La chambre criminelle près le tribunal de première instance de Tunis a examiné dernièrement une affaire de cambriolage, assez originale, ses deux protagonistes ayant essayé tout au long de l'interrogatoire d'esquiver les enquêteurs pour noyer le poisson. Les faits ne sont pas pourtant si originaux que cela, puisqu'il s'agit du cambriolage d'une maison par les deux acolytes qui y avaient pénétré par effraction, et dérobé la somme de 11 mille dinars, que le propriétaire cachait soigneusement dans le tiroir de l'un de ses meubles. Le propriétaire tient une agence de location de voiture, et l'un des deux cambrioleurs, le cerveau dans cette opération, figure parmi ses employés. Il connait bien le domicile de son employeur, et il a donc épié tous ses déplacements avant de décider du jour J, lorsque son employeur se trouvait en voyage à l'étranger. Il s'y rendit donc avec son acolyte et après avoir raflé la somme d'argent, il se dirigea avec lui au garage, pour s'emparer en compagnie de son ami de la voiture de son employeur. L'employeur, de retour du voyage, constata avec étonnement le vol de son argent et de sa voiture, et s'empressa de déposer une plainte au commissariat le plus proche. Les agents de la brigade criminelle, munis d'une commission rogatoire du procureur de la République, n'ont pas mis beaucoup de temps à mettre la main sur les cambrioleurs, grâce aux empreintes digitales laissées sur la boite où l'argent était déposé par le propriétaire et qui ont été relevées par les enquêteurs. Au cours de l'interrogatoire de police, le complice avait nié au départ avoir participé au cambriolage, en indiquant qu'il avait été conduit à la maison par l'auteur principal, alors qu'il conduisait une voiture de marque « Symbol » de couleur noire. Ce dernier lui avait demandé, à ses dires, de l'accompagner chez un ami. Mais en fait, il l'avait conduit à la maison de la victime, pour l'aider à commettre le cambriolage. Il était mis devant le fait accompli. C'est ce qu'il expliquera plus tard à la barre du tribunal. Il ajouta que l'auteur principal lui avait donné un faux nom. Il ajouta que son acolyte se réfugiait durant les deux mois de son incarcération sous un faux nom, pour échapper à la sanction, et ne pas souiller son bulletin n°3, ajoutant qu'il l'a dénoncé à la direction de la prison d'El Mornaguia, dès qu'il a s'est aperçu de son subterfuge. Son avocate confirmant les dires de son client, a soutenu qu'il n'avait l'intention de commettre le cambriolage en question, et qu'il a été mis devant le fait accompli par l'auteur principal. Quant à l'avocat de ce dernier, il ne pouvait que requérir les circonstances atténuantes pour son client. L'affaire est mise en délibéré.