Réalisé par des élèves du Lycée Gustave Flaubert de la Marsa, l'ouvrage "Abdallah, tirailleur tunisien en 14-18" est d'abord le fruit d'une démarche pédagogique. Encadrés par Pierre-Emmanuel Gillet, professeur d'histoire, sept lycéens ont réalisé une véritable fresque de la Première Guerre mondiale tout en rendant hommage aux troupes tunisiennes impliquées dans ce conflit. Emotion, intelligence et rigueur scientifique Paraîssant chez l'éditeur francais Cap Régions, ce livre de 150 pages est une authentique pépite qui témoigne aussi bien du sérieux dans le travail de documentation que de la pertinence de l'approche. Les élèves se sont même improvisés reporters en allant chercher l'information au plus près. En effet, outre les nombreuses archives, les auteurs de ce livre ont également rencontré des témoins ainsi que les descendants des soldats auxquels ils rendent hommage. L'éditeur Benoit Roland écrit que " ce livre est l'aboutissement d'un travail collectif dans lequel chaque participant a mis à la fois de l'intelligence, de l'émotion et de la rigueur. Objectivité, sagesse et reconnaissance, telles furent les lignes conductrices"... De fait, si ce livre a une saveur particulière, c'est qu'il est bien l'oeuvre d'un groupe de jeunes liés dans leur demarche à un enseignant méritant et compétent. Au fil des pages, on constate l'ampleur de la tâche ainsi que la rigueur du cheminement. De prime abord, c'est la richesse de l'iconographie qui retient le regard. Des centaines de photos qui donnent à ce livre l'allure d'un fasicule de la collection "Découvertes" chez Gallimard. La maquette aérée, la nostalgie qui se dégage des photos, les nombreuses cartes et graphiques permettent de se situer dans le premier conflit ravageur du vingtième siècle. Ensuite, c'est le personnage, réel et symbolique de Abdallah qui fait son apparition pour devenir le fil rouge d'une narration bien menée, l'histoire humaine dans l'histoire tout court. Abdallah est natif de Ghardimaou, il embarque en avril 1915 dans un bateau en partance d'Alger pour accomplir son devoir. Il mourra au champ d'honneur non loin de Verdun. A travers le destin de Abdallah, les auteurs rendent compte de la bravoure de tous les soldats tunisiens qu'ils soient tirailleurs, zouaves ou spahis. Ils saluent également la ténacité au combat de leurs bataillons et leurs régiments. L'ouvrage est divisé en deux grandes parties. Documentaire, la premiere propose un gros plan sur les troupes tunisiennes dans la Première Guerre mondiale. On y retrouve des échos de l'Armée d'Afrique et du huitième régiment de marche des Tirailleurs. On y suit aussi les mille difficultés qui jalonnent le quotidien des soldats. La seconde partie du livre est consacrée au devoir de mémoire. On y suit le parcours des auteurs à la recherche des cimetières, monuments commémoratifs et musées militaires, ces lieux de mémoire de la Grande Guerre. Les auteurs envisagent également une mémoire plus vivante et vont la retrouver auprès des familles. Textes et photos à l'appui permettent de mesurer ce parcours de recherche, ce projet pédagogique qui prend les dimensions d'un travail universitaire digne d'un mémoire de fin d'études. «Commémorer est un acte d'avenir» Doublement préfacé, le livre est ouvert par un texte de Francois Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie qui souligne le mérite des auteurs en plaçant ce livre entre travail de mémoire et reconnaissance. L'ambassadeur ajoute: " Ce livre accorde une place à la mémoire nationale et montre bien que cette page de l'histoire reste vive dans notre mémoire collective. Elle lie nos deux pays et réunit nos deux peuples". C'est Bernard Vasseur, proviseur du lycée Gustave Flaubert, qui signe le second texte introductif. Il y retrace la genèse de l'ouvrage en le mettant dans son cadre pédagogique et commémoratif. Cet avant-propos s'articule ensuite selon trois idées-force selon lesquelles "parler de la guerre, le faire avec des éléves tout particulièrement, c'est aussi parler de la paix", "commémorer est un acte d'avenir" et "écrire l'histoire revient toujours à engager un dialogue". Notons que, depuis sa parution, ce livre a été présenté à plusieurs reprises en Tunisie et aussi en France et que les éléves ont été honorés aussi bien par le président de la République tunisienne que par celui de la République française.