Les dissensions se suivent et se rassemblent dans les rangs des principaux partis politiques. Après l'ahurissante empoignade qui a secoué Nidaâ Tounes et abouti au naufrage de cette «arche de Noé» construite en juin 2012 par Béji Caïd Essebsi dans l'intention de sauver le pays du déluge qui était sur le point d'advenir, un craquement non moins spectaculaire vient de secouer le Congrès de la République (CPR). Cette formation fondée en 2001 par Moncef Marzouki s'est officiellement désintégré de l'intérieur durant le week-end dernier. La réunion du conseil national extraordinaire du CPR tenue les 26 et 27 mars à Sousse a en effet marqué l'implosion définitive du parti. La faction qui refuse la fusion avec le nouveau parti de Moncef Marzouki, Hrak Tounes Al Irada (Mouvement Tunisie Volonté), a annoncé hier que le conseil national, qui s'est tenu à la demande du tiers de ses adhérents et en application de l'article 32 du règlement intérieur, a décidé de retirer sa confiance au secrétaire général du CPR, Imed Daïmi et à douze membres du bureau politique du parti. Ces derniers sont Adnane Mansar, Tarak Kahlaoui, Slim Ben Hamidane, Béchir Nefzi, Omar Chétoui, Khaled Taraouli, Abdessalem Chaâbane, Mabrouk Harizi, Ibrahim Ben Said, Sabri Dekhil, Ikbal Msaddaa et Noura Ben Hsan. Le conseil a aussi décidé de former un nouveau comité politique du parti présidé par Samir Ben Amor et de tenir un congrès national le 25 juillet prochain. Il a aussi considéré les décisions prises par le conseil national exceptionnel du 13 février, dont notamment la fusion avec le Mouvement Tunisie Volonté, comme étant nulles et non avenues. Les participants au conseil national, ont par ailleurs, appelé les députés qui ont été élus sous les couleurs du CPR avant de rejoindre le mouvement de Marzouki à démissionner de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) en vue de leur remplacement par les membres qui les talonnent sur les listes électorales pour les législatives de 2014. Réagissant à ces décisions, les fidèles de Marzouki ont estimé, dans un communiqué portant le logo du CPR et signé par le secrétaire général Imed Daïmi, que «la réunion du soi-disant conseil national tenue à Sousse était illégale». Ce même communiqué précise que le camp adverse n'appartient plus au CPR puisqu'il s'agit de personnes qui sont démissionnaires depuis plusieurs années en plus d'une minorité de députés n'ayant pas accepté les décisions de la majorité. Le camp favorable à la fusion avec le nouveau parti de Marzouki est même allé jusqu'à accuser les participants aux travaux du conseil national de Sousse d'«usurpateurs de qualité» et menacé de porter l'affaire devant les tribunaux. Au sein du CPR, la guerre fratricide remonte à février 2016 quand l'ex-président de la République Moncef Marzouki avait annoncé que le CPR allait fusionner avec son nouveau parti. Cette annonce n'a pas été du goût de plusieurs dirigeants du CPR qui ont qualifié la fusion programmé de «hold-up » sur le parti arrivé au deuxième rang derrière le mouvement Ennahdha lors des législatives de 2011. Ces dirigeants parmi lesquels figurent Abdelwaheb Maâter et Samir Ben Amor ont intenté une action en justice et obtenu gain de cause. Le tribunal a motivé son jugement par le fait que le projet de fusion constitue une violation flagrante du règlement intérieur du CPR.