A la Galerie Saladin de Sidi Bou Saïd se tient depuis le 14 mars l'exposition personnelle de l'artiste plasticien Mohamed Zouari qui se poursuit jusqu'au 03 avril. Toujours fidèle à ses techniques qui consistent à marier la peinture à la sculpture, Mohamed Zouari, nous présente aujourd'hui de nouvelles créations où l'on peut encore remarquer ce détachement des contraintes au niveau de l'imagination, des thèmes, des formes, des couleurs et de l'espace. L'on se demande par quelle alchimie l'artiste-peintre transforme ses matériaux en de splendides œuvres plastiques, tantôt poétiques et lyriques, tantôt dramatiques et énigmatiques ! Il agrémente souvent ses toiles en creux ou en bosses ou en pointes, créant ainsi des structures simples ou complexes, régulières ou irrégulières et produisant ainsi des combinaisons cohérentes ou complexes en formes et en couleurs. Sans doute, c'est dans cette variété des styles et des démarches plastiques qu'on reconnaît la magie des œuvres et l'originalité du créateur. Chaque tableau semble avoir une histoire, une anecdote, une prise de position, voire même une biographie, car l'artiste est toujours accroché à son monde, à son milieu, à ses sources, à ses origines : en témoignent plusieurs tableaux exposés où l'on ressent une certaine nostalgie du passé, de l'histoire et de l'appartenance à une civilisation arabo-musulmane d'où émane cette heureuse inspiration qui anime notre artiste et le pousse toujours à créer. Il faut admirer « Laylat Al Kadr » (Nuit du Destin), ou encore la grandiose toile intitulée « Méditation spirituelle » qui montre les cinq appels à la prière, où l'on peut lire en calligraphie ce texte religieux prononcé par le muezzin du haut du minaret exhortant les fidèles à vaquer à leur prière. On y trouve également d'agréables tableaux en petits formats illustrant le « Village méditerranéen », d'autres tableaux où domine la calligraphie dont l'artiste passe pour un grand maître. L'histoire de la littérature arabe antéislamique fait partie de cette exposition sculpturo-picturale puisqu'on peut s'arrêter longtemps devant deux œuvres maîtresses qui relatent l'histoire de deux figures poétiques de cette époque-là, à savoir Antara et Tarafa. Ces deux histoires sont transposées sous forme de boucliers évoquant ces courageux personnages qui ont fait leur preuve en guerre comme en amour et en générosité. Ces boucliers sont cernés avec beaucoup de tact des plus beaux vers poétiques prononcés à l'époque par ces deux grands héros. Les femmes ne manquent pas à cette exposition : l'artiste présente « La dame en rouge », juste à l'entrée de la galerie. Cette femme, telle la Joconde, est imposante par son maintien et ses traits et porte les touches particulières toutes propres à notre artiste où l'on peut marquer toute l'innovation plastique tant par les formes et les traits que par les couleurs et la matière. Cette exposition coïncide avec le quatrième anniversaire de la galerie Saladin qui soufflera ses quatre bougies le 21 mars courant. Cette galerie, est régie par M. Ridha Souabni, grand mordu d'arts plastiques et grand ami des artistes-peintres, qui n'a cessé de multiplier les efforts pour réussir son entreprise en donnant l'occasion aux artistes d'exposer leurs œuvres sur les cimaises de sa galerie en assurant toujours des expositions de bonnes qualités aux habitués de la galerie. Il faut saluer le dynamisme et l'énergie de ce galeriste pour assurer la bonne marche de sa galerie et surtout une bonne contribution à la promotion des arts plastiques en Tunisie. Nous lui souhaitons bonne continuation !