Le Royaume Uni vient d'appeler tous ses ressortissants, via son Foreign Office, à quitter la Tunisie illico-presto, s'ils n'ont pas de raison majeure les obligeant à s'y attarder. La consigne est claire, et la sentence, à peine voilée est sans appel : il y aurait le risque d'autres menaces terroristes sous nos latitudes. Et elles seraient même imminentes. A Dieu ne plaise... Ayant dépêché quelque 600 enquêteurs sur place, juste après le tragique attentat de Sousse, du 26 juin dernier, la Grande-Bretagne en a tiré le constat que la sécurité intra-muros demeurait claudicante, et certainement pas apte à protéger, d'une manière efficiente, ses citoyens, qui devront donc plier bagage, et quitter la Tunisie au plus tôt. Pouvons nous nous permettre de les assurer du contraire, et de leur dessiner un tableau qui ne serait même pas en demi-teinte, pour faire, en même temps illusion tout en demeurant crédible ? Par les temps qui courent, ce serait une grave erreur. Pour autant, nuancer le propos ne serait pas déplacé, ni l'argument trompeur, dans la mesure où tout le monde aujourd'hui est parfaitement conscient, qu'en matière de menaces terroristes, les frontières sont devenues tellement poreuses que nul ne peut prétendre y échapper. Ce n'est pas ce que l'on souhaiterait à son pire ennemi, sauf à espérer que les commanditaires, ceux qui tirent les ficelles, et qui sont installés confortablement devant leur échiquier, en prennent aussi plein la gueule par un retournement de situation qui ne serait que juste. Effet papillon ? Effet boomerang... La recette est éprouvée mais toujours valable. Cela étant, s'il ne faut pas se voiler la face, sur l'évolution d'une situation, pour le moins inconfortable dans nos murs, et qui a trait à la menace terroriste sous nos douces latitudes, ce que nous pouvons dire à nos amis anglais, et aux autres c'est ceci : Oui, tout ne va pas pour le mieux, dans le meilleur des mondes sous nos latitudes, parce que nous sommes aujourd'hui dans le collimateur de Daech. Mais il ne faut pas oublier que toute marionnette, aussi désarticulée qu'elle ait pu être, peut, et le risque est élevé, se retourner un jour ou l'autre contre le marionnettiste. Ce qui équivaut à dire que nous ne sommes pas les seuls, aujourd'hui, à être dans le collimateur de Daech. L'E.I s'est transformé en une pieuvre, avec des milliers de tentacules à rallonges. Cela veut dire qu'ils peuvent s'étendre très loin. Alors, en attendant que la tête soit frappée, suffisamment fort pour qu'elle tombe, et elle le sera, il faudra être solidaire, dans un monde en perte de repères. C'est pour cela qu'il faut continuer à venir en Tunisie. A aller où bon vous semble d'ailleurs, pour que la vie l'emporte sur tout le reste. Il n'y a pas de raison de lâcher prise. Et s'il y a un combat à mener, c'est celui-là. On peut mourir tranquillement dans son lit, ou se faire écraser par une voiture à cause d'une seconde de distraction, une infime seconde qui aura alors poids d'éternité ; et, parce qu'il n'y a pas de risque zéro, on peut, effectivement tirer la mauvaise carte, même en étant chez soi, parmi les siens, dans son propre pays, hautement sécurisé, et qu'on n'aura pas vu venir. C'est déjà arrivé. Et ça peut arriver encore. Et si on le déplore, il n'empêche que l'on regrette aussi, par ailleurs, que des nations qui ont longtemps accueilli, à bras ouverts, des fondamentalistes religieux, en les couvant dans leurs girons, jusqu'à ce qu'ils prennent encore plus de force et d'envergure, les lâchant ensuite dans la nature, sans autre forme de souci, fassent semblant aujourd'hui de se faire du mouron pour leurs concitoyens, qui risquent sur leur propre sol, ce qu'ils sont censés fuir aujourd'hui en Tunisie. A Dieu ne plaise aussi...