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Les attentats sanglants de Paris revendiqués par Daech: Aucun pays n'est à l'abri !
Publié dans Le Temps le 15 - 11 - 2015

« Celui qui manipule le poison en meure », dit Me Raouf Baâzaoui, pour commenter le carnage survenu, la veille à Paris. Ce genre de réaction, plutôt injuste, cache une grande amertume, celle des Tunisiens qui avaient crié au loup depuis de longues années sans que personne ne les écoute. La France n'a-t-elle pas servi de terre d'asile pour des terroristes en puissance pourchassés par la dictature et au nom des principes universels des Droits de l'Homme, ses militants de gauche, organisaient de grandes campagnes contre la Tunisie, pays où tous les droits étaient bafoués. Progressivement le serpent bénéficiant de la bienveillante protection des progressistes et de certaines organisations intéressées par l'Afrique du Nord, agrandit. Il a bien versé son venin à Djerba, devant la synagogue et tué des touristes allemands, puis à Errouhia, au Chaâmbi...au musé du Bardo, à Sousse...De grands discours de solidarité avec le peuple tunisien dans son combat contre le terrorisme, quelques aides et plus rien. Après le carnage de Charly Hebdo qui avait suscité un admirable élan de solidarité, voilà que les terroristes s'attaquent au citoyen ordinaire qui fréquente les stades et les lieux de culture. Comme en Tunisie, les hauts lieux de la culture sont visés de façon obsessionnelle par les terroristes, toutes nationalités confondues et où qu'ils agissent. L'horreur est cette fois-ci indescriptible. Il est clair que dans leur folie meurtrière, ces terroristes agissent avec un calme inimaginable et une assurance décapante, le cri « Allahou Akbar », en plus. C'est le cri de la malédiction pour tous les musulmans d'Europe. Les nationalistes, les néo-fascistes, les extrémistes de droite, xénophobes et racistes, ont tous les alibis pour appeler à la chasse à tous ceux qui disent « Allahou Akbar », dans leurs cinq prières quotidiennes. Plus question d'ouvrir de nouvelles mosquées. Celles qui existent ont suffisamment servi, d'espace pour la rencontre, le recrutement et l'encadrement des Jihadistes et « daéchistes ». Les authentiques musulmans se retrouvent au carreau. Pestiférés par les fervents du Califat, d'un côté, et non acceptés par les habitants d'origines judéo-chrétiennes autoproclamés européens de souche. Un sentiment de désespoir ronge ces Maghrébins qui trouvent plus de peine à se faire acceptés comme Français à part entière quelle que soit la force de leur démarcation des islamistes « takfiristes » et sanguinaires. La confusion déjà installée dans les esprits des hommes de la rue de la « bonne » souche, se généralise.
Un passeport syrien trouvé à côté d'un des cadavres des quatre terroristes tués sur place, une déclaration de Daech, cette création exclusivement américaine, pour contrer Al-Qaïda de Ben Laden, lui aussi un ex-allié des Américains après l'invasion russe en Afghanistan, et tout s'emballe. On épiloguera longtemps sur le caractère international de la guerre contre le terrorisme, sans plus. Depuis de longs mois on prétend combattre Daëch. Pour quel résultat ? C'est qu'on ne voulait pas en finir avec cet ennemi commun. Qu'il occupe les Arabes et les révolutionnaires démocrates de la dernière heure ! Les stratèges de Daëch ont un autre raisonnement. Pour desserrer l'étau qui les a étouffé grâce aux attaques aériennes méthodiques menées par les Russes, ils ont choisi le maillon faible de la coalition mondiale de lutte contre le terrorisme : la France. C'est le pays de la grande concentration de musulmans bien intégrés dans la société qui les a accueillis.
En Tunisie, la conscience de la gravité de l'extrémisme religieux qui a, par la suite enfanté ceux qui ont détenu des armes, date de l'époque bourguibienne. Une incompréhension de cette gravité par les Anglais et autres pays européens a été fatale. Pour tous. Aujourd'hui, la doctrine tunisienne en matière de lutte contre le terrorisme est bien là et elle l'est au-delà des frontières.
Le sentiment de désespoir doit se muer en énergie cultivant l'espoir pour identifier le bon grain et lui permettre de bien grandir. Comme aucun pays n'est epargné par les attaques terroristes à l'exception de l'Oncle Sam et d'Israël, la guerre ou elle est totale ou elle ne l'est pas. La Tunisie, qui est à une heure de vol d'oiseau, de la rive nord a bougé hier. Ces arbitrages rapides entre « bon » et « mauvais » musulmans la concernent de très près.
