* Notre invité de ce lundi, Ghlem Debbeche, président du Conseil de l'Ordre des Ingénieurs Le Conseil de l'Ordre des Ingénieurs tunisiens a fêté samedi son 25ème anniversaire en organisant un colloque sur l'accréditation de l'enseignement de l'ingénierie et l'unification des codes dans le monde arabe. A cette occasion nous invitons M. Ghlem Debbeche président du Conseil de l'Ordre des Ingénieurs. Il nous parle du thème du colloque, des acquis pour l'ingénieur, de ses revendications et des problèmes de la profession et d'autres question.
Interview
Le Temps : Que représente pour vous la célébration du 25ème anniversaire du Conseil de l'ordre ? M. Ghlem Debbeche : Cette célébration est un grand événement pour l'ingénierie d'autant plus que cette manifestation a été rehaussée par le haut patronage du Président de la République qui a beaucoup de considérations pour le métier d'ingénieur et les ingénieurs. Cette célébration est aussi une occasion pour évaluer 25 ans de réalisations au profit de la profession et de tous les ingénieurs inscrits à l'ordre - Il y en a qui ne sont pas inscrits ? - Oui, il y a des ingénieurs qui ne sont pas inscrits malgré les stipulations de la loi créant l'ordre qui fait l'obligation à tous les ingénieurs de ne pratiquer ce métier qu'après avoir été inscrit à l'ordre. Par ailleurs la loi poursuit tout pratiquant du métier non inscrit. Pour cela le Conseil de l'ordre est en train d'élaborer une procédure instaurant l'obligation d'inscription en application de la dite loi. Cette procédure sera adressée au Premier ministère. - Revenons à la célébration quels sont les acquis réalisés par le Conseil pour la profession ? - Maintes actions ont été menées depuis la création de l'Ordre des Ingénieurs en 1982 par les différents conseils qui se sont succédé notamment dans le domaine de la formation, de la sauvegarde du métier, des conditions du travail tant sur le plan moral que matériel. Je saisis cette occasion pour annoncer que deux grands dossiers sont en cours de négociation avec le gouvernement. Le premier concerne l'amélioration et la promotion de la profession notamment pour les bureaux d'études, les bureaux de contrôle technique et pour les ingénieurs-conseils. Le deuxième dossier concerne l'amélioration de la situation matérielle des ingénieurs. D'autres acquis ont été réalisés dans les relations extérieures en concluant des pactes de partenariat avec des organisations similaires européennes nonobstant la présence de l'ordre dans les différentes organisations arabes et internationales. - Parlez nous des problèmes actuels qui se posent pour l'ingénieur ? - Pour ainsi dire l'ingénieur est un grand opérateur dans le domaine du développement, puisqu'il est présent dans tous les secteurs et dans toutes les régions et participe activement à tous les maillons du développement à partir de la conception jusqu'à l'exploitation des projets en passant par la réalisation, le contrôle et l'entretien des édifices et des projets d'infrastructure et d'équipements. donc l'ingénieur est pleinement occupé par son métier néanmoins il aspire à l'amélioration de sa situation matérielle. Et à cet effet l'Ordre des Ingénieurs n'a épargné aucun effort dans le passé et actuellement pour sensibiliser les pouvoirs publics de la situation. La preuve, le deuxième dossier en cours de négociation dont j'ai parlé plus haut. - Le colloque de samedi a été axé sur l'accréditation de l'enseignement de l'ingénierie et l'unification des codes dans le monde arabe. Quel est la portée de ce thème ? - C'est un thème axé sur deux questions dans un colloque qui a regroupé des sommités tunisiennes, arabes et étrangères. Ce thème a été choisi compte tenu du fait que l'enseignement de l'ingénierie doit suivre le développement rapide des technologies et des mutations que le monde est en train de connaître. L'accréditation est un système d'évaluation opéré par une commission indépendante composée de représentants du ministère chargé de l'enseignement supérieur, des représentants des syndicats de l'entreprise et des représentants du métier. Ce système est pratiqué aux USA, au Canada, en Europe et dans quelques pays arabe. La Tunisie doit être au diapason pour que la formation de l'ingénieur puisse permettre à tous les diplômés de s'insérer aisément dans la vie active tant à l'échelle nationale qu'internationale. Par ailleurs, quand on parle d'accréditation, on parle aussi d'un langage unique notamment en ce qui concerne les pays arabes. Pour cela le 2ème sujet a été choisi pour l'élaboration d'un code arabe unifié dans tous les domaines touchant à l'ingénierie. - L'ingénieur est-il touché par le problème du chômage ? - En comparaison avec d'autres professions, l'ingénieur n'a pas à se plaindre quant à son intégration dans la vie professionnelle. Car il est beaucoup plus proche de la technologie que d'autres. Il est vrai que l'administration n'offre qu'un nombre très limité de postes en comparaison au nombre d'ingénieurs diplômés par an qui atteint les 2500 ingénieurs. Donc l'avenir de l'ingénieur est dans la création de son propre projet sachant que toutes les réglementations, les mécanismes, les encouragements sont mis à sa disposition en plus de l'encadrement assuré par le Conseil de l'ordre - Qu'en est-il exactement du problème de la fuite des cerveaux concernant l'ingénierie ? - Dans un univers mondialisé on ne parle plus à l'heure actuelle de fuite des cerveaux. Car en ce qui concerne l'ingénierie, l'ingénieur formé devrait être capable de s'intégrer dans la vie professionnelle que ce soit dans son pays ou ailleurs. La question de la fuite des cerveaux a d'ailleurs était débattue par le Conseil de l'ordre lors d'un forum à travers lequel des idées contradictoires ont été dégagées. Mais le développement rapide des technologies de l'information et de la communication a permis l'osmose entre les pays par le travail à distance sans oublier que les compétences qui travaillent en dehors de leur pays, ne ménagent aucun effort pour participer au transfert des technologies en encourageant les investissements extérieurs. - Quelle est la position du Conseil de l'ordre, concernant la constitution d'un syndicat des ingénieurs, - Le Conseil de l'ordre des ingénieurs tunisiens est le seul organe comme le stipule la loi, qui a la compétence de défendre les intérêts moraux et matériels des ingénieurs - Vous allez briguer un nouveau mandat ? - C'est une question prématurée Interview réalisée par Néjib SASSI
« Fuite des cerveaux ? Le thème devient inadéquat dans un tel contexte de mondialisation ».