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«Je suis né pour parlementer, dialoguer et construire pour l'art»
Publié dans Le Temps le 12 - 05 - 2015

Ses créations théâtrales sont incrustées dans la mémoire culturelle tunisienne, notamment celles qui ont été réalisées avec le Nouveau Théâtre, à l'instar de GHasselet Ennwader, considérée comme un mythe du théâtre tunisien moderne. Ses œuvres sont marquantes et sources d'inspiration de toute une vague de jeunes metteurs en scène tunisiens.
Fadhel Jaibi, un des précurseurs du renouveau du théâtre tunisien, a été aussi sollicité par de nombreux festivals internationaux pour présenter ses créations au public étranger, voire réaliser des mises en scène, et cela revient à sa ferveur artistique, sa passion effervescente, son intelligence, son savoir-faire et sa sensibilité. Ses approches artistiques secouent la perception sensorielle et intelligible des spectateurs, qui tressaillent et réagissent activement à la réception de ses œuvres, car son théâtre est aiguillonnant, bouleversant, dérangeant. Il provoque la réflexion, la critique, les remises en question. Et qu'est ce que le théâtre sinon, un processus de questionnement, de construction, de déconstruction, et de reconstruction, une dialectique menant à l'absolu, cherchant l'absolu. C'est cette ligne qui se multiplie avec des intersections fructueuses, des bifurcations infinies et illimitées vers des univers de création sans fins.
C'est un artiste indomptable et récalcitrant, résistant face à tout ce et ceux qui nuisent à sa liberté d'expression, à ses convictions, à sa vision du monde. Il n'aime pas trop se présenter aux médias ; haïssant les vanités, les bagatelles, et les discussions stériles, il préfère agir et réagir, être utile, servir la culture, fouiller toujours et d'avantage, sans lassitude aucune, dans les chemins de la connaissance, de l'art, de la beauté. Il ne cesse d'interroger et de réinterroger le réel et les moyens d'approcher le réel, l'esthétique, les signes et les significations.
Nous avons rencontré Fadhel Jaibi pour discuter de théâtre et de son apport au Théâtre National après neuf mois depuis sa nomination à la tête de cette institution, des réformes, du public et du projet théâtral, mais aussi, de Jalila Baccar, sa raison d'être, sa muse, « son jardin d'eau fraîche et d'ambre » à la manière du dernier courtois de la poésie, Louis Aragon. Interview :
Diriger une institution comme le Théâtre National s'avère une responsabilité lourde, êtes-vous heurté à des entraves ?
J'ai eu une expérience de l'administration culturelle. J'ai déjà codirigé la troupe de Gafsa, le CAD (le Centre d'Art Dramatique), le Nouveau Théâtre (la première compagnie privée) puis Familia. Diriger ou codiriger une compagnie théâtrale est disproportionné par rapport à une institution, mais La gestion de l'humain et du matériel est une mission lourde, surtout au niveau du rapport à l'humain. Ceci dit, je suis né pour parlementer, dialoguer et construire pour l'art. Ce que j'ai fait pendant neuf mois avec mes amis est très contraignant et très lourd. Pourtant je le fais avec beaucoup de passion et de plaisir. C'est un travail de Sisyphe. Il faut se battre contre la léthargie, l'abandon, la soumission, la tentation du pire, la démission. Cette situation n'est pas liée à la révolution, mais le pays est ainsi fait depuis jadis, il est plus porté sur la passivité que sur l'action. Alors Il faut motiver les gens, les galvaniser, les caresser dans le sens du poil. Je suis venu dans un théâtre qui a quand même, connu son heure de gloire, il ne faut pas être injuste avec l'histoire ; il y a eu deux de Mohammed Driss. Mohammed Driss d'avant les années 2000 et celui de la fin des années 2000. Il est venu quand même en 88, il a fait travailler les jeunes, il a fondé le théâtre national réellement, en le dotant d'un statut. Il a fondé l'école du cirque national, et a crée un répertoire... Il a fait un travail colossal, on n'a pas le droit de le nier ! Les historiens comme les journalistes ont le devoir de le rappeler. Puis, il a connu une période très dure après la révolution, puis la troïka a misé de manière tout à fait démagogique sur le jeunisme et le régionalisme et ce n'était pas facile de diriger une telle institution pour son successeur. C'est un microcosme de tout le pays. Bref, j'ai débarqué avec mon équipe. J'ai pris le soin d'amener avec moi des jeunes et des moins jeunes, ils ne sont pas nombreux. Il y a quand même une poignée de gens formidables sur les soixante fonctionnaires qui coûtent environ 70% du budget général, ce qui ne laissait pas beaucoup pour le théâtre et la création. Je travaille avec mes amis, des gens, performants parce qu'à Halfaouine et au 4ème art, on peut faire beaucoup de choses. Il n'y a pas une semaine qui passe sans qu'il y ait 3 ou 4 manifestations.
