Les Tunisiens dans les quatre coins du pays, montrent une grande patience devant la guerre de titans qui est engagée au sein de Nida Tounès, dont ils ne retiennent que les aspects belliqueux sans disposer d' informations sur ce qui se trame dans les coulisses. Malheureusement, ce ne sont pas les plateaux de télévisions actuels qui leur fourniront des réponses. Du côté d'Ennahdha, on gère les conflits internes derrière des portes closes. Durant une quarantaine d'années d'existence dont la majorité dans la clandestinité, elle a tenu plusieurs congrès et peine aujourd'hui à arrêter la date de son prochain congrès. Idem, chez Nida Touès, où on ne sait toujours pas quand aura lieu le 1er congrès. Honnêtement, on ne peut tenir aisément un congrès alors que la prochaine échéance électorale (les municipales) approche. Les deux premières forces politiques du pays sont en train de gérer en public ou dans le secret leurs problèmes internes. Les deux disposent, chacun d'un Cheikh qui devrait maîtriser la situation. Le parti de Slim Riahi qui avait bénéficié du succès du Club Africain l'année dernière, souffre aujourd'hui, de son erreur monumentale lorsqu'il a marié la politique au sport. Sans un grand succès de l'équipe de football, le parti de Slim Riahi, n'ira jamais loin. Du côté du Gouvernement, Habib Essid avance dans le calme, malgré les rumeurs de sa fin de mission, après l'adoption de la loi de finances. Les rumeurs ne peuvent servir d'outil d'analyse sérieuse. Toutefois, tous les sondages sont encore favorables à Habib Essid que les Tunisiens verraient bien jouer un rôle de premier plan dans l'avenir. Il semble que les Tunisiens en général, ont bien compris que les caisses de l'Etat sont vides et qu'on ne gagne rien à coups de grèves illégales ou de contestations sauvages. Les déceptions se succédant, le Tunisien moyen, n'est plus aussi frondeur qu'aux débuts de la Révolution. Un exemple édifiant : la montée en grade de Néji Jelloul, ministre de l'Education n'est qu'une consécration de son entêtement à ne pas se plier aux revendications excessives des enseignants. Le Tunisien bon vivant, ne peut tolérer l'extrémisme. A la fin, il sait se calmer et accepter les solutions médianes. Dans cet ordre d'idées les informations venant du côté de Mehdi Jomaâ sont positives. Ceci pourrait être expliqué par sa non appartenance à aucun parti politique. Ses activités à l'étranger, en dépit du silence des médias, rassurent en attendant le retour au pays. Rappelons que lors de son intronisation à la tête du gouvernement issu du Dialogue national, Mehdi Jomâa tout en exhortant les Tunisiens à reprendre le chemin du travail et de la productivité avait tenu à préciser qu'il ne disposait pas de baguette magique. Presque deux ans après et une dizaine de mois après la désignation de son successeur, l'ex-chef de gouvernement est sollicité par les capitales occidentales et aussi l'Algérie. Ses dernières visites effectuées à Amman ou à Madrid et à Alger, ont été au centre des commentaires et analyses de Salons. Boutefika a-t-il voulu exprimé sa confiance et sa préférence pour Mehdi Jomâa afin de présider aux destinées du pays à La Kasbah ou à Carthage ? Une chose est sûre, le prochain homme fort du pays, devra être réellement un homme de synthèse, capable de faire face à toutes les tensions qui surgiraient dans la vie sociale, syndicales et politique, tout en ayant une dimension internationale rassurante, un réseau de relations qui faciliterait l'octroi d'aides et de crédit sans interférer dans la politique du pays. Par ailleurs, le contexte national, ainsi que la géopolitique régionale, sont propices aux fuites, ou rumeurs... En Jordanie , dans un forum organisé par le Centre mondial du pluralisme, Mehdi Jomaa, a parlé de la Révolution des jeunes quatre ans après son déclenchement. Autrement dit, les fruits de la Révolution ont-ils été récoltés par ceux qui l'ont amorcée? L'ancien chef du gouvernement a évoqué les raisons du succès tunisien, tout en rappelant les difficultés qui se dressent devant la démocratie. Il a invité la communauté internationale à investir dans ce qu'il a qualifié de « start-up de la démocratie ». Après s'être fait remarquer tout récemment à Tunis lors de la fête nationale de l'Algérie à son ambassade à Tunis, Mehdi Jomâa, a effectué, mercredi dernier , une visite en Algérie. Il a été reçu par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Jomâa a estimé que cette visite s'inscrit dans le cadre des rapports excellents qu'il entretient avec les responsables algériens. Certains se demandent encore si ces intenses activités de l'ancien chef du gouvernement n'annoncent pas un retour en force en politique. Le retour est déjà là. La confirmation, viendra d'une manière ou une autre. Constitutionnellement parlant, il a bien le droit d'exercer de la politique. Pourvu que cet exercice soit original, porteur de projet pour le pays.