Mercredi 6 février 2013, huit heures du matin, la nouvelle est tombée dans une confusion totale: un coup de téléphone, passé en direct sur l'une des radios, de la part de Basma Khalfaoui, qui criait que son mari, Chokri Belaïd, a reçu une balle en pleine tête et qu'il y a succombé... Depuis, le 6 février est devenu une date symbole pour la Tunisie. Une Tunisie qui a fini par céder à la violence au lendemain d'une révolution pacifique. Le pays s'est retrouvé dans un état de choc et de paralysie. Cet assassinat a marqué une tournure pour un pays qui a su faire face, durant toute son histoire, à la violence et aux assassinats. Chokri a été abattu laissant ainsi Belaïd devenir le symbole de toute une génération qui se cherche... Le 8 février 2013, plus d'un million de Tunisiens ont parcouru les rues de Tunis, rendant ainsi hommage à l'homme assassiné par ceux qui n'ont que de la haine à revendre. Le 19 février, Hamadi Jebali a annoncé sa démission du poste de chef du gouvernement après que son mouvement, Ennahdha, l'ait lâché dans sa tentative de créer un gouvernement de technocrates. Aujourd'hui, nous commémorons la troisième année de la disparition de Chokri Belaïd, le secrétaire-général du Parti des patriotes démocratiques unifiés et l'un des principaux fondateurs de la coalition de la Gauche, le Front populaire. Trois ans après, et en dépit de quelques arrestations et de deux séances de procès, la famille de Belaïd continue à dire que les vrais assassins courent toujours. Une fois le problème au niveau du ministère de l'Intérieur dépassé, la famille et le comité de défense ne cessent de dénoncer des complications et des dépassements de la part du ministère de la Justice et, surtout, de la part du juge d'instruction chargé de l'affaire. Lors de la dernière élection présidentielle, Basma Khalfaoui avait affiché, publiquement, son soutien à la candidature de Béji Caïd Essebsi à la Présidentielle après que ce dernier ait promis de dévoiler toute la vérité sur l'affaire. Mais une année plus tard, le président de la République a avoué, implicitement, son échec. Chokri Belaïd disait toujours qu'il ne faut jamais s'avouer vaincu et que toutes les batailles vaillent la peine d'être défendues jusqu'au dernier souffle. La vérité sur cette affaire risque de tarder à apparaître mais tant qu'elle est défendue par des personnes qui y croient, elle finira, un jour ou l'autre, par être dévoilée au grand public et tous ceux qui y sont impliqués finiront par en assumer la responsabilité. Entretemps, ce qui nous reste comme consolation, c'est que Chokri Belaïd n'a jamais été plus vivant qu'il ne l'est aujourd'hui.