaillé très dur et ils méritent leur place sur le terrain. Nous avons trouvé le juste milieu entre sérieux et détermination." Sur le plan statistique, le Ghana possède un léger avantage dans les confrontations directes en Coupe d'Afrique : les Black Stars ont remporté cinq des neuf derniers duels, dont deux demi-finales en 1968 (4:3) et 1970 (2:1). Les deux formations se sont également affrontées en finale de l'édition 1992, restée dans les mémoires. Après un festival d'occasions manquées, la rencontre s'était soldée par un nul vierge à l'issue de la prolongation. Il a ensuite fallu 24 tirs au but avant que les deux équipes parviennent enfin à se départager. Premier Ghanéen à tirer pour la deuxième fois, Anthony Baffoe a échoué devant Alain Gouaméné. Cette victoire épique reste à ce jour la seule des Eléphants dans cette compétition. Le joueur ghanéen Frank Acheampong prévoit une finale très passionnante La finale de la CAN 2015 opposera le Ghana à la Côte d'Ivoire, deux géants du football africain, qui ne semblaient pas partir avec les faveurs des pronostics pour cette édition mais se sont qualifiées finalement assez logiquement. Le Ghana s'est imposé face à la Guinée Equatoriale (3-0) jeudi soir en demi-finales de la CAN 2015. A noter que la partie a été interrompue pendant plus d'une demi-heure en raison de gros problèmes de sécurité. «Nous voilà en finale de la CAN ! C'est fabuleux pour ma première participation. Par contre, cette demi-finale contre la Guinée Equatoriale restera un mauvais souvenir. Nous avons mené le match de bout en bout, mais les supporters locaux ont malheureusement tout gâché. Dès qu'ils ont senti que la partie leur échappait, ils ont commencé à nous lancer de nombreux projectiles et notre rentrée aux vestiaires fut très compliquée après quarante-cinq minutes. Après la pause, ils s'en sont pris à nos supporters qui ont dû se réfugier sur le terrain pour se protéger. J'étais à peine monté sur la pelouse que le match fut interrompu plus de trente minutes. Un hélicoptère dut même survoler les tribunes pendant de longues minutes pour calmer les esprits», expliquait Frank Acheampong, le joueur d'Anderlecht dans les propos relayés par le site officiel du club belge. Malgré ces incidents qui ont ternil'image du football africain et de la CAN, Frank Acheampong était particulièrement ravi de s'être qualifié pour la finale. « L'objectif est atteint avec cette qualification pour cette finale qui risque d'être très passionnante contre les Eléphants de la Côte d'Ivoire. Nous sommes à une marche du sacre, nous ne voulons pas laisser passer cette chance », a ajouté Frank Acheampong.