L'Agence Nationale de la Sécurité Informatique (ANSI) a tenu, à Tunis, une conférence de presse pour annoncer officiellement le lancement de sa campagne de sensibilisation en matière de sécurité informatique orientée vers les enfants et les jeunes. Coïncidant avec l'approche de la rentrée scolaire, cette campagne, organisée en collaboration avec la SOTEFI, fabricant de cahiers et papeterie, s'intitule «Sur le net, vigilance parfaite». Ont assisté à ce point presse, Samira Meraï, Ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance et Noômene Fehri, Ministre des Technologies, de la Communication et de l'Economie Numérique. Lors de leurs allocutions, les deux ministres ont insisté sur la nécessité de mettre en place des dispositifs efficaces pour encadrer la navigation des plus jeunes sur le web et les protéger des multiples dangers qui les y guettent. Comme presque partout ailleurs dans le monde, les enfants et adolescents tunisiens sont de gros consommateurs d'internet. Ere technologique oblige, ils sont quasi-continuellement connectés via leurs smartphones, leurs ordinateurs ou leurs tablettes. Les yeux rivés sur les écrans et les doigts en mouvement continu, ils peuvent y passer des heures entières, sans bouger de leurs places et sans prêter le moindre intérêt à l'environnement qui les entoure. Même si les experts estiment que cette tendance est un indicateur positif sur l'évolution scientifique et technologique de la société tunisienne et plus particulièrement de la jeunesse tunisienne, force est de constater que cette tranche d'âge est souvent exposée à divers dangers sur la toile. Des prédateurs malveillants sont, en effet, continuellement à l'affût de ces profils de jeunes sur le net pour essayer, par différentes techniques, de les duper, de les escroquer, de les soumettre à du chantage ou pire encore à user d'eux, y compris sexuellement. Selon les experts, un jeune est exposé à deux principaux types de dangers sur le net. Le premier consiste à profiter de sa candeur pour lui extorquer des informations qui le concernent directement ou son environnement familial. Une fois soutirées, ces données serviront à le piéger ou encore à commettre des opérations planifiées comme le vol, l'espionnage ou l'usurpation d'identité. Ces actes répréhensibles peuvent même mener à influencer la psychologie de la victime et à faciliter son embrigadement par les groupes terroristes fondamentalistes comme ce fût le cas pour de très nombreux jeunes ayant été recrutés par l'Etat Islamique via les réseaux sociaux et les forums. Le deuxième danger est celui de la cyberdépendance. Les spécialistes la désignent comme un trouble psychologique entraînant un besoin excessif et obsessionnel d'utiliser un ordinateur et interférant sur la vie quotidienne. A force d'être continuellement connecté sur internet, le jeune cyberdépendant s'isole et finit par être totalement déconnecté de la réalité qui l'entoure. Ce trouble peut avoir de graves répercussions aussi bien sur les résultats scolaires du jeune que sur son comportement et ses relations sociales. Conseils au dos des cahiers C'est justement pour lutter contre ces dérives et protéger les jeunes que l'ANSI et la SOTEFI ont mis en place la campagne de sensibilisation « Sur le net, vigilance parfaite » qui s'articule autour de trois thèmes : l'usurpation d'identité sur Internet, la navigation non sécurisée sur la toile et la non-divulgation des données personnelles. La campagne consiste notamment en l'inscription, au dos des cahiers « Selecta », de conseils simples et ludiques pour alerter les jeunes sur les dangers qui les guettent. Parmi ces recommandations, éviter de répondre aux questions d'inconnus, ne pas accepter de rencontrer ces derniers directement sans en informer les parents, se concerter avec ses parents et les interroger pour toutes les questions nécessitant explication et compréhension, être vigilant lors de toute connexion afin de protéger son mot de passe et faire en sorte de choisir un mot de passe qui réponde aux standards de sécurité. De même, il est à souligner que l'ANSI fournit une assistance continue et un encadrement nécessaire aux internautes tunisiens et ce, à travers son centre d'appel. L'Agence met également des outils de sécurité à la disposition de toute personne qui en formule la demande à travers son site web. Contrôle parental et vigilance extrême Si la campagne « Sur le net, vigilance parfaite » ne peut être que bénéfique et relancer le débat aussi bien en classe que dans le cercle familial sur l'épineux danger de la sécurité sur internet, doit-on pour autant se limiter à des conseils inscrits au dos de cahiers pour lutter efficacement contre ce danger ? Neziha, mère de deux jeunes de 15 et 11 ans, estime que le vrai bouclier contre les dérives du net reste la vigilance parentale. Elle déclare : « Comment voulez-vous combattre ce fléau si les parents autorisent leurs enfants à passer des heures devant leurs ordinateurs sans surveillance. Pour ma part et malgré les demandes incessantes de mes enfants, je n'ai jamais cédé à leur caprice et acheté un ordinateur portable. Nous avons un ordinateur familial dans le salon et tous les membres de la famille s'y relaient pour se connecter à internet. Quand ils seront plus âgés et surtout plus mûrs, ils auront leurs propres ordinateurs ou tablettes mais pas maintenant. Aujourd'hui, ils sont encore des proies faciles pour les cybercriminels et je continuerai à monter la garde pour les protéger. »