La Galerie Saladin à Sidi Bou Saïd met à la disposition des passionnés de l'art plastique l'exposition intitulée « La cité rêvée » de Dridi jusqu'à la fin du mois. Vingt-neuf tableaux de dimensions différentes dont la majorité est faite en acrylique offrent aux visiteurs une vision toute singulière de la cité, telle qu'elle est vue, imaginée ou rêvée par l'artiste. Cette cité orientale avec tous ses aspects (social, architectural, historique, spirituel et culturel) que l'artiste aborde avec beaucoup de talent et d'imagination en privilégiant le bleu, le blanc et l'ocre, des couleurs qui en disent long sur la nature et le paysage de la ville tunisienne, d'autant plus que certaines oeuvres dénotent d'un sentiment de nostalgie et d'attachement profond à la mère patrie, sachant que l'artiste l'a quittée depuis plusieurs années pour vivre à l'étranger. Nabil Dridi est né en 1964 à Tunis. Il y poursuit ses études secondaires et universitaires en histoire- géographie. Il reçut une formation à l'Office National de l'Artisanat à Denden et devint spécialiste dans la décoration de stands, de scènes de théâtre et de spectacles. Il fréquenta les ateliers de peintres célèbres à Tunis et à Paris et réalisa ses premiers tableaux à partir de 1980 dans son atelier personnel à Bellevue Tunis. Après un séjour artistique entre 1989 et 1992 à Lyon et Paris, il rentra à Tunis où il travailla comme décorateur de 1992 à 2000. Il s'installa à Paris depuis 2001 où il travaille actuellement dans son atelier à Paris XIème. Il a dans son parcours un bon nombre d'expositions collectives et personnelles en Tunisie et en France. Les peintres ont beau reproduire des zones et des scènes rurales comme s'ils fuyaient le béton, le bruit, le trafic, la pollution, les enseignes lumineuses et les affiches publicitaires. Rares sont les peintres qui s'intéressent à la vie citadine et à toute sa complexité. Nabil Dridi semble éviter les sentiers battus en traitant du sujet de la cité et de la vie urbaine ! En jouant avec l'architecture de la ville, il a réussi à en dégager les principales spécificités et contradictions qu'il réussit à mettre en valeur, moyennant une composition hétéroclite qui insuffle au visiteur une vision à la fois poétique et critique des éléments figurant sur les toiles faites de peinture certes, mais qui donne l'impression d'être en présence d'ouvrage de tressage ou de broderie où lignes verticales, horizontales, obliques et arrondies sont tellement serrées et entrelacées qu'on se croit tantôt devant une toile d'araignée où les lignes et les formes s'enchevêtrent pour former ce tissu urbain en perpétuel mouvement, tantôt devant une ruche d'abeilles où ça a l'air de grouiller et de vibrer sans cesse et dans tous les sens. C'est la nature même de la vie citadine qui est dépeinte ici. Les préoccupations des citadins sont également évoquées dans les oeuvres de Nabil Dridi, à travers des personnages à peine perceptibles, néanmoins, entre les trames et les motifs qui dominent dans chaque toile. A titre d'exemple, on peut percevoir dans le tableau intitulé « @message » l'impact négatif de la téléphonie mobile, d'Internet et de la technologie moderne, de par la position du personnage qui, à force de recourir à ces moyens, se trouve enfermé dans un monde dont il ne peut jamais se libérer. Tout comme dans cet autre tableau où le peintre traite d'un sujet d'actualité qui a marqué la phase post-révolution dans notre pays, soit la liberté du culte; on y voit la mosquée, l'église et la synagogue; c'est comme pour rappeler que la cohabitation des religions est possible dans notre pays qui a toujours fait preuve de tolérance et d'ouverture. D'autres thèmes relatifs à la cité peuplent ces tableaux: les souvenirs d'enfance, les rêves et tant d'autres choses qui relient l'artiste à sa terre natale. L'œuvre est dans l'ensemble lumineuse et bien colorée ; les couleurs gaies utilisées sont porteuses d'espoirs et d'avenirs meilleurs et révèlent aussi tant de souvenirs et de nostalgie.