Vous collaborez avec Jalila Baccar ?
Jalila n'est pas dans le Théâtre National, mais elle est là, je ne peux pas faire comme si elle n'existait pas. Jalila est derrière tout ce que je sens, je vois, je respire, c'est mon alter égo, ma Muse, la femme grâce à qui je suis ce que je suis. C'est très important, chaque homme quand il croit dans la femme, admet que sans elle il n'est pas grand-chose, je dirai presque que l'homme c'est l'avenir de la femme et non la femme l'avenir de l'homme à la manière d'Aragon.
D'énormes problèmes parsèment le paysage culturel tunisien, Vous pensez qu'aujourd'hui le théâtre a plus besoin de vous ?
Je ne sais pas si le théâtre a besoin de moi, mais moi j'ai besoin du théâtre ! Le théâtre m'a beaucoup plus donné que je ne lui ai donné. On m'a sollicité plusieurs fois, et j'ai refusé parce que je ne pensais pas être utile ; je mesurais trop les limites de la responsabilité officielle sous un régime de plomb, sous la censure, sous l'autorité quasi totalitaire. C'est évident que je n'accepte jamais de travailler dans la soumission et l'allégeance. Mais, les choses ont changé. L'ex- ministre Mourad Sakli est un homme avisé, qui vient de la culture, de l'art vivant et non pas de l'administration. Il ne vient pas du parti unique, c'est tout un chapelet de louanges que je peux lui faire. Il est venu au bon moment et il m'a sollicité trois fois, j'ai demandé à réfléchir, je n'ai pas accepté tout de suite, j'ai pesé le pour et le contre. Ensuite j'ai posé mes conditions, comme avant avec le Centre d'Art Dramatique dans les années 70, j'ai présenté mes conditions à Mahmoud El Messadi, je ne suis pas un homme à qui on dicte des instructions. Si j'ai accepté l'institution, c'est pour continuer à croire dans le projet culturel, avec les moyens de l'Etat libérés de la censure, de la méfiance, de l'allégeance, de la peur, des petits calculs égoïstes. En quittant l'institution dans les années 70, Je ne voulais pas être un fonctionnaire de la culture, et en fondant avec Jalila Baccar, Mohamed Idriss, Habib Masrouki, Fadhel Jaziri, la première compagnie privée indépendante (Le Nouveau Théâtre), nous avons décidé de nous libérer du poids et du joug de l'administration culturelle et nous avons plus ou moins construit un théâtre alternatif. Si ça fait 43 ans qu'il existe, c'est grâce au théâtre tunisien, au public tunisien, et à ce qu'aussi le système nous a apporté. Nous l'avons fait bougé, nous nous sommes battus, et nous avons résisté. C'est le Nouveau Théâtre et Familia qui sont derrière la plupart des lois qui existent ; les autres ont beaucoup appris aussi, accompagné, formé un front qu'il soit syndical ou professionnel ou artistique. Le fait que nous sommes les pionniers, a fait que nous sommes derrière tout ce qui a bougé dans le théâtre, au niveau de la quantité et de la qualité; Les choses auront pu se dégrader beaucoup plus que ça, ou stagner, et en dehors de la troupe de la ville de Tunis, Kef, ou Gafsa, il n'y avait pas grand-chose. Ceci dit, ça demeure encore perfectible et problématique, c'est la mission des jeunes générations maintenant. Il y a près de trois cent compagnies « indépendantes » aujourd'hui. Il y a des jours où je suis fier, et d'autres, quand je vois la précarité de tout cela, je regrette amèrement.
Vous pensez que la censure et l'oppression ne reviendront plus ?
Je n'en sais rien, on fera de sorte que ça ne revienne pas ; si on ne fait rien, oui ça revient, si on fait quelque chose peut être on recule les échéances ou on atteint l'irréversible.
Vous avez ouvert les portes du théâtre national aux metteurs en scène et aux jeunes créateurs.
