Dans l'affiche chinoise du "Réveil de la Force", l'image de l'acteur anglo-nigérian John Boyega a été réduite alors que celui-ci tient un des rôles principaux. Disney ne s'attendait sans doute pas à vivre une telle polémique depuis l'annonce ce 1er décembre de la date de sortie officielle de Star Wars VII en Chine : le 9 janvier 2016. L'occasion de dévoiler le poster promotionnel du septième volet de la saga. Surprise : l'image de John Boyega, qui joue pourtant l'un des rôles principaux, celui d'un soldat délaissant l'Empire galactique pour rejoindre les rebelles, a été réduite de plus de la moitié et reléguée à l'arrière-plan. L'acteur d'origine nigériane n'est pas le seul à avoir subi les frais du distributeur chinois. Au second plan, d'autres personnages ont disparu de l'affiche comme le cultissime Chewbacca (Peter Mayhew) ou l'extra-terrestre Maz Kanata interprétée par Lupita Nyong'o grâce à la technique de capture de mouvements numérique. Pour nombre de fans et d'internautes outrés, c'est bien une preuve de racisme teintée de calcul cynique : les producteurs chinois semblent craindre que les spectateurs, ne s'identifiant pas à un héros noir, boudent le film. Une pratique loin d'être isolée D'autres distributeurs locaux ont eu auparavant recours à ces méthodes. Lors de la sortie en Italie de 12 Years a Slave, les affiches du film mettaient en valeur Brad Pitt et Michael Fassbender, qui ne jouaient que des rôles secondaires au détriment du comédien anglo-nigérian Chiwetel Ejiofor, personnage principal du film. Face au tollé provoqué, le studio américain Lionsgate avait exigé le remplacement de ces affiches. De même, l'année dernière, parmi les révélations issues des courriels piratés du studio Sony Pictures par des hackers, il apparaissait que l'origine ethnique des acteurs, tel que Denzel Washington dans The Equalizer, pouvait être problématique pour la rentabilité d'un film dans certains pays. Une énième polémique autour du jeune acteur John Boyega a déjà été la cible d'attaques lors de la sortie des premières images du film en 2014 et lors de la deuxième bande-annonce en octobre dernier. Des fans racistes ne semblaient pas supporter cette prééminence d'un acteur noir dans le nouvel opus, oubliant au passage les rôles d'acteurs afro-américains dans la saga comme James Earl Jones (voix de Dark Vador) et Billy Dee Williams (Lando Calrissian). Sur les neufs personnages principaux que compte leRéveil de la Force, un seul est noir et Lupita Nyong'o n'a qu'un second rôle, mais, sur Twitter, certains sont allés jusqu'à l'appel au boycott. Face à ces critiques, Boyega a simplement répondu sur Instagram : « Vous feriez mieux de vous y habituer. » Un délit de faciès bien présent en Chine Depuis des siècles, le teint clair apparaît comme un signe de statut social élevé, tandis que le soleil brunit la peau des travailleurs. Les poètes classiques chinois célébraient déjà la peau blanche parmi les critères de beauté. Cette fascination est toujours présente dans les magazines de mode au point que certaines utilisent des produits de beauté blanchissant. En 2009, la métisse sino-africaine originaire de Shanghai Lou Jing, candidate à l'émission Go Oriental Angel, a défrayé la chronique. Insultée par nombre d'internautes chinois, elle a sévèrement dénoncé leur racisme en arguant que la couleur de sa peau ne devrait pas être synonyme de stigmatisation. Malgré les relations économiques entre la Chine et l'Afrique, les préjugés restent tenaces à l'égard des immigrants africains soupçonnés de sentir fort, de commettre des délits, de transmettre des maladies et d'être pauvres alors même que beaucoup sont des hommes d'affaires. L'empire du Milieu, nouvel eldorado de Star Wars Disney voit les choses en grand pour promouvoir Star Wars en Chine, qui compte 30 000 multiplexes. D'abord, pas moins de 500 Stormtroopers, les soldats de l'Empire galactique, ont envahi en octobre les marches de la Grande Muraille pour le plus grand bonheur des fans. Ensuite a été annoncé cette semaine l'ambassadeur du film en Chine, la célèbre pop star Lu Han. Enfin, le Disneyland de Shanghai va inaugurer une attraction sur la saga. En effet, la Chine n'est pas familière de l'univers Star Wars, comme le reste du monde. Les Chinois ont été privés des premiers épisodes à leur sortie, seuls ceux entre 1999 et 2005 ont été diffusés dans les salles de cinéma. En juin dernier, le festival international du film de Shanghai a enfin été l'occasion de visionner l'intégrale de Star Wars, 38 ans après la sortie du premier volet en occident.