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L'Islam, universel de par son unicité et sa pluralité
Religion
Publié dans Le Temps le 02 - 11 - 2007

« Islam entre l'unicité et le pluralisme », tel est le thème du workshop international organisé par la fondation Konrad Adenauer Stiftung et l'université de la Zitouna il y a quelques jours.
Les professeurs venus de l'Orient et de l'Occident ont tenté d'apporter leur contribution dans l'analyse des manifestations de l'Islam d'aujourd'hui, les obstacles qu'il rencontre et l'espoir qu'il porte. Au delà des diverses théories et différentes visions, le message est le même : l'unité de l'Islam dans sa diversité. C'est aussi un message de paix et de tolérance malgré le triste constat que la religion, en l'occurrence ici, l'Islam, reste une matière de divergences et d'interminables désaccords.
« On parle aujourd'hui d'Islam afghan, d'Islam malaisien, ou européen, les communautés musulmanes sont présentes sur tous les continents, n'ont ni la même culture ni la même langue. L'Islam est unité à l'origine mais ces manifestations sont multiples », affirme le professeur George Jabbour de l'université d'Alep. La diversité est dans les courants islamiques aussi, qui selon le professeur, ont rivalisé avec le nombre de courants dans le judaïsme. Pluralisme donc dans la culture, la langue, la vision. Et ce pluralisme dans la vision qui constitue selon le Professeur Gourraud une bénédiction qui permet « l'unité de la communauté musulmane dans la diversité ». La pluralité des courants spirituels, des cultures et des races reste unie sous l'universalité de l'Islam et son inébranlable fondement : l'unicité divine. En effet, des professeurs invités ont parlé de l'Islam des Druzes, de l'Islam africain (islam noir) et l'islam en Asie, tous différents mais alignés sur la doctrine de 'l'unicité divine. Par ailleurs, l'Islam reconnaît « la liberté religieuse et l'autonomie socioculturelle des croyants non musulmans. Ce discours constitue un contre poids contre l'intégrisme religieux et contribue à « dissiper la confusion récurrente entre fondamentalistes et religieux », confusion qui empêche les musulmans dans les sociétés occidentales laïques de vivre pleinement leur islamité.
Justement, l'espace laïque oblige les musulmans à s'insérer et à s'adapter aux exigences du modèle laïque. L'exemple présenté au cours du workshop était l'espace laïque français où la séparation des cultes et de l'Etat est une chère tradition républicaine depuis la loi de 1905. Il y a quelques temps seulement une institutrice a supprimé la chanson « au clair de la lune » du programme de son cours parce qu'elle contient la phrase « pour l'amour de Dieu », explique Professeur Christian Lochon, c''est dire la rigueur du concept de la laïcité à la française. Au même moment, le nombre de musulmans en France est en constante augmentation, ils ont réussi à introduire de nouveaux concepts culturels et fêtes traditionnelles propres à l'Islam. Cette participation de plus en plus effective a révélé aux « Français que leur pays est devenu multi-culturel et qu'ils doivent adopter une autre vision de la laïcité moins restreinte. En même temps que Nicolas Sarkosy annonce que « la religion est une absolue nécessité », on constate la présence de personnalités publiques au sein du gouvernement qui ne cachent pas leur islamité. Selon Mr Lochon, il est temps de réformer cette loi devenue incompatible avec les nouvelles manifestations de la citoyenneté et la démocratie.
Islam, femmes, Sites Web
Le féminisme musulman existe bel et bien, le Professeur Iqbal Gharbi, a exposé les manifestations de cette lecture féministe du Coran. Malgré l'opposition des laïques le « percevant comme une version crue de la lecture orientaliste et les fondamentalistes qui usent de l'autorité des textes perpétuant les différences », le féminisme existe et essaie de balayer les récits qui consacrent la prédominance des hommes sur la femme comme les récits de la création et le jardin d'Eden et travaille à la construction de nouveaux rapports sociaux. En Iran, en Egypte ou en Tunisie les courants féministes ont existé : réaction protestante des femmes après la révolution Khoméniste, la fatwa des femmes savantes de plus en plus admises, en Tunisie les femmes sont formées pour devenir des imams pour les prières du Vendredi strictement féminines. Par contre, la prière du Vendredi mixte menée en 2005 aux Etats-Unis par la Cheika Amina Wadoud a provoqué des indignations et des chocs auprès des puristes. l
Le Professeur Sadok Korchid de l'université de la Zitouna a soulevé un sujet d'actualité, les sites web religieux. Ces derniers, bons et mauvais, poussent comme des champignons, « en raison de la conscience religieuse grandissante ». Ces sites tentent d'apporter des réponses à une question religieuse déterminée exposant leur vision des choses. S'ils sont d'accord sur le fondement (les règles de base) de la religion et la Sûna ainsi que l'implication du religieux en politique, ils divergent quant à la question de « l'ouverture, le droit à la différence, la femme ses droits et ses obligations, la démocratie »...Il semble qu'il leur est impossible de trouver une solution finale sur des questions comme « la circoncision de la femme, les crimes d'honneur et la participation des femmes à la vie sociale et politique ». Certains sites se montrent plus ouverts, d'autres incitent au rejet de l'autre et le combat. Ceux là même qui refusent « le jeu de la démocratie considérée comme non islamique et restent attachés à l'ancienne classification « Dar al Islam ;Dar Al kofr ». Les sites tolérants soutiennent que « le Jihed est contre l'injustice non pas pour le mépris », ils diffusent un message appelant à l'ouverture et à l'acceptation du pluralisme. De même que les savants musulmans et non musulmans essayent de prendre en considération la réalité de la vie musulmane dans leur lecture du Coran.
Le problème réside en « l'accroissement de concepts et débats non constructifs faits de querelles et de conflits » soutenus par certains sites. « La régression du discours religieux et sa faiblesse ont fait que les sites extrémistes obstinés et persuadés de détenir la vérité suprême se soient arrogés la mission de remplir ce discours devenu creux ».
Ainsi pendant deux jours, les spécialistes ont tenté d'étudier la question de l'Islam, chacun selon son background religieux, culturel et social avec un esprit objectif et scientifique. Mais la réalité semble tout autre avec des chiismes et des luttes intestines au sein de la communauté musulmane dans le monde qui a sûrement besoin de milliers de tables rondes et de meetings pour se réconcilier avec elle-même.
Hager ALMI

