L'incident s'est déroulé il y a quelques jours en plein cœur de Tunis et des passants ont filmé la scène via leurs téléphones. Sur une des vidéos publiées sur les réseaux sociaux on peut clairement voir un chauffeur de taxi rouler sur quelques mètres et un policier en uniforme accroché à sa portière. Scène surréaliste tirée d'un film d'action ? Non, bienvenue plutôt dans la réalité tunisienne ! L'agent de police l'a échappé belle puisque le chauffeur de taxi a rapidement été arrêté par des badauds. Toujours selon la vidéo, on peut voir qu'il est descendu de force du véhicule, chemise déboutonnée et débardeur en lambeaux. Lorsqu'il veut ouvrir de nouveau la portière de sa voiture, il reçoit deux gifles d'un homme qui se tient près de lui. Hier, la Chambre syndicale régionale des chauffeurs de taxi du Grand Tunis s'est officiellement rangée de son côté en dénonçant l'agression verbale et physique d'un des leurs, dénonçant dans le même contexte l'harcèlement policier que subissent les chauffeurs de taxi au quotidien. Affirmant que l'agent de police n'avait pas à s'accrocher au taxi ni à tenter de confisquer les clés du véhicule, l'organisme syndical a demandé des clarifications au ministère de l'Intérieur quant à cette affaire, jugée humiliante pour tous les travailleurs de ce secteur, brandissant même la menace de grève en cas de refus des autorités. Toujours à ce propos, le Syndicat national des taxis individuels a affirmé suivre de près cette affaire, ajoutant que le policier en question n'était pas de service à l'heure des faits et qu'il a été suspendu depuis. Une information catégoriquement réfutée par Walid Louguini, porte-parole du ministère de l'Intérieur qui a affirmé qu'une enquête avait été ouverte à ce sujet et que l'affaire est désormais entre les mains de la justice. Concrètement, comment expliquer les faits? Comment interpréter ce geste qui aurait pu causer de graves dégâts physiques à l'agent de police ou pire lui coûter la vie? Est-ce là juste un comportement individuel irréfléchi et dangereux de la part du chauffeur de taxi ou bien ce fâcheux incident traduit-il un ras-le-bol général des professionnels du métier, lassés par ce que bon nombre d'entre eux qualifient d'«harcèlement policier continu». Les plaignants dénoncent des abus en tous genres, des procès verbaux établis à tort et à travers, des gestes d'intimidation y compris sur leurs clients et des tentatives répétées de corruption. Des accusations que rejettent toutefois les autorités concernées qui estiment que les agents de police ne font à chaque fois qu'appliquer la loi. Qui a tort, qui a raison ? Une seule certitude toutefois, les fléaux de la corruption et des abus de pouvoir sont loin d'être éradiqués en Tunisie et continueront de causer des ravages à tous les niveaux et dans tous les secteurs.