La culture du grenadier est séculairement établie en Tunisie. Elle remonte à l'époque des Phéniciens qui l'ont introduite. Elle a été développée grâce au renforcement des ressources en eau et le renforcement de l'exportation de ce produit sur de nouveaux marchés extérieurs. Les étalages des marchés sont garnis des différentes variétés de grenades. L'heure est à la cueillette de ces fruits à Gabès, Testour, Béja et Nabeul. La récolte qui a bousculé toutes les estimations atteignant les 35 mille tonnes à Gabés contre 30 mille tonnes lors de la saison précédente. Ces milliers de tonnes sont cueillies par des familles une à une chaque jour. C'est une activité lucrative pour son propriétaire de l'argent mais qui exige également des frais à engager comme l'achat des fertilisants, l'irrigation et le transport. Décidément, les fellahs essayent par tous les moyens de comprimer ces dépenses et surtout la main d'œuvre jugée chère. C'est pourquoi, on emmène ses enfants pour atténuer les frais car on risque parfois de laisser des plumes. Le grenadier est cultivé dans les zones côtières du nord, du centre et du sud et dans plusieurs régions à l'intérieur du pays. Cependant, on constate une suprématie de Beja et Nabeul au Nord, ainsi que Sidi Bouzid, Kairouan et Mehdia pour le Centre, et Gabès au Sud. Toutefois, cette dernière obtient la plus grande partie du verger avec 37% de la production nationale. Dans le but de consolider la production des grenades dans cette région, une stratégie régionale vient d'être instaurée tout en étant basée sur la plantation de 300 mille nouveaux pieds de grenadiers, au cours de la prochaine décennie, avec pour objectif d'atteindre une production annuelle de 32 mille tonnes à l'horizon 2016.Cette stratégie repose sur un programme annuel plaçant au cœur de ses objectifs, le rajeunissement des plantations, l'entretien des nouveaux grenadiers, l'élargissement des espaces réservés à la culture grenadine à Mareth, Gabès, Médina, Hamma et le reste des délégations relevant du même gouvernorat. A la conquête de nouveaux marchés La Tunisie compte près de 17 variétés produites tout au long des quatre mois de récolte. El'gabsi, Ez'zahri, El'kalaai, et El'hammouri constituent des variétés précoces de grenades. Elles mûrissent et sont cueillies en septembre. En octobre, c'est au tour des variétés dites El khadhri, El chalfi, El tounsi, El djébali, El baldi, El mezzi, El zaghouani et landolsi d'être cueillies. El chétoui et Ennabli mûrissent, quant à elles, au mois de novembre. Enfin, les variétés El blahi et El karsi sont tardives : on les cueille en décembre. Toutefois, la grande variabilité observée rend assez difficile le choix rationnel des variétés à utiliser et pourrait engendrer une grande hétérogénéité au niveau de la production et contribue à l'extinction de plusieurs types locaux. L'absence de normes bien définies d'irrigation et de fertilisation laisse apparaître beaucoup de problèmes de productivité des arbres et qualité des fruits. L'éclatement des fruits est un phénomène continue et constitue l'un des problèmes majeurs surtout dans les oasis où existent les contraintes de tour d'eau. Dans certains cas, on peut avoir 40 à 50% des fruits éclatés. Ceci dit, ces fruits coûtent cher. La flambée des prix des grenades a atteint son paroxysme ces derniers jours sur la majorité des marchés. Les tarifs de ces fruits affichés sur les étals répugnent une large frange de la population. Ces fruits rouges sont tout simplement hors de portée ! Cette tarification, qui dépasse tout entendement, pousse le ménage à faire son deuil de ces fruits, devenus, par la force des choses, produits agricoles de luxe !1d800 le kg ! En dépit des mesures prises, l'Etat n'arrive plus à assumer son rôle de régulateur. Dans un marché qui fonctionne selon les normes communément requises dans le monde, le niveau des prix est déterminé par le seul mécanisme de l'offre et de la demande. En Tunisie, cette règle obéit à d'autres considérations que les pouvoirs publics n'arrivent plus à maîtriser. Côté exportation, ces grenades tunisiennes sont appréciées par plusieurs pays voisins. Le premier importateur est la France suivie des pays du Golfe, la Libye, la Hollande et le Canada. Environ 4500 tonnes de grenades sont exportées vers la Libye, l'Algérie, le Qatar, le Koweït, l'Arabie saoudite, Bahreïn, la France, l'Allemagne et la Russie. La grenade a beaucoup de qualités nutritives mais tant de vertus curatives, selon la médecine traditionnelle. C'est ainsi qu'on le conseille aussi bien contre l'hypertension et sa décoction est souvent recommandée pour des brûlures gastriques et les vers solitaires. L'huile extraite est aussi utilisée pour soulager les rougeurs cutanées d'origine allergique ou d'intolérance au soleil, dit-on. Ce qui est sûr c'est qu'il contient en plus de l'eau et des calories, des glucides et des lipides, de la vitamine A, B1, B3, C... en petites quantités dans chaque 100 grammes.