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Aujourd'hui, coup d'envoi du festival "Art et Jeunesse" de Siliana: Libres artistes en quête d'espaces publics
Publié dans Le Temps le 12 - 04 - 2015

Du 12 au 26 avril, Siliana accueille la première édition de son festival international. Au delà du programme artistique et des actions de formation, un colloque international aura pour thème les interactions de l'art avec l'espace public. Une manifestation à suivre pour sa singularité universitaire et son approche pour un développement culturel intégré...
La ville de Siliana a enfin son festival international! Cette manifestation culturelle qui vient de voir le jour débordera d'ailleurs les limites de cette cité du centre de la Tunisie, pour se déployer dans plusieurs délégations du gouvernorat de Siliana, riche en vestiges historiques et paysages bucoliques.
Contre les causes insensées de l'obscurantisme
C'est ainsi que Makthar, Gaafour ou encore Ain Boussaadia accueilleront les programmes de ce festival dédié à la jeunesse et aux expressions artistiques. Organisé par l'Institut supérieur des Arts et Métiers de Siliana (ISAMS) en partenariat avec l'association Rakch pour la culture, l'art et le design, ce festival qui vient donc de naitre est placé sous les auspices du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
L'événement se déroulera du 12 au 26 avril avec le soutien de plusieurs partenaires dont le gouvernorat de Siliana, l'université de Jendouba et l'union des artistes plasticiens tunisiens. Notons aussi la pleine participation à ce festival des ministères de la Culture et de la Jeunesse.
Khaled Abida, principal animateur de ce festival, est un artiste engagé dans la promotion du centre-ouest de la Tunisie. Saluant "le patrimoine culturel millénaire" de la région, Abida invite les jeunes et les intellectuels à participer à cette manifestation et, plus largement, à tourner le dos "aux causes insensées" de l'obscurantisme.
Directeur de l'ISAMS et président de Rakch, Khaled Abida propose ainsi de réfléchir aussi bien sur l'engagement que les maux qui tenaillent la jeunesse, en cherchant des alternatives du côté des expressions artistiques. Quinze jours durant, les programmes artistiques vont se succéder offrant une approche différente des festivals traditionnels et opérant une jonction fertile entre jeunesse universitaire et rurale.
A ce titre, ce festival de Siliana pose d'intéressantes pistes de réflexion par rapport à la pratique festivalière. En effet, ici, ce n'est pas le spectaculaire et la culture-loisir qui priment mais plutôt une approche qui considère la culture comme vecteur de développement et l'art comme canal d'expression de la jeunesse.
Avec des moyens limités, le festival de Siliana ne manquera pas de démontrer que ce type de manifestation a une dimension formatrice essentielle, souvent perdue de vue par la démarche strictement ludique de nombreuses instances culturelles. En ce sens, le travail de proximité est à l'honneur tout comme une dimension intellectuelle indéniable, qui prendra la forme d'un colloque international sur les interactions de l'art et de l'espace public.
Une dimension universitaire et artistique
L'ouverture du festival international "Art et Jeunesse" de Siliana aura lieu aujourd'hui avec une soirée musicale du groupe Jazz Oil, précédée du vernissage d'une exposition à la galerie du complexe culturel de Siliana.
Ce même jour aura lieu le coup d'envoi des ateliers de sculpture qui sont en quelque sorte la colonne vertébrale de ce festival. Ces ateliers se tiendront à l'ISAMS et se poursuivront, selon un rythme quotidien, tout au long du festival. Pour les concepteurs du festival, la sculpture sous toutes ses formes peut constituer un gisement d'emploi dans la région.
A ce titre, un stage de formation en sculpture marbrière aura lieu à la maison des jeunes de Makthar pour initier les cadres de jeunesse à ces techniques. Dans le même esprit, un stage de formation en image numérique se tiendra à Ain Boussaadia. Cette démarche est complétée par des initiations à la peinture et la céramique au profit des élèves des écoles rurales.
Cet aspect du programme souligne la dimension formatrice de ce festival qui, sans complètement tourner le dos au ludique, se donne pour mission une animation culturelle qui ambitionne de jouer un rôle dans l'éducation populaire.
Plusieurs spectacles sont ainsi proposés avec d'une part des oeuvres théâtrales des amateurs de Siliana et Gaafour et d'autre part une représentation de la Troupe de la Ville Tunis avec Mouna Noureddine. Plusieurs expositions seront par ailleurs organisées au cours de ce festival qui comprendra également un cycle d'ateliers de création abrité par l'ISAMS.
Libération-appropriation de l'espace public
Le colloque international "Art et espace public: nécessité, enjeux ou défis" complète le programme du festival. Ce colloque se déroulera en huit séances du 24 au 26 avril. Plusieurs questions seront abordées par les communications au programme.
Quelles sont les interférences de l'art contemporain et de la ville? Comment inscrire la création dans le nouvel espace politique et culturel créé par la révolution? Quel art pour quelles villes? Comme le note Khaled Abida, "L'art et l'espace public constitue une problématique récente dans l'histoire contemporaine de la Tunisie. Un nouveau rapport à l'espace public, énoncé dans les termes de libération, appropriation, occupation vient de naitre. Il appartient à l'artiste et au designer aujourd'hui de placer cette notion d'espace public dans le cadre de ses interrogations et pratiques artistiques".
Cette vaste problématique sera abordée par le biais de plusieurs axes thématiques et avec la participation de nombreux chercheurs tunisiens et étrangers parmi lesquels Roger Benjamin (Université de Sydney, Australie), Xavier Lambert (Université de Toulouse), Wissem Abdelmoula (Université d'Oman) ou Alkama Djamel (Université de Biskra, Algérie). Des participants canadiens, irakiens et émiratis seront aussi au programme qui comprend plus d'une vingtaine d'interventions.
Les participants universitaires tunisiens seront nombreux et représenteront les universités de Jendouba, Gabés, Sfax, La Manouba, Gafsa, Sousse et Tunis. Par ailleurs, des philosophes et des architectes comptent aussi parmi les participants et donneront une dimension pratique et théorique complétant l'apport strictement académique.
Ce colloque, tout comme le festival auquel il est intégré promet d'être passionnant. Les organisateurs proposent en outre plusieurs séminaires scientifiques en philosophie du design et en méthodologie de la recherche ainsi qu'une conférence sur Paul Klee par l'universitaire français Jean Lancri.
Art et recherche seront à l'honneur pour cette première édition du festival international de Siliana dont le thème est "Art et espace public". Une initiative prometteuse qui vaut par ses dimensions universitaire et artistique.


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