Au lendemain de l'attentat terroriste du boulevard Mohamed V, le chef du gouvernement, Habib Essid, a annoncé un remaniement et une restructuration de son équipe gouvernementale pour se rétracter par la suite en préférant reporter ces changements pour l'après adoption du budget de l'Etat de 2016 par l'Assemblée des représentants du peuple. Mais l'effet de l'annonce a déjà pris de l'ampleur sur la scène politique qui ne parle presque plus que de cela. Rached Ghannouchi, chef du mouvement d'Ennahdha, a exprimé, lors d'une interview accordée à la chaîne Al Jazira, son opposition à un éventuel remaniement ministériel total. Etant donné qu'Ennahdha a pour objectif la stabilité politique, son chef a assuré qu'un remaniement partiel serait largement suffisant. S'exprimant sur l'éventualité de voir Habib Essid quitter la présidence du gouvernement, Rached Ghannouchi a déclaré que cela ne ferait qu'hypothéquer le début de stabilité dans le pays. De son côté, le président du bloc d'Ennahdha, Nourredine Bhiri, a indiqué que son mouvement n'a pas été consulté sur le prochain remaniement. Pour Chokri Terzi, secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse au gouvernement d'Habib Essid, le prochain gouvernement sera un gouvernement de guerre. Expliquant que les critères d'adhésion au futur gouvernement seront basés sur les compétences et non sur l'appartenance politique. En ce qui concerne la restructuration du gouvernement, et toujours selon Essid, cela concernerait essentiellement la révision en baisse du nombre des ministres. Une telle manœuvre résulterait, obligatoirement, d'un évincement de l'un des partis formant la coalition au pouvoir puisqu'une coalition de quatre partis exige, nécessairement, une large équipe ministérielle et ce pour garantir la satisfaction de toutes les parties prenantes. Etant donné donc que le départ de l'un des quatre partis de la coalition au pouvoir est inévitable, tous les regards se sont posés sur l'Union patriotique libre pensant qu'il serait le parti sacrifié. Mais, et à la surprise générale, l'UPL a été épargné pour que Afek Tounes soit placé dans la ligne de mire des décideurs. L'éventualité de voir Afek Tounes quitter la coalition des partis au pouvoir s'est amplifiée lorsque le bloc du parti a été évincé du bureau de l'ARP. En effet, la composition du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple a été revue et ce conformément aux dispositions de l'article 47 du règlement intérieur du Parlement. Ainsi, les députés d'Afek Tounes ont été exclus dudit bureau et Mehdi Ben Gharbia – qui entretient une relation tendue avec Afek Tounes et surtout avec son leader, Yassine Brahim – y a été intégré en tant qu'assesseur chargé des affaires des députés. Après une brève suspension de leur participation aux plénières dédiées à la discussion du budget de l'Etat, les députés d'Afek Tounes ont repris leurs activités au sein du Parlement. Entre temps, d'autres priorités se sont imposées sur la scène politique – dont, entre autres, la problématique des quelques articles du budget de l'Etat que l'opposition rejette sur le fond et la forme – ce qui a éclipsé de la scène politique et médiatique l'affaire de l'évincement d'Afek Tounes du bureau de l'ARP. En attendant l'annonce officielle du remaniement, plusieurs ministres continuent à travailler sous la pression d'un avenir politique incertain. Cette situation serait la conséquenced'une autre erreur de communication de la part d'Habib Essid qui n'a pas jugé bon de garder l'intention du remaniement sécrète jusqu'à l'approche de la date de sa concrétisation. Rappelons qu'il ne s'agit pas là de la première fois où Essid évoque un remaniement ministériel ; le chef du gouvernement a déjà eu l'intention de procéder à des changements dans son équipe après l'attentat qui a visé le musée du Bardo en mars dernier. L'opinion publique est restée en stand-by depuis pour que l'on soit surpris de l'annonce d'un remaniement ministériel et d'une restructuration de l'équipe gouvernementale de la part d'Habib Essid presqu'un mois avant sa réalisation.