Toutes les bonnes leçons sont à prendre, pour ne plus nous étiqueter de 1er pays exportateur de terroristes. De toute manière, ici les Tunisiens bons vivants de nature, savent s'immuniser contre le terrorisme. Il ne passera jamais. Et les discours de complaisance genre « Awladna », « ils ne sont pas venus de la planète Mars », « ils font du sport pour se débarrasser du cholestérol ». Ils doivent aller encore plus loin en ne se laissant pas empoisonner les esprits avec des campagnes superflues, genre « Winou petroly » qui ont comme instigateurs des politicards et des aveuglés par la passion du musulman, resté renfermé sur lui-même et donc perméable aux discours haineux. La première véritable arme, après la lutte sécuritaire est la réforme de l'enseignement qui doit remplacer le bourrage du crâne, par l'enseignement mettant l'apprenant au centre du système. C'est un travail de moyen terme, afin que les esprits se désintoxiquent, tout en sachant que le terrorisme peut frapper partout...
Avec les attaques à Paris, la peur a changé de camp. La conscience de la gravité de la menace terroriste, aussi. L'implication effective et rapide de tous est plus qu'urgente pour gagner la guerre annoncée contre la gangrène terroriste.
Hassine BOUAZRA
Réactions à chaud
Mondher Znaïdi (ancien ministre et candidat à la présidence): « Une négation de notre civilisation humaine »
« Quelques jours après les déflagrations terroristes à Beyrout et quelques heures après l'opération lâche dans la région de Jelma à Sidi Bouzid où un groupe terroriste a décapité le martyr Mabrouk Soltani, la capitale française Paris a connu des opérations barbares dans tous les sens du terme qui ont eu pour victimes un grand nombre de tués et de blessés dont deux sœurs tunisiennes Halima et Hajer Esaâdi.Tout ce-ci prouve que le terrorisme est devenu le crime de l'époque actuelle, un crime qui ne reconnaît ni religion, ni patrie, sans frontières. Ce crime est une négation de notre civilisation humaine. Une stratégie mondiale et globale est nécessaire pour y mettre fin. Dans ce cadre, nous sommes solidaires avec le peuple français et par tout là où frappe le terrorisme ».
Dr. Hédi Khlif (Psychologue): «Il faudra probablement beaucoup de temps à la France – et au monde – pour se remettre»
«Le monde entier découvre hier matin, ébahi, l'ampleur de l'horreur qui a eu lieu hier à Paris. Des « individus» ont ouvert le feu, à plusieurs endroits de la capitale française, et quasiment au même moment. Le bilan de cet acte abominable fait froid dans le dos : plus de 120 morts et de 200 blessés jusqu'à maintenant, en un seul soir. La sidération est entière. La première réaction ne peut être que l'incompréhension. La logique de cet acte, que personne ne saisit encore, est en totale rupture avec toutes les valeurs de l'humanité. La colère arrive ensuite rapidement. Que peut-on ressentir à l'encontre de personnes décrites comme « des personnes de tous les jours », qui ouvrent le feu de façon méthodique, implacable, froide, avec une grande maitrise, sur d'autres personnes qui n'ont d'autre tort que de se trouver par hasard à cet endroit, et à ce moment même. Dans leur folie meurtrière, ces individus se sont montrés très disciplinés, lucides, avec une méthode à la fois très simple et très efficace, ce qui ne fait qu'augmer la confusion. Contrairement aux attentats de Charlie Hebdo survenus à peine quelques mois auparavant, et qui ont suscité un grand sentiment de solidarité, les événements actuels apportent plutôt un sentiment de désespoir et de profonde peur. En effet, le message qui nous parvient est que premièrement personne n'est épargné, et que l'horreur peut arriver à n'importe quel moment, même quand on est très prêt à y faire face. Il faudra probablement beaucoup de temps à la France – et au monde – pour se remettre de ce qui s'est passé la nuit du 13 novembre courant ».
Lotfi Larguet (juriste, universitaire): «la Tunisie fait partie d'une région qui risque de connaitre pas mal de soubresauts à l'avenir»
«La vague d'attentats survenue à Paris ne peut que susciter de multiples interrogations sur ses véritables motivations et sur ses conséquences à la fois immédiats et lointains que ce soit en France, et d'une manière générale en occident, ou les enseignements qu'elle nous amène à tirer.
Mais et avant toute chose, il convient de dire tout notre effroi face à cet incroyable déferlement de haine à l'encontre d'individus, somme toute innocents et n'ayant aucune implication, ni responsabilité dans ce que peuvent entreprendre leurs dirigeants politiques dans leur politique étrangère. Il s'agit, comme pour tout acte de violence, d'une atrocité et d'une barbarie insoutenables. Je suis effaré par tant de sang-froid dans l'exécution de ces assassinats collectifs perpétrés par des personnes n'ayant aucun respect pour l'être humain, pour l'individu.
