A l'occasion de la Journée internationale de la Femme, la commission de la Femme, de la Jeunesse et des Associations de l'Union Générale du Travail (UGTT), a organisé une conférence sous le thème ‘la violence exercée sur la femme entre la législation et la réalité'. Dans son intervention, la coordinatrice de la commission nationale de la Femme travailleuse, Najoua Makhlouf, a avancé des chiffres alarmants quant aux violences faites aux femmes. Selon les statistiques de ladite commission, 50% des femmes tunisiennes seraient victimes de différentes formes de violence. A l'échelle mondiale, le chiffre est encore plus angoissant : 70% des femmes, aux quatre coins du monde, subissent des violences, la tranche d'âge de ces femmes violentées varie de 18 à 64 ans. En ce qui concerne les formes de violence, il en existe trois selon Najoua Makhlouf : la violence physique, morale, sexuelle et économique. Même si la violence physique détient la première place dans le classement – ayant un taux dépassant les 32% – les autres aspects de violence restent tout aussi prononcés : la violence morale vient en deuxième position avec un taux de 28,9%, suivie par la violence sexuelle avec 15,%, la violence économique clôture le classement avec 7,1%. La coordinatrice de la commission nationale de la Femme travailleuse a expliqué que la violence contre la Femme a augmenté depuis la Révolution de janvier 2011. En effet, madame Makhlouf a expliqué que la violence économique a connu une forte hausse vu les licenciements abusifs à l'encontre des femmes et l'interdiction de quelques époux à ces dernières au travail. Par ailleurs, la syndicaliste a indiqué qu'une grande majorité des femmes violentées préfèrent subir et se taire. Elle a lancé un appel à ces dernières pour qu'elles prennent au sérieux les agressions en la dénonçant en bonne et due forme. Pour finir, Najoua Makhlouf a appelé toutes les forces de la société civile à s'unir afin de réclamer la mise en place de lois criminalisant toute agression à l'encontre de la femme et de lutter efficacement contre le fléau de la violence à l'encontre des femmes. Toujours dans le contexte de la Journée internationale de la Femme, la fondation Friedrich Ebert a organisé une conférence intitulée ‘l'Union des syndicalistes femmes arabes' qui a regroupé des intervenantes provenant d'Irak, d'Algérie, de Tunisie, de Palestine, l'Egypte, du Bahreïn ou encore du Yémen pour débattre du rôle de la Femme au sein des syndicats et des violences subies par la Femme arabe. Hassiba Youssef, secrétaire du bureau exécutif de l'Union syndicale des travailleurs en Irak a expliqué que la femme irakienne vit sous une pression insoutenable. Vu la situation sécuritaire et économique en Irak, madame Youssef à appelé les femmes arabes à s'unir afin de pouvoir apporter leur aide à la femme irakienne. De son côté, Cheikha Ahmed Nacer a expliqué que les conditions de la femme yéménite n'était pas meilleure que celle de l'irakienne même si la Yéménite fait tout pour être partie prenante de la vie sociale et politique du pays. Malheureusement, cette participation arrive à peine au taux de 30%. Le réseau de la Femme Syndicaliste Arabe explique que la condition de cette dernière ne cesse de se détériorer au lendemain du Printemps arabe et surtout, après l'instauration de l'Etat Islamique (Daesh). Pour les femmes vivant dans les pays épargnés du terrorisme, la condition n'est pas meilleure puisqu'elles continuent à subir les discriminations et les différentes formes de violence. La Tunisie a toujours eu l'avantage d'être la première à prendre les initiatives en ce qui concerne les droits et les acquis de la Femme. Seulement voilà, quatre ans après la Révolution, ces acquis ont certes été préservés mais, malheureusement, on n'a pas réussi à les développer puisque, par exemple, la femme tunisienne n'a aucun droit juridique quand elle se retrouver victime d'un viol conjugal. Une forme très importante de violence a été négligée dans ces conférences : la violence institutionnelle, autrement dit, la violence exercée par les institutions de l'Etat. En avril 2014, la Tunisie a levé officiellement ses réserves sur la Cedaw (Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes). Malheureusement, on peine encore au niveau de l'exécution ; la Tunisienne ne profite pas pleinement de cette levée de toutes les formes de discrimination à son égard. Aujourd'hui, même si certains articles de loi sont clairs, leur application reste très ambigüe. L'Histoire du militantisme de la femme tunisienne est très riche. Une femme qui s'est battue pour ses droits depuis l'Indépendance jusqu'à aujourd'hui. Le chemin est encore long mais, heureusement, notre femme a le souffle long !