Depuis quelques jours, l'affaire du jeune homme arrêté et condamné à un an de prison pour homosexualité en vertu de l'article 230 du code pénal, ne cesse de défrayer la chronique et de déchaîner les passions. Chacun a son avis mais tout le monde est outré. Certains sont choqués par le test anal qu'a dû subir le jeune homme et d'autres sont indignés parce qu'il est homosexuel et qu'il a avoué avoir eu des relations sexuelles consenties avec un autre homme. L'homosexualité est interdite par la religion et est aussi considérée comme un tabou dans la société. Pourtant, les associations de défense des droits des minorités affirment que selon des statistiques, pas moins de 10% de la population tunisienne serait concernée. L'homosexualité est aussi condamnée par la loi qui prévoit des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison ferme. L'affaire du jeune homme est venue remettre ce sujet au goût du jour, surtout que des zones d'ombre et des questionnements subsistent encore concernant les circonstances de son arrestation, malgré les précisions apportées par le ministère de l'Intérieur. Aussitôt révélé, son cas a suscité beaucoup d'émotion et des campagnes de soutien sont organisées un peu partout en sa faveur. L'une des ces action consiste en la diffusion d'une série de clichés montrant chacun un couple de jeunes de même sexe s'embrasser devant la coupole d'El Menzah. A l'origine de cette initiative ayant pour slogan «Sexuality Is Not a Taboo», la section tunisienne de l'association LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels). D'après les responsables de cette organisation, cette action vise à sensibiliser l'opinion publique sur la liberté individuelle de chaque citoyen, quelle que soit son orientation sexuelle. D'autre part, des étudiants de la Faculté des sciences juridiques politiques et sociales de Tunis (FSJPS) ont lancé une campagne d'affichage à travers laquelle ils dénoncent le recours au test anal qui touche à l'intégrité physique et mentale de l'être humain. Par ailleurs, le Conseil national de l'Ordre des médecins a rendu public un communiqué pour condamner de telles pratiques de la part d'un confrère. On peut y lire : « Profondément préoccupé par la condamnation d'un citoyen tunisien pour homosexualité sur la foi d'une expertise médicale, le Conseil national de l'Ordre des médecins de Tunisie tient à informer l'opinion publique qu'il procède actuellement à une instruction en vue de relever une éventuelle infraction au code de déontologie médicale de la part du médecin requis pour l'expertise. Le Conseil national de l'Ordre des médecins de Tunisie, en tant que garant du respect de la déontologie médicale, condamne fermement tout examen médico-légal non consenti ou non justifié, touchant à la dignité et à l'intégrité physique ou mentale de la personne examinée.» Pour sa part, Mohamed Salah Ben Aïssa, ministre de la Justice, lors de son intervention sur les ondes la radio Shems Fm, a appelé à l'abrogation de l'article 230 pénalisant l'homosexualité et portant atteinte aux libertés individuelles et à la vie privée des citoyens.