L'artiste, universitaire et femme de théâtre Houda Ben Amor a donné un show – happening, le 8 mars à El Madrassa Slimanya. C'est un mini spectacle qui a réuni entre plusieurs expressions artistiques, à savoir la musique, la poésie, le chant et le théâtre. Le spectacle chante la femme, ses vertus, son génie, ses spécificités, mais aussi, traite son statut au sein de la société tunisienne, régie encore par l'homme. C'est une question sur la présence réelle de la femme dans le paysage social, dans son rapport avec l'autre. L'artiste Houda Ben Amor s'interroge au fait si cette société n'est pas encore masculine par excellence, malgré les soi-disant droits acquis par la femme, malgré le Code du Statut Personnel imposé par le leader Habib Bourguiba . A-t-elle eu réellement une autonomie, une indépendance et surtout du respect dans la vie quotidienne, c'est-à-dire à l'extérieur, dans la rue, où la femme se confronte tout directement à l'homme? Bien que l'émancipation féminine soit assurée officiellement par la Constitution et par le Code du statut personnel depuis les années 50, la femme se plaint du comportement de l'homme et de la société masculine en général. En effet, il ne s'agit pas d'imposer des règles pour garantir sa liberté, mais plutôt de travailler la mentalité sociale et l'esprit rétrograde des hommes par leur complexe de virilité. La femme est encore prisonnière des structures mentales arriérées voire figées. Le spectacle rappelle que nous sommes dans le pays de la Kehena, de Aziza Othmena, de maintes noms de femmes qui ont participé dans la construction de ce pays, de son histoire et de sa culture, mais hélas, le regard de l'homme au quotidien n'a pas changé à l'égard de la femme. Houda Ben Amor a montré que la femme qui se permet un certain comportement libéral, elle est traitée de femme libertine, légère et mal vue. Qu'elle soit femme ordinaire ou intellectuelle, elle est considérée un être fragile et inférieur, qui doit absolument sa raison d'être à l'homme. C'est un appel à raser les racines de cette mentalité arriérée, de cet esprit rétrograde et ignorant. C'est un appel à exiger le respect à la femme avant tout car l'émancipation féminine n'est pas une question formelle ou un ornement de vitrine pour se vanter parmi les autres que nous sommes un pays développé par le statut de la femme, mais plutôt créer l'atmosphère et les conditions favorables pour le bien être de la femme aussi bien sur les plans théorique et pratique. Certainement l'artiste Houda Ben Amor a eu recours à une juxtaposition de plusieurs expressivités artistiques dans l'approche du sujet de la femme, pour dire qu'avec l'art, et la culture, avec le théâtre, la musique et la poésie, nous parviendrons à embellir l'avenir de la femme et à adoucir le regard masculin rude.