Prof. Abd-Al-Wadoud Gouraud, Institut des Hautes Etudes islamiques-France :
« On ne peut pas limiter l'Islam à une vision unique »
« L'unité dans l'Islam c'est l'unité spirituelle, celle de la foi, de la pratique qu'effectue la communauté musulmane. La religion c'est la voie vers Dieu, les applications varient mais les principes tels que enseignés par le prophète ne changent pas. Les différents courants n'empêchent pas l'unité, chaque courant est légitime, c'est un effort d'interprétation louable. La différence est dans la pratique et de la mise en acte qui s'inspirent de la Sûna.
On ne peut pas limiter le Coran à une seule manière de comprendre, l'unité est simple , la spiritualité. La vision uniforme est dangereuse, les mouvements fondamentalistes pensent détenir la seule vision unique et légitime , ils confondent l'unité formelle avec l'unité dans la foi. L'Islam n'a aucun caractère totalitaire comme on peut parfois prétendre. »

Prof. Iqbal Gharbi, Université de la Zitouna, Tunis :
« Eviter la lecture littéraliste du Coran »
La femme musulmane peut conserver son identité religieuse tout en s'adaptant à la modernité. Nul besoin de rendre cette compatibilité impossible. Pour que les savants trouvent des solutions finales et convaincantes sur la question de la femme, il faut une lecture finaliste, moderne du Coran. Les valeurs universelles immuables existent dans le texte saint, mais les discriminations sont temporelles propres au 7ème siècle. Ce serait bénéfique si on évitait la lecture littéraliste qui met en relief trois inégalités apparentes : homme-femme ; musulman-non musulman ; homme libre-esclave. Depuis le Khalifa Ali, dès cette période le Coran est interprété de façon uniforme. On ne peut pas imposer une lecture monolithique, la preuve est que les différentes visions existent déjà et sont parfois contradictoires. Le pluralisme est essentiel pour faire avancer les choses. »
Prof. Christian Lochon, Académie des sciences d'Outre-mer, France :
« Une question d'instrumentalisation politique »
L'Islam est une religion, une philosophie jamais un instrument politisé. Pour certains, les mouvements laïcs, c'est une philosophie de vie, pour les philosophes musulmans tels que Al Farabi et Ibn Rochd, l'Islam est aussi une philosophie à vivre. Un autre mouvement utilise l'Islam pour des raisons politiques, et cela le prive de toutes ses valeurs philosophique et spirituelle. Ce sont les islamistes qui poussent la communauté musulmane vivant dans l'espace européen à mettre en danger leur islamité face au rejet et la peur. En France, les musulmans vivent dans un pays où il n'y a pas de parti politique religieux, où la religion n'a rien à voir avec la politique et cela préserve leur religion de toute instrumentalisation. Concernant la montée de l'islamisme à travers le monde, l'Europe est polyculturelle, elle peut accueillir autant de philosophies, de religions, de modes de vie, sans couler ou sombrer dans un quelconque extrémisme. »


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