Dans son livre «Mes conseils pour réussir», l'ancien patron du groupe américain General Electric, Jack Welch, surnommé le manager du siècle par le magazine Fortune, introduit la différenciation entre individus et montre comment elle est essentielle pour l'expansion et la pérennité d'une entreprise. La différenciation de Jack Welch consiste à diviser le personnel de l'entreprise en 3 catégories selon leurs performances: « les 20% supérieurs, les 70% du milieu et les 10% les moins bons ». Les dirigeants doivent, ensuite, agir « et c'est la clef »: récompenser les 20% meilleurs pour les conserver et les motiver davantage. Cette récompense doit s'adresser « tant à leur porte-monnaie qu'à leur âme». Les 70% du milieu, qui regroupe la majorité des salariés et sont considérés par J.W comme très précieux, les dirigeants doivent prendre des décisions rationnelles pour les aider à s'améliorer d'où J.W pense qu'il faut « entretenir l'engagement et la motivation des 70% au milieu ». Quant aux 10% les moins performants, ils devront partir. Cela peut sembler atroce et cruel mais dans le long terme c'est aussi bénéfique pour le personnel lui-même. En effet, garder un personnel qui n'est pas vraiment à sa place est injuste car si une crise éclate, « les ‘gentils' médiocres sont presque toujours les premiers à prendre la porte ». C'est plus horrible lorsque ces derniers s'approchent de la cinquantaine et la soixantaine à un âge où il est très difficile de recommencer. Ce modèle peut-il être appliqué en Tunisie? La Tunisie affronte une récession durable, Il ne faut pas être un mage pour le deviner, le Tunisien n'est pas motivé à produire. L'absence d'un stimulus peut être à l'origine de ce problème. La différenciation n'est pas seulement une méthode d'évaluation mais aussi de motivation, elle permet de garder les plus engagés et de renvoyer les moins performants. Personne ne veut appartenir à la catégorie des 10% du bas et par conséquent, le personnel serait plus motivé à travailler. Nombreux sont les gens qui refusent la différenciation pour la simple excuse que celle-ci ne peut pas être acceptée par la culture du pays , on peut même prendre l'exemple le plus proche de la réalité tunisienne en l'occurrence celui des syndicats du travail tunisiens trop attachés au principe d'égalité. Welch réfute ces prétextes. Selon lui, «tous ces discours sur les différences culturelles ne sont que des excuses boiteuses». Il montre, dans son livre, que même le pays le plus attaché à ses valeurs sociales et à sa culture, à savoir le Japon, a réussi à appliquer la différenciation. En effet, General Electric cherche à favoriser la différenciation partout, même dans sa filiale en Tunisie. Le problème le plus grave qui peut se poser en Tunisie est le favoritisme et c'est le cas pour la majorité des entreprises tunisiennes qui souffrent de ce phénomène. Pour cela, J.W insiste sur la mise en place d'un système d'évaluation crédible et qui n'est pas «dénaturée par le copinage et le favoritisme». C'est «un système d'évaluation honnête et précis qui définit clairement les objectifs et les temps impartis ainsi que par une grille d'appréciation cohérente». Pour conclure, la différenciation peut être la solution pour sortir de la récession durable de notre pays, si elle est appliquée selon les recommandations de Jack Welch. Rim Zakraoui