Plusieurs partenaires autour de l'ambassade de Pologne en Tunisie et de la Fédération tunisienne des ciné-clubs viennent d'associer leurs efforts pour organiser un brillant hommage au cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski. Entre Tunis et Monastir, quatre des œuvres maitresses de l'auteur de "La double vie de Véronique" sont actuellement sur les écrans. Pour les cinéphiles, Kieslowski a les dimensions d'un mythe et l'aura d'un être sanctifié par un septième art auquel il aura donné l'essentiel de son existence. Issu de la grande école cinématographique de Lodz, Kieslowski est aussi bien scénariste que réalisateur et ses œuvres se comptent par dizaines. Né à Varsovie où il est mort prématurément à l'âge de 55 ans, ce cinéaste avait laissé une dernière trace en entamant deux trilogies, l'une achevée, sous le titre "Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge" et l'autre demeurée inachevée et dans laquelle il s'attaquait à un triangle aussi céleste qu'abyssal sous le titre "Ciel, enfer, purgatoire". De son vivant, Kieslowski n'avait pu mener à bien ce dernier projet. D'autres s'attaqueront à ce pan virtuel de son œuvre et parviendront à l'adapter selon des canons que n'aurait pas rejeté le maître polonais. Celui qui avait fait ses débuts dans le documentaire puis était parvenu à acquérir une autonomie relative sous le régime communiste était de fait un homme qui aimait ces longues séries cinématographiques où les films s'égrènent et s'emboitent. D'ailleurs, Kieslowski a un nom qui se confond littéralement avec un film de dix épisodes, le fameux Décalogue qui fut son œuvre maitresse. On se souvient que son film "Tu ne tueras point", premier opus de cette série, avait remporté le prix du jury au Festival de Cannes. Quatre films et des débats Tout au long de sa prolifique production, Kieslowski aura semé des dizaines d'œuvres vibrantes, sensuelles, mystérieuses qui font de lui, l'un des grands de l'Ecole de Lodz et du cinéma polonais. Il est heureux que l'ambassade de Pologne en Tunisie ait pu obtenir quatre des films de ce grand réalisateur afin de retremper les cinéphiles tunisiens dans son oeuvre un peu oubliée depuis sa mort, il y a maintenant vingt ans. En partenariat avec la Fédération tunisienne des ciné-clubs, cette rétrospective a donc vu le jour et se déroule depuis le 7 mai pour se poursuivre jusqu'au 28 mai à Tunis et Monastir. Pour le succès de cette manifestation, la Délégation culturelle de Monastir et l'Institut français ont également apporté leur contribution. Les projections de quatre films se poursuivent à la salle du Quatrième Art à Tunis et au complexe culturel de Monastir. Les films au programme sont représentatifs de plusieurs époques de la production de Kieslowski avec par exemple "L'Amateur" (1979) ou "Sans fin" (1985) qui font figure d'œuvres mineures lorsqu'on les confronte au succès de "Une brève histoire d'amour" (1988) et "La double vie de Véronique" (1991). A noter pour les amateurs que le film "Une brève histoire d'amour" est le sixième opus de la série du Décalogue qui reste l'œuvre mythique de Kieslowski. A noter aussi la présence en Tunisie du critique polonais Bartlomiej Woznica qui rencontrera le public à deux reprises les 21 et 22 mai à Tunis et Monastir, autour de l'œuvre de Kieslowski.