Le groupement du secteur privé relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a dénoncé, dans un communiqué publié hier à l'issue d'une réunion d'urgence, le «manque de sérieux» de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'artisanat (UTICA), estimant que les «absences délibérées» de représentants de cette organisation patronale lors des réunions consacrées aux discussions sur les majorations des salaires dans le secteur privé visent à faire capoter le nouveau round de dialogue social. Le groupement a également noté qu'il considère la majoration des salaires dans le secteur privé comme étant «un droit et non pas une faveur », tout en indiquant que ses représentants continueront à répondre présents lors de toutes les réunions prévues à cet effet. La réunion d'urgence du groupement du secteur privé intervient suite à la «politique de la chaise vide» adoptée par les représentants de l'UTICA lors d'une séance des négociations sociales qui devait se tenir lundi. Le secrétaire-général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, Belgacem Ayari, a expliqué la délégation du patronat a eu 50 minutes de retard et n'a rejoint la réunion qu'après le retrait des membres de la centrale syndicale. Ce retard a été qualifié d' «évolution dangereuse» et de «mauvais signal» par le numéro deux de l'UGTT, Noureddine Tabboubi, qui a estimé que «l'attitude du patronat procède d'un mépris pour les règles du dialogue social et d'un retour en arrière». Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l'organisation patronale, a cependant souligné que son organisation est plus que jamais déterminée à aller de l'avant sur la voie de trouver des solutions au blocage des négociations sociales dans le secteur privé «Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est autre qu'un simple problème de coordination», a assuré M. Ghariani. L'UTICA avait déjà snobé, le 13 octobre, une réunion qui devait marquer la reprise des négociations sociales dans le secteur privé après une longue rupture consécutive à un désaccord profond entre le patronat et les syndicats. Aucun représentant de l'organisation patronale ne s'était en effet manifesté lors de cette réunion qui devait avoir lieu en présence du ministère des Affaires sociales, lequel est intervenu pour calmer les tensions entre les deux parties. Suite aux protestations de l'UGTT, l'UTICA avait alors expliqué qu'elle n'a reçu auune convocation de la part du ministère des Affaires sociales pour participer à une réunion du comité central des négociations sociales que le lundi 12 octobre, affirmant avoir adressé un courrier au ministre des Affaires sociales pour demander le report de cette réunion, afin de pouvoir mener des consultation avec les dirigeants des structures patronales représentant les cinq secteurs qui n'ont pas encore signé les avenants relatifs à l'accord sur les augmentations salariales au tire de l'année 2014. L'organisation patronale a aussi précisé que ses dirigeants avaient d'autres engagements importants, dont la participation à une conférence nationale sur les négociations entre la Tunisie et l'Union européenne pour un Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca). Il est à rappeler qu'un bras de fer avait opposé en septembre dernier l'UGTT et l'UTICA au sujet des paramètres à prendre en considération pour déterminer le montant des augmentations salariales dans le secteur privé. Le patronat s'était en effet attaché à la prise en compte du taux d'inflation ainsi que la croissance économique et de la productivité pour déterminer le montant des augmentations salariales dans le secteur privé, ce qui se traduirait par des majorations salariales dérisoires vu que le taux de croissance du PIB ne devrait pas dépasser 1% en 2015. Dans le cadre de ce bras de fer, la centrale syndicale est allée jusqu'à brandir la menace d'organiser une série de mouvements de protestation pouvant aller jusqu'à la grève générale, au cas où le patronat continue à bloquer les négociations sociales et refuse d'accorder des augmentations salariales aux employés des entreprises privées.