A l'occasion de la Foire Internationale du Livre organisé à Tunis, un programme alléchant d'activités et de rencontres littéraires a été préparé par l'Institut Français de Tunis (IFT), offrant l'opportunité aux lecteurs tunisiens de s'informer auprès des écrivains français et découvrir leurs nouveaux ouvrages. Ainsi, plusieurs séances de présentation et de dédicace d'œuvres littéraires récentes se déroulent du 27 mars au 05 avril au cours de cette foire. Parmi ces rencontres, l'IFT a prévu une séance de présentation de l'album de BD « Le Tirailleur » de Piero Macola au public tunisien le mercredi 1er avril à la Médiathèque Charles de Gaulle. « Le Tirailleur » est un livre de bandes dessinées co-produit par deux auteurs : l'histoire est racontée par le journaliste Alain Bujak, les illustrations sont réalisées par Piero Macola. Ce dernier est l'auteur et le dessinateur de plusieurs bandes dessinées. Il est d'origine italienne, installé en France depuis quelques années. Il a travaillé pour la presse et l'édition jeunesse. Quant à Alain Bujak, il est photographe et travaille régulièrement pour des entreprises et des collectivités, en collaboration avec des agences de communication, ou en direct. L'idée de cet album revient essentiellement au photographe Bujak qui est allé un jour faire un reportage sur les occupants d'un foyer accueillant beaucoup d'anciens combattants marocains ayant participé à la guerre aux côtés de la France contre les Allemands et en Indochine. C'est là qu'il rencontra le vieux Abdesslem, un octogénaire, qui lui raconta comment il fut enrôlé de force et à son corps défendant, par l'armée française, dans une guerre qui n'était pas la sienne. Bujak recueillit tous les renseignements et avec l'illustrateur Piero Macola, les deux auteurs ont produit un album de BD intitulé « Le Tirailleur » qui raconte l'incroyable et l'impressionnante histoire d'Abdesslem (le personnage principal) et à travers lui, la vie brisée des militaires indigènes. L'album veut encore une fois dénoncer l'ingratitude et la mesquinerie de la France envers ces anciens soldats qui avaient si vaillamment combattu pour sa libération, comme c'était le cas il y a quelques années, la même question a été soulevée au cinéma avec le fameux film « Les Indigènes », qui a rappelé les souffrances endurées par ces soldats et les calvaires qu'ils ont vécus sur le front, loin de leur patrie et de leur famille, sans pour autant être honorés. Cet album est donc écrit à partir de témoignages sincères, pathétiques et irrécusables d'un ancien militaire étranger qui a combattu dans les rangs de l'armée française. L'album relate en mots simples, directs et évocateurs les péripéties de Abdesslem, jeune berger marocain, depuis l'âge de 17 ans quand il fut un matin de 1939 enrôlé par l'armée coloniale française. Engagé, à contre-cœur, dans l'armée française, ce soldat ne quittera l'uniforme que quinze ans plus tard, étant mobilisé pour mener des opérations militaires contre les ennemis de la France. Aujourd'hui, il vit dans un foyer à Dreux où il est obligé de passer neuf mois par an, seul, loin de son pays et de sa famille, pour percevoir sa modeste pension accordée aux anciens militaires étrangers et qui est d'ailleurs moins consistante que celle octroyée aux anciens combattants français. D'ailleurs, il renoncera plus tard à cette pension dégradante pour revenir définitivement dans son pays d'origine auprès des siens ! Cet album constitue un cri de détresse lancé par un ancien tirailleur aux autorités françaises qui doivent améliorer la situation financière et sociale de ces anciens soldats qui ont défendu la France avec bravoure et acharnement. Il faut mentionner ici le grand talent par lequel l'histoire émouvante de Abdesslem a été racontée et illustrée par les co-auteurs Bujak et Macola en respectant à la lettre tous les témoignages déposés par le personnage jusqu'au moindre détail. L'album brosse fidèlement le portrait d'un tirailleur étranger qui, sans doute, n'est pas le seul dans son cas, c'est un hommage vibrant rendu à ces hommes qui se sont battus pour la France qui ont passé leurs années de jeunesse face à la mort. Un récit bouleversant qui ne laisse pas indifférent ! Cet ouvrage est conseillé aussi bien aux enfants qu'aux adultes. A la fin de l'album, le lecteur rencontrera encore plus intimement Abdesslem grâce au reportage photographique présenté par Alain Bujak, quand il a rendu visite au vieil homme au Maroc.