Démission ou limogeage? La question a été posée plusieurs fois aux différents dirigeants du mouvement de Nidaa Tounes par quelques-uns de nos confrères qui restent persuadés que Ridha Belhadj n'a pas démissionné de son poste de directeur du cabinet présidentiel mais qu'il en a été forcé. Souhaitant rester discrets sur cette affaire, et contrairement à leur habitude, les dirigeants de Nidaa Tounes ont préféré garder la version officielle en expliquant que seuls les intéressés – à savoir Béji Caïd Essebsi et Ridha Belhadj – peuvent donner plus de détails. Cependant, nous avons réussi à avoir quelques petits détails de la part d'une source proche du palais. Selon notre interlocuteur, le départ de Ridha Belhadj pour s'occuper du mouvement a été posé au lendemain de l'avalanche des démissions survenue au lendemain du très controversé congrès de Sousse. De source sûre, nous avons appris que Ridha Belhadj entamera sa mission dès le début de la semaine prochaine au mouvement. Cependant, deux problèmes se posent: le premier c'est que Belhadj, et toujours suite aux résultats du congrès de Sousse, ne dispose plus de statut de dirigeant du mouvement. Il n'est que membre du nouveau comité politique du Nidaa. Le deuxième c'est que la guerre de positionnement a repris au sein de ce qui reste du mouvement. En effet, et selon les premières analyses, quelques clashs risquent de voir le jour aux berges du Lac: Ridha Belhadj aura à affronter et Hafedh Caïd Essebsi et Khmaïs Ksila. Pour le fils du président de la République, la décision de prendre du recul et d'attendre la date du congrès électif du mouvement ne sera pas du tout évidente au vu de ses ambitions trop pressées. Pour le président de la Commission des droits et libertés au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, Khmaïs Ksila, l'enjeu est beaucoup plus grand. Il risque en effet de se retrouver sur la touche dans le nouvel échiquier qui est en train de se constituer au Nidaa. Pour sa part, le fondateur du courant l'Espoir au sein de Nidaa Tounes, Faouzi Elloumi, a publié un texte sur sa page officielle où il assure que Ridha Belhadj n'est nullement responsable des résultats ‘'catastrophiques ‘' du congrès de Sousse et qu'il s'est même employé à ce que le congrès soit réussi et que les accords soient respectés. Elloumi a insisté sur le fait que Nidaa Tounes a vraiment besoin de Ridha Belhadj surtout en cette période de sauvetage. Si Ridha Belhadj reprend son travail au sein de Nidaa Tounes, il sera amené à faire face à un grand ultimatum: convaincre ceux qui ont gelé leur adhésion de revenir sur leur décision, rassembler les rangs de ceux qui sont restés au mouvement autour d'un objectif clair loin de toute volonté de mener une guerre de positionnement et éloigner Hafedh Caïd Essebsi du devant de la scène afin que les démissionnaires puissent revenir sur leur départ. Du temps où il était uni et solide, Nidaa Tounes n'avait pour concurrent à craindre que le mouvement islamiste d'Ennahdha. Aujourd'hui qu'il est affaibli et divisé, Nidaa Tounes doit se soucier de la concurrence d'Ennahdha, d'Al Moubadara et des deux initiatives qui seront bientôt annoncées par Mehdi Jomaâ et par Mondher Znaïdi, séparément. Le parti que certains appelaient le parti miracle doit retrouver rapidement sa vigueur alors que les élections municipales approchent à grands pas.