Cependant, ces crimes ne sont pas moins odieux que ceux que l'on subit et qui nous ont bouleversés depuis trois années, le dernier étant celui de ce jeune berger innocent qui a été l'objet d'un traitement ignoble et d'une rare ignominie.
Maintenant, tout le monde est unanime pour affirmer que le terrorisme est un phénomène devenu universel qui peut frapper n'importe où et à n'importe quel moment dans le monde. Toutes les puissances, ou presque, en ont fait l'amère expérience. Mais il faut rappeler ses origines, et notamment pour évoquer le terrorisme islamiste, que l'occident a été son inspirateur, celui qui a contribué à son développement avec la complicité politique et religieux, et le soutien financier des puissances pétrolières du Golfe comme ce fut le cas en Afghanistan, et comme ce fut le cas en Algérie peu après, ou encore ces dernières années dans les pays touchés par ce que l'on appelle « le printemps arabe ».
Autrement dit, ce sont ces mêmes occidentaux, politiquement et logistiquement aidés par des Etats dirigés par des Islamistes à l'instar de la Turquie ou financés par le Qatar, l'Arabie Saoudite et autres pays du Golfe, qui ont désarticulé des pays, certes pas démocratiques mais structurés et viables, comme l'Irak d'abord puis la Syrie, deux pays et leurs peuples qui furent complètement détruits avec l'aval voire le soutien de l'occident.
C'est aussi ce même occident qui finance Daech et profite de ses richesses. Qui achète donc le pétrole de l'Etat Islamique Daech ? Qui leur vend des armes ? Des tanks ? Du matériel sophistiqué ? N'est-ce pas l'occident ou ses multinationales !?
Aujourd'hui, il ne faut pas donc pas se montrer surpris par ces attaques meurtrières même si de probables défaillances ont été commises à un niveau ou à un autre.
Pour revenir au phénomène terroriste, avec lequel nous vivons depuis quelques trois années, il nous semble qu'il est très facile de mettre en avant les difficultés sociales ou économiques pour expliquer l'attrait de l'extrémisme pour nos jeunes. Cela est trop facile et trop simpliste dans la mesure où la conversion des jeunes a des motivations beaucoup plus complexes.
Il faut rappeler que leur « formation » a été assurée durant les trois premières années après le 14 janvier par le biais de prédicateurs extrémistes ramenés en grandes pompes et dont les « cours » ont contribué à la radicalisation de centaines de jeunes hommes et de jeunes filles envoyés à la mort, et à cause du laxisme des autorités de l'époque voire leur complicité dans le développement du phénomène par les « facilités » accordées aux mandataires. Elles avaient fermé les yeux sur leur « préparation » pour ne pas dire leur entraînement ou leur envoi dans les zones de conflit. Elles n'ont donc pas combattu ce phénomène, ouvrant le pays aux quatre vents aux différents trafics d'armes, aux déplacements des terroristes à l'intérieur du pays ou vers l'étranger, ou revenant de l'étranger. Elles ont tout fait pour retarder l'adoption de la loi antiterroriste en la bloquant ou en mettant des bâtons dans les roues de l'instruction des assassinats politiques qui ont nourri le terrorisme dans notre pays.
C'est dire que nous devons tirer au plus vite tous les enseignements nécessaires pour adopter une politique claire et efficace de lutte contre le terrorisme. Car, ces gens-là, comme en France, vivent parmi nous. Cela fait quelques semaines qu'ils ont franchi un pas important, décisif et qui nous incite à la plus haute vigilance. C'est qu'ils ont commencé à tuer et à assassiner de paisibles citoyens, qui ne sont ni des politiciens ni des membres des forces de sécurité, qui avaient constitué jusque-là leurs cibles privilégiées.
Autrement dit, nous devons mener contre eux une lutte impitoyable contre ce phénomène et dans laquelle tout le peuple tunisien doit être impliqué. Mais, est-ce que ce gouvernement, avec Ennahdha comme partenaire politique, est-il capable de mettre en œuvre une stratégie efficiente ? Pourquoi n'arrive-t-on pas encore à les déloger des montagnes du Chaambi, Salloum ou autre ? Difficultés réelles du terrain ? Manque de moyens ? Ou tout simplement manque de volonté d'aller jusqu'au bout de nos intentions de lutte contre le terrorisme ?
En tous les cas, la Tunisie fait partie d'une région qui risque de connaitre pas mal de soubresauts à l'avenir. Déjà que notre flanc sud est justement occupé par des organisations terroristes, certaines considérées comme « soft », d'autres comme « hard » ! Mais, ce que l'on doit savoir, c'est qu'elles sont toutes « hard », et donc toutes hostiles au monde libre, à la démocratie ou aux droits de l'homme. Ce sont là des concepts de mécréants et faits par des mécréants qu'il faut tous exterminer... »


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