La crise du mouvement au sein de Nidaa Tounes, qui dure depuis plus de huit mois, a connu son apogée après les incidents de violence survenus lors de la réunion du bureau exécutif du mouvement dans la ville de Hammamet le 1er novembre dernier. Ces incidents ont poussé une partie des députés du bloc parlementaire du Nidaa à présenter leur démission dudit bloc auprès du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple. Suite à l'appel lancé par le président par intérim du mouvement, Mohamed Ennaceur, les députés démissionnaires ont suspendu leur démission à condition que le bureau exécutif se réunisse à nouveau le 22 novembre. Au lendemain de la réunion tenue par le clan de Mohsen Marzouk à Gammarth, samedi dernier, le bureau exécutif n'a pas tenu de réunion et le groupe des trente-et-un députés a chargé le député Raouf Cherif de mettre à exécution la démission collective administrativement et de terminer la procédure engagée à cet effet. Cependant, une réunion du bureau exécutif a tout-de-même été décidée. Cette rencontre était prévue pour le mercredi 25 novembre, vingt-quatre heures avant l'attentat terroriste qui a visé un bus de la Garde présidentielle au boulevard Mohamed V. Cet attentat est venu tout chambouler à commencer par les plans des deux clans du Nidaa qui ont dû tout suspendre et changer de discours pour s'aligner sur la politique du gouvernement dans sa lutte contre le terrorisme. Pour leur part, les coordinateurs régionaux de Nidaa Tounes se sont rassemblés au siège principal du mouvement, vendredi 27 novembre, pour réclamer aux dirigeants du Nidaa de soutenir les efforts de la présidence du gouvernement et de la présidence de la République dans la guerre contre le terrorisme. Nous avons appris d'une source de Nidaa Tounes qu'un groupe de treize dirigeants – qui n'ont pas pris partie dans la guerre des clans qui ravage le mouvement – ont été sollicités pour rencontrer le président de la République et le fondateur du Nidaa, Béji Caïd Essebsi. Ce groupe jouera le rôle de médiateur entre le clan de Mohsen Marzouk, celui de Hafedh Caïd Essebsi et le chef de l'Etat. Une initiative de la part de Béji Caïd Essebsi est en effet attendue depuis des semaines. Selon Khaled Chaouket, cette initiative se résumerait en trois axes principaux. La première étape résiderait en la création d'une commission qui sera chargée de préparer le congrès constitutif du mouvement. Une fois le congrès constitutif réuni, les nouveaux dirigeants conduiront le mouvement jusqu'aux élections municipales. La troisième étape consisterait en la tenue d'un congrès électif tout juste après les élections municipales. Cependant, cette initiative risque de ne pas plaire au clan de Mohsen Marzouk qui refuse, catégoriquement, la tenue d'un congrès constitutif qu'il considère comme étant opposé aux règles de la démocratie. Pour Béji Caïd Essebsi, et en cas d'échec de son initiative, il pourrait difficilement proposer un autre plan puisque son statut de président de la République ne lui permet pas d'intervenir dans les affaires des partis politiques et ce conformément à la nouvelle Constitution. Si l'initiative de Béji Caïd Essebsi venait à échouer, la crise de Nidaa Tounes risquerait d'imploser pour mener le mouvement à une division définitive. En attendant que les impacts de l'attentat du boulevard Mohamed V s'atténuent, il est très probable que les dirigeants de Nidaa Tounes reprennent la bataille de plus belle.