De janvier 2015 jusqu'à décembre, on aura produit 7 spectacles. Les journées Abdelwaheb el Jamli ont démarré avec la création de Chedly Arfaoui « Borj loussif » d'après Tennessee williams ; il reste encore trois pièces et plus une espèce de performance sur l'histoire et sur la mémoire qui se prépare au musée punique de Carthage, un spectacle de rue inspiré par un concept très original, « La Psychanalyse Urbaine » un autre spectacle en coproduction avec le CDN de Haute-Normandie, l'IFT et les JTC et enfin ma prochaine création avec Jalila. Mais avant cela, il y avait la nécessité de former des acteurs, puisque sans métier, il n'y a pas de profession, il n' ya pas d'art ni de création sans formation. Le Théâtre National a instauré la formation circassienne. Personnellement, je crois à l'action du théâtre comme art vivant et alternatif ; il fallait une école d'acteurs, nous l'avons instaurée avec les meilleurs praticiens de la place (Jalila Baccar, Raja Ben Ammar, Imène Smaoui, Kaïs Rostom et bien d'autres d'ici et d'ailleurs. Nous allons instaurer une école du metteur en scène l'année prochaine et les ateliers d'écriture dramatique. Ce sont les piliers essentiels du métier théâtral ! Il faut que ces jeunes, qui sont formés pendant neuf mois intensifs, 35 heures par semaine, avec les meilleurs professionnels de la place, constituent un noyau de pensionnaires, la compagnie permanente du jeune théâtre national, et qu'il se mélangent aux moins jeunes, et qu'il créent pendant deux ans, à raison d'un spectacle tous les six mois. Le Jeune Théâtre National (JTN) sera fondé en juin prochain. En parallèle, il fallait créer, inviter, promouvoir, pousser les jeunes et les moins jeunes à exister, à s'exprimer, à leur donner les moyens pour que plus jamais ils ne disent « on travaille dans la médiocrité et la précarité ». Je pense à Abdelwaheb El Jamli, qui est mort, qui n'a jamais eu ce qu'il méritait, il était bourré de talent, d'ambition dévorante qui l'a dévoré. Il y a des gens qui méritent parce qu'ils sont talentueux et on n'a pas le droit de les laisser sur le trottoir. Qu'est ce que je fais là si je ne leur tends pas la main, ils ont droit à l'expression et aux moyens de l'expression ; Mais le résultat dépend d'eux, je ne peux pas être à leur place, je les aide et les soutiens. Les quatre qui sont passés déjà, Mokhtar Louzir, Noomen Hamda et Jamila Chihi, Ghazi Zaghbeni , Chedly Arfaoui, seront suivis d'autres la saison prochaine plus et moins jeunes qui ont donné leurs preuves et confirmé leur talent.
Le public a déserté le théâtre !
Ma mission c'est de réconcilier le public avec le théâtre. On m'a toujours dit « tu fais du théâtre élitaire », mais on parle de quelle élite? Les enseignants ne connaissent pas l'adresse du 4ème art, comment voulez vous que leurs élèves ou leurs étudiants la connaissent ? De même pour les médecins, les ingénieurs, les avocats, les politiques, ils regardent la télé, ils adorent rire pour se divertir. Mais comme disait Brecht : « Il y a deux sortes de divertissements : les divertissements mineurs et les divertissements majeurs ». S'il n y a pas eu la révolution pour secouer le palmier en péril, je pense que les choses se seraient effondrées, dégradées. Aujourd'hui, on est toujours menacé par la bêtise, l'ignorance, la démission, l'abandon, ou les égos surdimensionnés ; et par les forces occultes qui profitent de toute cette confusion généralisée et par les obscurantistes. Tout le monde parle de projet culturel et éducatif mais tout le monde s'enferme à la maison pour regarder la télévision. Ils vont au stade, au festival de Carthage pour se divertir. On confond culture et divertissement. On n'aime pas réfléchir, on préfère l'anecdotique. Les gens voient ce que deviennent leurs enfants, ou islamistes ou des déchets de la société. Je ne généralise pas, la Tunisie n'est pas réductible aux jeunes islamistes ou aux jeunes consommateurs de drogue. Je ne moralise pas non plus, je le constate ! Quand j'ai écrit ce texte à l'occasion de la journée mondiale du théâtre, en disant, c'est très bien que les professeurs revendiquent et qu'ils ne se couchent pas devant l'injustice, mais c'est tout aussi bien qu'ils occupent la rue pour dire « nous ne voulons plus de ce système éducatif, nous ne reprendrons pas les cours tant qu'il n'ya pas de réformes qui répondent aux besoins et à l'avenir de ce pays, avec ces questions essentielles de dignité, de libertés réelles, de solidarité, de partage, d'intelligence. » Le théâtre est une petite et modeste contribution à l'édifice. Si on profite pleinement des rencontres ponctuelles avec l'art, avec le bon théâtre, le bon cinéma, la bonne musique, la bonne poésie, peut être les choses finiront-elles par bouger.
