On se rappelle que pendant les années soixante, il n'y avait que quelques femmes peintres qui se comptaient sur le bout des doigts, dont Safia Farhat , Meherzia Ghadhab et Anissa Matri Hached « Artiste/sculpteur, qui a abandonné l'activité artistique pour devenir galeriste à El Menzah 6. Aujourd'hui, après l'instauration de plus d'une vingtaine d'instances artistiques étatiques et privées, le nombre des plasticiennes a augmenté considérablement. La génération des années quatre vingt a vu plus de femmes s'imposer à l'étranger, notamment à Dubaï ; citons Fatma M'seddi et Rym Karoui. Quant aux plus jeunes, on a pu constater et apprécier leurs œuvres à l'exposition de la FTAP, en particulier, Neila Rokbani , Julia Frikha, Houda Rajeb, Sana Mahfoudhi, etc... L'exposition d'Amel Kébaili et Zouhour Gargouri qui se tient actuellement à la galerie Kalysté, se poursuit jusqu'au 24 février 2015. Décidément, le mouvement artistique plastique s'est imposé depuis les années quatre-vingt-dix, les femmes peintres ont brillé non seulement en tant que plasticiennes, mais aussi en tant que galeristes comme Senda Khalil qui tient les rênes de l'espace Kalysté, ainsi que tant d'autres d'ailleurs... L'aventure continue Autodidacte, Amel kébaili a parcouru plusieurs institutions et clubs dirigés par des plasticiens de renom ; elle a acquit surtout la capacité de dessiner des portraits, des nus, des natures mortes , ce qui lui a permis de construire rigoureusement ses tableaux , chose essentielle pour avancer dans les chemins de la création. Amel a réalisé plusieurs expositions sur ces thèmes et la dernière portait sur le monde sous-marin ; un monde silencieux et mystérieux. Dans cette exposition où elle présente une douzaine de tableaux pour la plupart informels ou abstraits, lyriques ou dramatiques, l'artiste propose des compositions avec des poissons comme module, Comme cette œuvre qui a l'allure d'un portrait et qui constitue la pièce maitresse de l'expo, et probablement son chef-d'œuvre si l'on peut dire. Amel a cette capacité de détruire et de reconstruire, sans cela, elle n'aurait pas avancé. En effet, c'est cette œuvre qui a accumulé des prouesses techniques et qui a donné un élan à notre artiste pour aller plus loin dans ses recherches, ce qui est en quelque sorte, un défi pour faire mieux et l'aventure continue. Une atmosphère métaphysique Zouhour Gargouri qui a fait l'école des Beaux-arts de Tunis, a continué tout au long de sa carrière, à maitriser le métier de peintre, par ses séries de portraits ses paysages , ses natures mortes et autres thèmes . Elle s'est engagée à partir de 2008 , à s'aventurer avec la lettre arabe et l'ensemble de ce qu'elle a présenté est fabuleux, dans la mesure où, on découvre un monde tout à fait personnel qui n'a aucun rapport avec ce que fait N'ja Mahdaoui, et autres peintres calligraphes .Zouhour peint ses planches calligraphiques comme elle peint une toile impressionniste, la lettre arabe est ici l'élément essentiel qui construit le tableau . Plusieurs trouvailles agréables subtiles réalisées avec une économie de moyens ; le collage d'éléments divers est réalisé avec une extrême sensibilité, la variation dans la composition, fait la force de l'ensemble, surtout ces grandes toiles ,où, avec un léger relief on peut apprécier surtout cette délicatesse d'user des blancs sur blanc. Zouhour a su profiter de la lettre arabe, avec ses divers mouvements , ses dégradations dans l'épaisseur, pour créer une atmosphère métaphysique, soufie même. Une belle exposition à voir absolument, deux aventures picturales distinctes réalisées par deux femmes qui aiment leur métier et qui ont fait un itinéraire riche pour aboutir à un résultat satisfaisant. Brahim Azzabi