Elle avait l'art d'influencer les gens avec ses belles paroles et sa manière d'agir sur la psychologie de ses interlocuteurs pour leur faire croire ce qu'elle voulait. Son but essentiel est de gagner illicitement de l'argent. Elle se faisait passer pour la guérisseuse de tous les maux, la liseuse du destin et la bonne dame savante préventive capable d'affronter les démons et les chasser du lieu où ils se trouvent. De maison à maison, elle collecte les clientes et leur fait un lavage de cerveau à l'issue duquel elles se mettent volontiers à lui filer des sommes importantes d'argent. Elles voulaient purifier leurs maisons et protéger leurs familles des démons malfaisants. L'inculpée a sonné à la porte d'une villa. La propriétaire est sortie à sa rencontre pour lui demander ce qu'elle voulait, elle a juste demandé un verre d'eau, elle lui a dit qu'elle avait soif et que son état diabétique nécessitait de l'eau continuellement. Elle a expliqué à la dame qu'elle habitait la banlieue de Tunis (Ben Arous) et qu'elle est venue à Tunis dans le but de guérir une malade qui est tombée sous l'influence des démons. Elle lui a expliqué qu'elle est capable d'affronter les démons. Jouant son rôle à merveille, elle a demandé à la dame de patienter quelques instants. Elle a fait quelques pas en avant puis quelques pas en arrière puis s'est arrêtée nettement pour lire des versets coraniques et réciter à haute voix des phrases incompréhensibles puis prenant son temps, elle a expliqué à la propriétaire de la maison que son domicile est hanté par les forces du mal et qu'il faut agir au plus vite car le patron de ces démons compte prendre dans ses griffes la fille de la propriétaire. Une belle jeune fille à la fleur de l'âge. La dame a eu peur pour sa fille. Elle a demandé des explications et a eu comme réponse qu'elle va s'occuper de son cas et qu'avec l'aide de Dieu elle réussira à chasser tous les démons habitant son domicile. Elle lui a expliqué qu'il lui fallait acheter des herbes rares et de l'encens. C'est en utilisant ces deux ingrédients qu'elle arriverait à sauver la jeune fille. Pour cela Elle avait besoin de les acheter et qu'il lui fallait la somme de deux milledinars. La dame lui a demandé de revenir le lendemain. Comme promis l'inculpée est revenue. La dame lui a remis la somme indiquée. Elle lui a donné des herbes à faire bouillir et les donner à la fille aussi elle lui a remis un tamis qu'elle devait porter puis de l'encens à utiliser à la tombée de chaque soir. Elle lui a promis de revenir dans quinze jours. A la date indiquée elle est revenue. Les nouvelles étaient bonnes. La fille allait à son école normalement et ne souffrait d'aucun mal. C'est la réponse qu'attendait la guérisseuse. Elle a affirmé à la dame que c'est qu'elle attendait mais l'a prévenue qu'il fallait continuer le traitement pendant une autre quinzaine et que tout serait réglé et les démons chassés. Pour cela elle a demandé la somme de mille dinars pour acheter d'autres ingrédients. La dame a encore une fois payé. Après les quinze jours, la guérisseuse n'a plus donné signe de vie. Elle ne répondait plus au téléphone. Après plusieurs jours d'attente la dame a su qu'elle est tombée dans le piège de cette guérisseuse. Elle l'a arnaquée. Sans plus attendre elle est allée déposer plainte demandant le remboursement de la somme qu'elle lui avait remise soit trois milles dinars. Elle a expliqué aux policiers que cette dame avait profité de l'angoisse qui l'avait envahie quand elle avait senti que sa fille était en danger pour lui subtiliser son argent par la ruse. Elle a fourni son signalement et a demandé à la poursuivre pénalement. A partir de ces indications, les inspecteurs de la brigade criminelle ont entamé leurs recherches et investigations. En effet en feuilletant les fiches des dames incriminées dans ce genre d'affaires, ils ont noté un nombre considérable de plaintes similaires déposées par quelques dames habitant la capitale. Ils ont réussi à identifier l'inculpée. Quelques jours plus tard elle a été trouvée auprès d'une de ses amies qui a accepté de la loger quelque temps. Interrogée, elle a nié totalement connaitre la plaignante, puis en la confrontant avec les autres plaignantes elle a fini par passer à table et reconnaitre les avoir escroquées pour subvenir à ses besoins financiers. La difficulté de la vie et le chômage l'avaient forcée à utiliser ce plan diabolique pour avoir de l'argent. Elle a promis, dans un écrit qu'elle a adressé au juge, de rembourser toutes les plaignantes dès qu'elle serait libérée. Elle a été traduite en état d'arrestation devant une chambre correctionnelle du tribunal de Tunis. Elle a réitéré devant le juge ses déclarations données et renouvelé ses excuses mettant ses agissements sur le compte de la nécessité de subvenir à ses besoins. Après les délibérations, le juge l'a condamné à une peine de quatorze mois de prison ferme. Elle a fait opposition et sera de nouveau traduite devant la cour d'appel de Tunis dans le but de voir sa peine allégée.