Alors que le conflit entre avocats et magistrats est au statu quo, chaque semaine a son lot de traduction en justice de quelques uns parmi les hommes en robe noir, et ce depuis les incidents qui avaient éclaté à Sfax, d'abord entre une avocate et des agents de l'ordre, puis entre des avocats et le procureur général à la Cour d'appel de Sfax, suite auquel 38 avocats ont été traduits devant le juge d'instruction. Cette semaine, c'est au tour des avocats du Kef, dont 5 parmi eux ont été traduits devant le juge d'instruction pour trouble à l'ordre public au sein de la salle d'audience et outrage à un fonctionnaire de l'ordre judiciaire magistrat, en vertu des articles 126 et 315 du code pénal. La peine pour outrage est de 2 ans si les faits sont commis dans une salle d'audience à l'égard d'un magistrat ou d'un greffier. Origine des faits Les avocats en question sont accusés d'avoir agressé un greffier à la salle d'audience. Les faits ont éclaté le 10 mars derniers , suite au boycott d'une audience qu sein du tribunal du Kef. Selon Me Abdelmalek Laâbidi, l'un des avocats impliqués, l'accusation est relative à une prétendue agression d'un agent de l'ordre judicaire en service. Les avocats nient les faits qui leur sont reprochés. Le procureur, ayant l'opportunité des poursuites a estimé utile, en vertu de la loi et de son intime conviction, de les traduire devant un juge instructeur. En fait ces nouvelles traductions sont de nature à durcir le conflit davantage entre magistrats et avocats, selon la plupart des observateurs qui appellent l'une et l'autre des deux parties au conflit, et néanmoins partenaires de Justice à faire la part des choses. Les magistrats de leur côté sont indignés que les avocats aient parvenus à avoir la part du lion au sein du conseil supérieur de la magistrature. De leur côté les avocats dénoncent l'attitude de certains magistrats à leur égard, lesquels, affirment-ils, refusent de leur reconnaître l'immunité dont ils doivent bénéficier au même titre que les juges dans l'exercice de leur profession. Une controverse qui ne finit pas de faire couler de l'encre et défrayer la chronique. Car les avocats ont tout à fait le droit, selon leurs pairs, de dénoncer séance tenante l'attitude des juge. Ces derniers se comportent, de manière inique, affirment-ils, avec la pratique des deux poids deux mesures. Cette dénonciation des avocats est condamnée par les juges qui la considèrent comme un outrage au sens du code pénal.