La Fédération générale du textile-habillement et des chaussures rattachée à l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, hier, avoir déposé un préavis de grève pour le 25 février en signe de protestation contre le retrait de la loi de finances 2016 d'une disposition qui prévoyait l'exonération la tranche de revenus annuels de 0 à 5.000 dinars de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) à partir du 1er janvier 2016. «Nous appelons le ministère des Finances à remédier à ce problème en publiant une circulaire autorisant de façon exceptionnelle l'exonération des personnes ayant un revenu annuel de 5.000 dinars de l'impôt sur le revenu. A défaut, nous serons obligés d'observer une grève générale dans toutes les entreprises opérant dans le secteur du textile-habillement et des cuirs et chaussures le 25 février», a précisé la Fédération dans son préavis de grève. La menace de grève brandie par la Fédération générale du textile-habillement et des chaussures survient après l'annonce par le gouvernement du report de l'exonération d'impôt des couches socio-professionnelles à faibles revenus au 1er janvier 2017. Pour justifier ce report, l'exécutif avait invoqué la conjoncture économique difficile ainsi que l'impact de l'exonération sur les équilibres généraux du budget de l'Etat. Le débrayage prévu risque d'aggraver les difficultés que connaissent les entreprises actives dans le secteur du textile-habillement. La Fédération nationale du textile (FENATEX) relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) a d'ailleurs tiré vendredi dernier la sonnette d'alarme sur la lente agonie de ce secteur qui était naguère un fleuron de l'industrie tunisienne. « Depuis 2011, année de la révolution, 300 usines dont plusieurs à capitaux étrangers, ont fermé. Les recettes d'exportation du secteur ont baissé de 12% en 2014 et de 7% en 2015. Les sociétés ont perdu plus de 30% de leurs chiffres d'affaires et ont été contraintes de supprimer 40.000 postes d'emploi», a souligné le président de la FENATEX, Belhassen Ghrab, lors d'une conférence de presse. M. Ghrab a attribué la mauvaise passe que traverse le secteur, qui comptait il y a seulement une dizaine d'années 1822 entreprises employant 200.000 personnes, à la multiplication des grèves et des sit-in depuis la révolution. Selon lui, ces mouvements sociaux ont poussé plusieurs opérateurs étrangers à quitter le marché tunisien et découragé d'autres à s'y implanter. Au-delà des facteurs liés à l'agitation sociale et à la baisse de la qualité des services administratifs et logistiques, l'industrie du textile-habillement a vu au fil des années ses principaux avantages compétitifs s'amenuiser. Les donneurs d'ordre européens ont en effet relégué la proximité, la qualité et la réactivité, domaines où les industriels tunisiennes sont des champions incontestés, au second plan pour s'approvisionner auprès des pays où les coûts de production sont les moins chers. En Chine, en Inde ou encore en Ethiopie, les salaires sont en effet deux à trois moins élevés que ceux pratiqués en Tunisie. Les industriels tunisiens n'ont pas, par ailleurs, réussi à faire une transition vers le produit fini ou à exploiter certaines niches comme le textile technique qui désigne des fibres des caractéristiques spécifiques (inflammable, isolants, électro-conductifs, etc.) et qui sont utilisées dans les domaines de la médecine, de l'aéronautique, du sport ou encore de la projection des travailleurs dans les mines.