Bon an, mal an, il y a le risque que le baril atteigne les 100 dollars avant la fin de l'année. Les observateurs mondiaux ne l'excluent pas. Encore une fois, ces phénomènes exogènes viennent bousculer les équilibres de l'économie nationale. Et encore, notre pays a toujours su y faire face, avec certes des ajustements inévitables des prix, mais surtout grâceaux subventions de l'Etat et à la sensibilisation des consommateurs et des opérateurs économiques quant à une rationalisation de la consommatin d'énergie. En fait, il faut prendre conscience que le coût de l'énergie aujourd'hui, n'est pas celui d'hier et ne sera pas celui de demain Le cours mondial du pétrole a connu ces jours-ci une hausse record. Le prix du baril a atteint 88 dollars à la bourse de New-York et 85 dollars à la City (bourse de Londres). Cette flambée a des repercussions négatives sur l'économie nationale, sur l'œuvre de développement du pays et sur le budget de l'Etat d'une manière particulière. Il est parfois difficile de prendre conscience de l'ampleur des incidences négatives de cette flambée qui, pour peu qu'elle se poursuive, risque de compromettre la capacité du pays à poursuivre au même rythme le processus de son développement. A l'origine de cette inconscience, deux raisons principales. La première consiste en la tendance à accepter le fait accompli, en ce sens, où cette flambée qui s'est poursuivie cresendo, durant 3 ans, s'est banalisée avec le temps et est devenue un phénomène habituel. La deuxième raison de cette indifférence réside dans la tendance à croire que la production nationale peut satisfaire les besoins du pays. Pour mieux apprécier les effets pervers de cette flambée, Il y a lieu de rappeler que le prix du baril du pétrole est passé, durant les 3 dernières années, de 28 dollars en septembre 2003 à une moyenne de 38 dollars en 2004, 50 dollars en 2005, 65 dollars en 2006 avant de battre, ces jours ci, tous les records et projections en atteignant 85 dollars le baril brent. Le passage de 28 dollars à plus de 80 dollars le baril, durant 3 ans, signifie une augmentation totale au fort taux de 203% et un accroissement annuel de 70 % alors que le taux d'inflation avoisine les 3%. Les projections prévoient la poursuite de cette flambée en raison de l'accroissement de la demande de ce produit stratégique notament, dans deux grands pays au fort potentiel économique mondial, en l'occurrence, la Chine et l'Inde. Un tel scénario constitue un sujet de préoccupation en ce sens où la Chine qui compte 1,3 millard de personnes a enregistré ces dernières années un taux de croissance de 10%, ce qui augure un accroissement de la demande d'hydrocarbures dans ce pays. Cette augmentation de la demande d'hydrocarbures en Chine ne manquera pas d'avoir des effets négatifs importants sur les cours mondiaux. En ce qui concerne la situation locale, il importe de rappeler que les quantités d'hydocarbures produites par la Tunisie demeurent insuffisantes pour satisfaire les besoins de l'économie nationale. En effet, en raison de l'évolution des besoins du pays en produits pétroliers, l'importation des dérivés du pétrole est estimée à 72 % des besoins nationaux en gazoil, 58 % en essence, 90 % en GPL, et 100% en kérosène. La production nationale de pétrole a, certes, connu une certaine progression, ce qui a permis d'alléger les charges au niveau de la satisfaction des besoins. De même cette production, qui a fourni au budget de l'Etat, par le biais de la fiscalité pétrolière, des resssources supplémentaires, a contribué à réduire la pression des coûts pétroliers au taux de 45 % seulement. Par ailleurs, cette flambée intervient à un moment où la Tunisie connaît un véritable essor économique et une progression de la consommation résultant de ce rythme important de croissance, d'où la nécessite d'œuvrer en vue d'éviter les effets négatifs de l'augmentation des prix des hydrocarbures sur le rythme de développement, ce qui explique l'intervention de l'Etat d'une manière directe et indirecte pour en contenir les effets. L'intervention directe de l'Etat a lieu à travers l'allocation d'une prime de compensation des hydrocarbures intégrée dans le budget de l'Etat. Le montant de cette prime s'est élévé à 450 millions de dinars au cours de l'année 2007. Concernant l'intervention indirecte, il y a lieu de signaler que les bénéfices de l'Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP) provenant de sa participation dans plusieurs champs pétroliers ou gaziers et toutes les parts de l'Etat générées par cette production ou par les redevances prélevées les gazoducs transitant par le territoire tunisien sont destinés à compenser la filière des hydrocarbures. La majeure partie de ces ressources est cédée à la Société de Raffinerie du Pétrole "STIR" et à la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (STEG) à des prix préférentiels estimés à 28 dinars le baril de pétrole, alors que le prix mondial s'élève à 98 dinars le baril ou encore 91 dinars la tonne équivalent pétrole (TEP) de gaz alors que le prix mondial est de l'ordre de 366 dinars. Cette intervention constitue un autre moyen de comprimer les prix à l'intérieur. Ainsi le montant total des subventions allouées aux hydrocarbures en comparaison avec les prix en vigueur à l'échelle mondiale est de 2000 millions de dinars sous forme de subventions directes et indirectes. Cette subvention aurait pu contribuer à l'effort national de développement et aurait servi à réduire le taux d'endettement public afin de mieux l'adapter au niveau de l'économie nationale et aux taux d'endettement dans certains pays émergents concurrents dont le taux d'endettement représente 40% du PIB contre 54% en Tunisie, et ce, en dépit des efforts déployés au cours des dernières années en vue de réduire ce taux d'environ 10 points, soit de 63,5% à 54%. Parallèllement à la hausse des prix des hydrocarbures, la flambée des prix a également touché les produits de consommation de base subventionnés par l'Etat, à l'instar des céréales et des huiles végétales qui ont vu leur prix grimper de manière fulgurante l'espace d'une année. La réussite de la Tunisie à relever l'ensemble de ces paris et défis est le résultat des mesures décidées tous azimuts dont notamment la poursuite de la rationalisation de la consommation d'énergie engagée depuis des années et son remplacement par des ressources de moindre coût, chaque fois que cela est possible, outre l'ajustement étudié des prix, ajustement qui permet aux consommateurs de prendre conscience que le coût de l'énergie de nos jours n'est pas celui d'hier et ne sera pas celui de demain.