L'utilisation du marbre tunisien et importé dans la construction a énormément progressé en Tunisie. Dans les années 1990, la moyenne nationale était 3 mètres carrés de marbre par habitant. De nos jours, des appartements de haut standing complètement tapissés en marbre sont proposés aux acquéreurs. Sur un site de vente immobilière, un appartement de quatre pièces complètement tapissé en marbre est proposé au prix de 475 mille dinars, dans la nouvelle ville des Berges du Lac, dite Lac 2. Outre les immeubles de haut standing, le marbre a servi et sert encore dans la construction des hôtels touristiques, en Tunisie. Le marbre est utilisé pour le dallage et le carrelage des sols, ainsi que pour les revêtements muraux , la décoration intérieure et extérieure, outre la fabrication des mosaïques et la sculpture. Quelque peu secoué, au début de l'année dernière 2014, par la généralisation de la taxe de consommation perçue sur le marbre importé d'origine italienne et autres, le secteur de l'industrie du marbre en Tunisie a poursuivi, depuis, son activité sans grands bouleversements. D'après des directeurs d'unités d'usinage installés dans la zone d'Al Malaha, à Radès, la demande a gardé ses niveaux ordinaires, tandis que les prix n'ont pas été affectés, compte tenu de l'abondance de l'offre, mais les pressions de la concurrence se sont accentuées, notamment sur les unités d'usinage de petite taille , leur créant des difficultés d'approvisionnement direct auprès des carrières de production du marbre brut tunisien. Dans ce contexte, un directeur d'unité d'usinage du marbre, dans la zone d'Al Malaha, à Radès, Taoufik Radhouani, nous a indiqué qu'avec l'expansion urbaine, l'utilisation du marbre tunisien et importé dans notre pays a connu un véritable essor, ces dernières années, tant chez les particuliers que chez les promoteurs immobiliers, parallèlement à l'évolution des exportations et des importations du marbre et l'investissement local et étranger dans ce domaine. « Il n'y a pas de commune mesure entre la situation actuelle et celle prévalant dans les 1990, en ce qui concerne le marbre qui est une pierre naturelle, entre autres pierres naturelles, a-t-il dit, mais le recours aux pierres naturelles en général dans la construction en Tunisie reste, relativement, limité malgré la richesse de notre pays dans ce domaine, car la préférence va toujours aux briques, au ciment et aux matériaux et produits industriels. Pour ce qui est du marbre, son utilisation dépend des moyens financiers de chacun, mais il est devenu quasi nécessaire pour quelques parties de la maison, comme la cuisine, les fenêtres et les escaliers, alors qu'il est largement utilisé partout dans les constructions de haut standing. Cependant, en Tunisie, on utilise librement le marbre tunisien et le marbre importé, alors qu'en Italie, qui est la référence mondiale en matière de marbre à tous les niveaux, les entreprises publiques sont tenues, par la réglementation, à recourir uniquement au marbre italien pour couvrir leurs besoins en la matière. L'Egypte a institué des taxes supplémentaires sur l'exportation du marbre égyptien afin d'encourager son utilisation locale. Les carrières d'extraction du marbre ont augmenté en Tunisie, alors qu'il existe des centaines d' entreprises spécialisées dans la découpe, l'usinage et le façonnage du marbre dont plusieurs possèdent des sites WEB destinés à faire connaitre et à promouvoir commercialement leurs produits. Les prix varient entre 20 dinars et 60 dinars le mètre carré pour le marbre type Thala, alors que l'importé est cher. Il y a aussi des variétés de marbre tunisien qui sont chers, comme le marbre bleu de Chemtou. Avantages du marbre tunisien Comme l'a dit notre interlocuteur, et conformément aux données et rapports de l'Office national des mines, la Tunisie est connue depuis longtemps par ses pierres marbrières, car des marbres au vrai sens du terme n'existent pas en Tunisie, ni non plus le granit qui est une pierre volcanique. Mais, il s'agit de pierres marbrières bien appréciées aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger, et de plusieurs types, selon les âges géologiques auxquels elles se rapportent et qui sont trois, l'âge jurassique, le crétacé et l'éocène. Ceci est important car le type d'utilisation des pierres marbrières est défini à partir de leurs caractéristiques qui diffèrent selon les âges géologiques. D'après les rapports de l'Office national des mines, le jurassique, période située entre 200 millions et 136 millions, avant notre ère, a livré, en Tunisie, les pierres marbrières de couleurs variées : - grises et noires, type Aziza, au sein des massifs Aziza, Raouas et Jebel Oust, dans la dorsale tunisienne. - jaunes à rougeâtres, type Chemtou, notamment à Chemtou, dans la délégation de Ghardimaou, gouvernorat de Jendouba. - beiges, type Ghomrassen, répandues dans la région de Tataouine où ont été trouvés d'ailleurs des restes de dinosaures. L'âge crétacé qui a suivi le jurassique (de 136 millions à 65 millions avant notre ère) a donné, en Tunisie, des pierres marbrières de couleurs différentes : - noires , type Boulahnèche, dans les massifs de la dorsale tunisienne près du Kef et Kalâat Sénane, notamment. - beiges à grisâtre, dans le Sud tunisien, connues sous le nom de marbre de type Matmata. -- blanchâtres, roses, rouges, jaunâtres, type keddel, dans les environs de Tunis, notamment à Jebel Keddel, à 20 kilomètres à l'est de Tunis. - beiges à grisâtres, type Thala, fréquent en Tunisie centrale et Centre nord, à Thala, Silana, Kasserine. Enfin, l'éocène qui a suivi le crétacé, a livré, en Tunisie, des pierres marbrières beiges, blanchâtres, grises et noires, type Kesra, et les pierres jaunes à rosâtres, type Mateur. Pour les pierres marbrières de type Chemtou, de couleur rose, jaune et gris bleu, elles sont, actuellement, extraites uniquement dans le site de la localité de Chemtou, après la fermeture de la carrière de Jebel Ichkeul, devenu zone protégée.