Il faut instaurer la tradition d'aller au théâtre
Oui, c'est un combat majeur. Les gens ne vont plus au théâtre, ils le reçoivent chez eux et généralement c'est du très mauvais théâtre ou du très mauvais feuilleton ou de la très mauvaise série, qu'elle soit américaine ou française, ou égyptienne ou turque ou tunisienne ! C'est du divertissement abêtissant, ça ne fait pas évoluer l'esprit humain. J'ai du mal à voir que les gens ne veulent plus aller au théâtre. Le Colisée ou le Théâtre Municipal sont pleins, quand il ya des one-man-shows ou des petites comédies de boulevard, et non pas des œuvres majeures. Je suis avec Jalila et quelques rares autres les derniers qui proposent un travail réel de divertissement et de réflexion avec mon groupe. « Tsunami » a drainé 8 mille spectateurs à Carthage. Mais, malheureusement, la plupart des compagnies jeunes et moins jeunes rament. Regarde ce qui se passe à l'espace Mass'art, la mort de Ezzedine Gannoun, les problèmes de Raja Ben Ammar par rapport à Mad'art. Avant, les cinémas fermaient et les théâtres prenaient leur place, maintenant les théâtres ferment à leur tour et j'ai l'impression que Tunis va être partout « gargoté ». Donc, j'essaie de contribuer à sauver à ma manière l'institution avec Jalila et mes amis. Nous avons fait des dizaines de manifestations, j'ai tout de suite compris qu'il fallait entrer dans une forme de partenariat avec le Ministère de l'Enseignement, de l'Education, avec le Ministère de la Femme, de la Jeunesse et du Sport, avec le Ministère de l'Emploi, avec la télévision nationale, avec les chaines privées, afin de « booster » le théâtre, remotiver les gens. Je suis heureux qu'aucun des spectacles que nous avons programmés, n'a été refusé par le public. Les conventions que j'ai signées avec les ministères ou celles que je vais signer, vont permettre d'établir de vraies passerelles. C'est la meilleure façon de défendre une certaine idée de la fraternité, de promouvoir l'échange et l'amour du pays et de l'homme. C'est ça ma mission et je pense que le Théâtre National Tunisien nous offre cette opportunité. De même, la nouvelle ministre qui a fraichement débarqué, est extrêmement bienveillante, motivée et elle veut tout faire pour que cette aventure dure et réussisse. Tous les autres problèmes humains et financiers, les problèmes structurels et organisationnels, s'il y a des hommes pour y croire, eh bien, ils se règleront avec imagination et détermination ! Il faut seulement de la volonté et du souffle !
Vous prévoyez des partenariats avec l'étranger ?
Bien sûr, il y a l'accueil et la circulation des œuvres. D'abord à l'intérieur du pays, dans les centres dramatiques régionaux, avec lesquels nous sommes en train d'élaborer un projet de partenariat stratégique de formation commune, de co-prodution, d'échanges, de développement de nos statuts respectifs et de nos moyens humains et financiers. Nous n'oublions pas les maisons de culture, les maisons des jeunes. Nous avons joué déjà presque une vingtaine de fois à l'intérieur du pays en 3 mois et juste deux spectacles. Nous avons une programmation fin 2015-2016 à l'étranger. Nous essayons de programmer de belles œuvres étrangères, parce que le Tunisien ne peut pas voyager, mais c'est un problème compliqué parce que ça coûte très cher. Choisir des œuvres de qualité sans subir l'influence des Centres cultuels étrangers, est un vrai challenge ! Il faut échanger les experts et les formateurs aussi, il ne faut pas que notre travail soit montré à l'étranger par complaisance, il faut aussi que nous puissions nous sentir à l'aise en invitant des œuvres étrangères... Je crois que les choses sont en train de bouger depuis janvier, je suis heureux avec mon équipe de voir les gens réagir très favorablement à ce projet global de réformes et de reconstruction de notre vision de l'institution. A ceux qui parmi les artistes, à ma nomination ont réagi négativement, nous répondons par l'action.


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