Qui n'a pas été remué, ébranlé, interloqué, scandalisé, par la photo d'un enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque ? Cette photo qui a fait dernièrement la une des journaux du monde entier, en dit long sur ce qu'endurent tous ceux qui se trouvent acculés à quitter leur pays, à la recherche d'une vie meilleure et un brin de bonheur et de quiétude. Les milliers de personnes qui tentent chaque année, d'atteindre l'Europe dans des embarcations de fortune sont souvent déçues, si des fois elles parviennent à atteindre l'une des frontières de ces « pays des merveilles ». Ajoutez à cela les Syriens qui tentent, depuis la guerre qui a débuté en 2011, de se réfugier dans les pays voisins tels la Turquie, la Jordanie ou le Liban. Selon le Haut commissariat de l'ONU, « l'exode syrien constitue la crise humanitaire la plus dramatique auquel le monde est confronté depuis longtemps ». Petit à petit, la migration de Syriens en Europe est venue s'ajouter à celle des Africains dont notamment les Tunisiens. Il faut dire qu'en l'occurrence, l'Allemagne, veut jouer un rôle essentiel, puisque 70 mille Syriens sont installés en Allemagne selon le ministère des Affaires étrangères allemand. En suède il y a également un bon nombre de migrants demandeurs d'asile. La France et l'Allemagne ont lancé l'initiative commune d'organiser l'accueil des réfugiés syriens et autres, mais aussi, d'assurer le retour des migrants irréguliers dans leurs pays d'origine. Par ailleurs des milliers de réfugiés du Tchad d'Erythrée, d'Irak de Somalie, se trouvent encore dans des conditions difficiles. Sans compter les Libyens fuyant la guerre qui tentent quotidiennement d'émigrer vers l'Europe, notamment l'Italie. La création d'une structure qui prendrait en charge le dossier des migrants a été l'une des conditions des recommandations principales de moult associations installées en Europe et au Canada. La nécessité d'une politique migratoire commune Le principe de libre circulation des travailleurs consacré par l'article 45 du traité de l'Union Européenne, et confirmé par le droit international et la jurisprudence de la Cour européenne de Justice. Avec le flux migratoire, ce principe a été petit à petit remis en cause notamment avec le développement des actions terroristes, l'accord de Schengen est venu réglementer la circulation entre les pays d'Europe, notamment le Benelux, la France et l'Allemagne, par un accord qui s'élargit peu à peu à tous les pays d'Europe en 2000. En 2011, suite aux mouvements de migrations consécutifs au « Printemps arabe », la commission européenne a décidé de renforcer davantage les contrôles aux frontières des pays signataires de l'accord de Schengen. Après le naufrage de plus de 800 migrants au large de la Sicile, les chefs d'Etats et de gouvernement de l'UE décident, lors du Sommet exceptionnel du 23 avril dernier de renforcer les moyens de surveillance et de contrôle aux frontières, et de saisir et détruire les embarcations transportant des migrants, outre la décision d'intervenir militairement en Libye contre les réseaux de passeurs. Frontex, agence de gestion ou de répression ? Une agence créée soi-disant pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures,(FRONTEX) a spécialement pour rôle de renforcer en somme la répression à l'égard des migrants qui échouent sur les frontières européennes et protéger les pays membres de l'Europe. Ces migrants naguère sollicités et reçus à bras ouverts, sont devenus aujourd'hui indésirables. Ces nouvelles méthodes inquiètent de plus en plus les membres des sociétés civiles tant sur le plan national qu'international. Les morts en mer ne cessent d'augmenter, et « Frontex » ne préconise par contre aucun moyen pour secourir ou aider les migrants. Cela sans parler des maltraitances toutes sortes des sans-papiers qui sont quotidiennement refoulés après avoir été placés, comme du bétail, dans des centres de rétention, semblables à des camps de concentration, et mis illico en avion sans leur donner l'occasion ni le temps de s'expliquer et de se défendre. La cour européenne des droits de l'Homme vient de condamner l'Italie le 1er septembre dernier, pour les conditions déplorables dans lesquelles des migrants tunisiens avaient placés en détention, dans un centre d'accueil à Lampedusa, puis expulsés dans des conditions portant atteinte à leur dignité. Redéfinir la politique migratoire La politique migratoire est actuellement une politique répressive même si elle est réglementée par le fameux visa délivré au compte-goutte et selon des critères exorbitants. Il est nécessaire de la redéfinir en revendiquant les conventions internationales en la matière, en fonction de la conjoncture actuelle. Concernant la Tunisie, il est nécessaire de penser à prendre des mesures urgentes tendant à protéger nos migrants, et appliquer le principe de l'égalité de traitement, et le principe de réciprocité avec les pays signataires des conventions internationales en la matière qui ont été ratifiées et qui sont supérieures à la loi. Une politique migratoire commune entre les pays émetteurs et les pays d'accueils serait souhaitable. Mais celle-ci n'est pas pour demain car c'est une question d'intérêts qui ne sont pas toujours convergents. Léon Jouhaux, ancien syndicaliste français et prix Nobel (1951) a dit pourtant : « Comment voulez-vous que les gens aient foi dans la démocratie si c'est d'abord la démocratie qui ferme les voies pouvant conduire les gens de la misère à un bonheur possible » Hélas les convictions ont changé et les personnes aussi.